Incendies: toute la ville de Fort McMurray évacuée

Un immense incendie de forêt qui brûle près de Fort McMurray, dans le nord de l’Alberta, a détruit 80 pour cent des maisons dans un quartier et causé de lourds dégâts dans plusieurs autres.

La seule autoroute en direction sud en partance de la ville était jonchée de voitures immobilisées sur l’accotement et dans les fossés. Des policiers y transportaient des bidons d’essence pour aider les automobilistes en panne et les quelques communautés le long de l’autoroute étaient aux prises avec des problèmes de congestion routière.

«Il y a beaucoup de véhicules sur le bord de la route», a déclaré le sergent de la GRC John Spaans, posté à Boyle, une petite ville située aux deux tiers du chemin séparant la ville en flammes d’Edmonton.

«Il est difficile de dire si ces gens ont eu un bris mécanique, manqué d’essence ou se sont simplement stationnés pour camper dans leur voiture, mais il y a beaucoup de véhicules dans les fossés, sur le terre-plein et sur l’accotement. L’autoroute 63 en est remplie.»

La municipalité régionale de Wood Buffalo a annoncé au cours des dernières heures que le quartier de Beacon Hill, dans le sud de la ville, avait été le plus fortement endommagé par les flammes qui ont envahi Fort McMurray mardi après-midi, forçant l’évacuation de la totalité des 80 000 habitants.

Une dizaine de maisons mobiles ont été détruites dans le quartier de Timberlea, et on fait état de dégâts importants dans les banlieues d’Abasand et de Waterways.

Des maisons ont aussi été rasées au sol dans quatre autres quartiers, mais on ne rapporte pour le moment aucune victime.

Bernie Schmitte, un représentant de la gestion des incendies, a expliqué tard mardi lors d’une conférence téléphonique avec les journalistes que le pire de l’incendie n’était pas encore passé, puisque du temps chaud, une humidité faible et des vents puissants sont prévus pour mercredi.

Les pompiers tentent de protéger les principales infrastructures de la ville, y compris l’autoroute 63 et le seul pont qui enjambe la rivière Athabasca.

Le chef des pompiers, Darby Allen, a demandé l’aide de l’armée et des renforts militaires sont attendus d’ici quelques jours.

D’importants embouteillages se sont formés près des communautés de Wandering River et Grasslands, deux des premières villes le long de l’autoroute au sud de Fort McMurray. La municipalité conseille aux automobilistes en panne d’essence de rester sur place.

«La police patrouillera l'(autoroute) avec des bidons d’essence», a indiqué la municipalité sur Twitter.

Le ministère albertain des Transports s’est aussi tourné vers les réseaux sociaux pour annoncer qu’il escortait un camion-citerne rempli d’essence sur l’autoroute 63 pour aider les automobilistes en panne.

La première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, a indiqué que la province faisait tout en son pouvoir pour assurer la sécurité de ses citoyens. Elle a dit envisager la possibilité de transporter par avion les résidants qui éprouveraient des problèmes de santé. Elle a incité les habitants à suivre les instructions des autorités en évacuant leurs maisons.

Le chef de l’Opposition en Alberta, Brian Jean, a affirmé en entrevue à La Presse Canadienne que la plupart du centre-ville était en train d’être détruit par les flammes. La maison que M. Jean habitait depuis dix ans a été détruite et il croit que la maison de son enfance l’a probablement aussi été.

Le premier ministre Justin Trudeau a écrit sur Twitter, tard mardi soir, qu’il avait discuté avec la première ministre Notley et lui avait offert le soutien de son gouvernement.

Dans un communiqué diffusé mercredi, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, affirme que le gouvernement fédéral était prêt à venir en aide à la province.

«Je surveille le feu de friches qui fait rage à Fort McMurray avec une grande inquiétude et mes pensées accompagnent tous les résidents évacués de leurs domiciles», dit-il.

Le ministre de la défense Harjit Sajjan, dans le cadre d’un appel téléphonique depuis l’Allemagne, tôt mercredi, a confirmé qu’une demande d’assistance formelle du gouvernement de l’Alberta avait été reçue.

La Défense nationale s’attarde maintenant à déterminer quelle forme cette aide prendra — du moins du point de vue militaire — et s’attend à recevoir les informations de la part des services d’urgence de la province relativement au type d’équipements et de personnel requis.

«Nous mettons toutes nos ressources à leur disposition, a indiqué le ministre. Tout ce que la province et le centre des opérations d’urgence jugent nécessaires, comme je l’ai dit au ministre Goodale, toutes les ressources des Forces armées canadiennes seront mises à leur disposition.»

Les équipes d’incendie semblaient avoir fait des progrès pour maîtriser l’incendie, qui a pris naissance la fin de semaine dernière, mais les perspectives se sont assombries rapidement, mardi. En après-midi, les résidants de trois quartiers avaient dû quitter immédiatement leurs résidences.

Le temps chaud et sec a transformé la forêt boréale en véritable poudrière. Le degré de danger des incendies de forêt pour les zones boisées de l’Alberta et de la Saskatchewan voisine va de «élevé» à «extrême».

Le gouvernement albertain a interdit tous les feux en plein air — sauf dans les zones réservées des campings — en raison de la menace. Environ 30 incendies brûlaient dans la province.

L’Alberta prévoyait envoyer plus de renforts à Fort McMurray, dont 100 pompiers supplémentaires et un hélicoptère géant qui peut larguer plus de 2000 litres d’eau à la fois.

Les équipes d’incendies s’affairaient à couper une série d’arbres sur le chemin du brasier. Des avions laissaient tomber des produits ignifuges alors que d’autres arrosaient d’eau la zone touchée.

Fort McMurray est la capitale des sables bitumineux de l’Alberta. Elle compte une population de 61 000 habitants, selon le recensement de 2011.

Les autorités surveillaient attentivement la situation en Saskatchewan, où une douzaine d’incendies étaient actifs dans des régions éloignées.

L’année dernière, les incendies de forêt en Saskatchewan avaient forcé l’évacuation de 13 000 résidants et ravagé 17 000 kilomètres carrés de la forêt.