La Coopérative d’abattage du Québec est fondée

Après une démarche de promotion échelonnée sur près d’un an, le projet de coopérative provinciale d’abattage de bovins s’est finalement concrétisé au cours des dernières semaines, grâce entre autres aux efforts de deux producteurs locaux : Jean-François Dion et Bertrand Gagné.

Rappelons que l’idée de lancer ce projet de coopérative est venue de trois Beaucerons en janvier dernier à la suite de l’identification d’un besoin par plusieurs producteurs québécois, à savoir la nécessité de doter le Québec d’une entreprise d’abattage de bovins. Il n’existe effectivement plus aucun abattoir de moyenne ou grande taille dans l’est du Canada depuis la fermeture de Levinoff Colbex en mai 2012.

« Lorsque cette entreprise située à Saint-Cyrille-de-Wendover dans le Centre-du-Québec a fermé ses portes pour cause de faillite, l’industrie d’abattage de bovins a presque entièrement été transférée à l’extérieur de la province », affirmaient Jean-François Dion et Bertrand Gagné lors d’un premier entretien en juillet dernier.

Selon eux, 80 % des bêtes québécoises sont maintenant abattues hors Québec, comme en Ontario et en Pennsylvanie, ce qui constitue des pertes économiques majeures pour les producteurs, mais aussi pour l’économie québécoise. Plus encore, ils soutiennent que la majorité de la viande bovine consommée au Québec proviendrait d’aussi loin que d’en Uruguay en Amérique latine.

Le projet d’abattoir est maintenant sur pied sous le nom temporaire de Coopérative d’abattage du Québec. Elle compte présentement 460 producteurs membres de partout en province, dont environ 150 proviennent de la région Beauce-Appalaches. La mise en opération est prévue pour le mois de février.

 

Des objectifs revus à la baisse

L’objectif initial du comité provisoire, formé en avril, était de rassembler 2 000 membres au cours de l’automne pour permettre le démarrage. Après avoir rencontré certaines difficultés dans le recrutement durant l’été, les administrateurs ont finalement choisi d’abaisser la masse critique à 500.

La période de recrutement est donc toujours en cours. De nouveaux producteurs sont d’ailleurs approchés régulièrement. De plus, quelques individus de la région ont été sollicités, mais ne se sont pas encore prononcés. « On sera probablement en recrutement pour les deux prochaines années », ont indiqué les deux hommes au cours d’une deuxième entrevue afin de répandre cette importante nouvelle agroéconomique. La cible n’est pas excessivement ambitieuse puisque l’on recense environ 10 000 producteurs de bovins en province.

D’autre part, le montant de capital à amasser avant d’effectuer le lancement avait d’abord été établi à 14 M$. Ce chiffre a lui aussi été revu à la baisse pour être fixé à 4 M$. La somme pourra être atteinte seulement si 500 producteurs deviennent membres en déboursant une part sociale de 1 000 $ en plus d’une contribution supplémentaire de 4 000 $.

En ce qui concerne le débit d’abattage, le comité désirait au départ atteindre la barre des 1 200 têtes par semaine. Ce chiffre a cependant été réduit à 625. C’est d’abord le marché canadien qui est visé par l’entreprise, mais le regroupement ne met pas de côté la possibilité d’exporter aux États-Unis et même outre-mer. Mentionnons à ce sujet que le commerce de la viande bovine est inclus dans le traité de libre-échange avec l’Union européenne.

 

Aide gouvernementale essentielle

La coopérative pourra utiliser les installations de Levinoff Colbex grâce à la collaboration financière d’Investissement Québec. L’organisation doit cependant assumer les coûts d’entretien qui s’élèvent à 25 000 $ par mois. Le but est bien sûr de racheter l’immeuble au coût d’environ 1 M$.

« Il est impératif que notre objectif de membership soit atteint bientôt, sinon on devra tout abandonner. On ne peut pas se permettre de perdre cette entreprise. Les équipements, les gestionnaires et les travailleurs sont disponibles. Le momentum est là. C’est maintenant ou jamais », insistent les deux promoteurs. Si le gouvernement n’était pas intervenu, l’abattoir serait probablement déjà rasé à cette heure.

« L’entrée en fonction se fera en février, si tout fonctionne comme prévu. Lorsque l’organisation sera en marche, ce sera plus facile de mobiliser les producteurs », estiment-ils. Certains aspects restent encore à traiter, par exemple les conventions de mise en marché et le contrat de distribution. « Il reste donc beaucoup de travail à accomplir et le temps presse », concluent les deux agriculteurs.

Pour obtenir plus de renseignements, visitez la page Facebook « Coopérative d’abattage du Québec », contactez Jean-François Dion à dionlemay@gmail.com ou au 418-453-2008 ou Bertrand Gagné à fermekobert@hotmail.com ou au 418-424-3387. De plus, vous pouvez toujours lire le premier article rédigé sur le projet de coopérative, « Des producteurs bovins d’ici se mobilisent ».