La santé du Grand lac Saint-François préoccupe l’association des riverains

Le nouveau président de l’Association des riverains du Grand lac Saint-François, Michel Fournier, croit que des actions importantes devront être prises en 2022 pour assurer la santé du lac. Selon lui, le principe de précaution doit absolument guider les choix de tous les décideurs.

La présence d’espèces exotiques envahissantes dans plusieurs plans d’eau de la région préoccupe de plus en plus. « À l’heure actuelle, nous n’en avons pas, mais nous avons trouvé des restants de plantes. Nous ne croyons pas qu’elles sont originaires de notre lac, toutefois, nous devons le protéger parce qu’il y en a trop autour de nous », a mentionné M. Fournier au Courrier Frontenac.

Il a ajouté que depuis le début de la pandémie, le nombre de bateaux au Grand lac Saint-François est incroyable. « Il faut que les gens lavent leur embarcation. Il y a une station à Lambton, mais il en faudrait une autre dans le secteur du chemin du Barrage. Je pense que nous sommes rendus à une autre étape que de seulement sensibiliser les plaisanciers. Nous devons agir pour empêcher l’envahissement des fonds du lac dans les baies les plus profondes. »

M. Fournier est toutefois conscient qu’un changement dans les façons de faire peut provoquer des réticences. « Les plaisanciers vont trouver cela difficile au début puisqu’ils mettaient leur embarcation à l’eau n’importe où et n’importe comment. Ce beau temps-là achève. Il s’agit d’un défi pour nous de rallier toutes les municipalités d’agir en même temps et de prendre les mêmes précautions, même si elles sont sensibilisées à la problématique depuis quelques années. »

La présence du Roseau commun que l’on retrouve le long des rives, principalement dans le secteur du parc national de Frontenac, inquiète également l’association, tout comme la Moule zébrée qui n’a pas été aperçue, mais dont il faut surveiller de près.

Cyanobactéries

D’après le président de l’association des riverains, des mesures sont à prendre afin de limiter la prolifération des cyanobactéries, aussi connues sous le nom d’algues bleu vert.

« Il va falloir qu’il y ait de l’éducation entourant les produits contenant du phosphore. Les riverains doivent arrêter d’épandre de l’engrais sur leur terrain parce que cela s’en va directement dans les lacs et favorise l’éclosion de cyanobactéries. Nous en avons de plus en plus tôt l’été. C’est dangereux pour la santé animale et pour les plaisanciers. On dirait que c’est un problème dont plusieurs ont oublié l’existence », a déploré M. Fournier.

À son avis, la mise en place d’un règlement municipal en ce sens serait utile. « C’est un problème qui est facile à régler et qui ne demande pas d’argent à investir. Il y a juste de l’éducation à faire. Nous pourrions demander qu’une réglementation existe pour l’interdire tout simplement. Nous sommes conscients que cela va froisser des gens parce que certains aiment avoir une pelouse verte et n’endurent pas les pissenlits, mais il faudra agir là-dessus d’ici deux ans, le temps de convaincre tout le monde. »

Il souligne que quelques municipalités interdisent déjà l’épandage d’engrais au bord du lac Mégantic. « Cependant, ça ne va pas plus loin que la première rangée. Je pense qu’il faudra dépasser cela. »

Population de dorés

Michel Fournier de Lambton assure la présidence de l’Association des riverains du Grand lac Saint-François. (Photo gracieuseté)

La diminution alarmante de la population de dorés inquiète l’association des riverains. Une meilleure protection de la frayère de la rivière Felton doit être assurée.

« Depuis 1990, le doré est une espèce qui est rare. Cela coïncide avec la mise en place, quelques années auparavant, d’installations pour traiter les eaux dans certaines municipalités situées sur le bord du lac. Nous avons mandaté un biologiste qui doit nous écrire un rapport afin de pouvoir relancer ce dossier. »

M. Fournier a indiqué que de l’ensemencement dans la rivière Felton a été fait afin d’encourager la fraie du doré, mais sans véritable résultat. Son conseil d’administration entend proposer sa collaboration à l’association des pêcheurs dans la poursuite de solutions.

Rivière Sauvage

La hausse d’achalandage à prévoir sur la rivière Sauvage, en raison de la construction du nouveau pont à Lambton (en remplacement du pont de Fer), préoccupe l’association sur le plan de la sécurité.

« Nous avions avant un pont très bas au niveau du lac et il bloquait énormément de bateaux. Nous en avons maintenant un beau qui est très haut et il y aura énormément de navigation sur la rivière. La limite de vitesse permise dans la première partie est fixée à 40 km/h et à 25 km/h dans la deuxième lorsque l’on remonte vers le parc national de Frontenac. »

À son avis, le fait que toutes les activités nautiques soient actuellement permises en fera un secteur dangereux si la réglementation n’est pas modifiée. « La navigation sera difficile pour ceux qui font du kayak, et ce, même s’il y a une zone pour les protéger. La présence d’un nombre élevé de bateaux nous préoccupe. Par contre, c’est Transports Canada qui s’occupe de cela. Des consultations seraient à prévoir au cours des prochains mois. Je crois que si nous voulons que quelque chose soit fait, cela doit avoir lieu cet été pour une mise en application en 2023. Nous agirons dans ce dossier comme partenaire », a-t-il conclu.

Notons que l’Association des riverains du Grand lac Saint-François regroupe des représentants des associations du chemin du Barrage (Coleraine), du chemin des Cerfs (Adstock) et du secteur sud (Lambton, Saint-Romain et Sainte-Praxède).