L’aboutissement de plusieurs années de démarches

Le vice-président de la Chambre de commerce et d’industrie de Thetford Mines et directeur général du Chemin de fer Sartigan, Stéphan Vachon, s’est réjoui que les travaux visant la réhabilitation du réseau ferroviaire Québec Central entre Vallée-Jonction et Thetford Mines puissent commencer cet été.

Le gouvernement du Québec a confirmé en début de semaine un investissement de 106 millions $ pour la construction des ponts enjambant les rivières Chaudière et Morency à Vallée-Jonction et pour l’approvisionnement en rails.

« C’est une bonne nouvelle et un début. La construction des ponts est le premier morceau du casse-tête. Il fallait que les appels d’offres soient lancés pour réaliser le reste. Nous aurons une infrastructure qui manquait à la région. Les entreprises d’ici ont au moins un compétiteur aux États-Unis qui a déjà accès au train dans leur cour ou à des activités de transbordement multimodal dans leur municipalité. Dans un monde où l’on fait beaucoup d’exportation, avoir le service dans sa localité au lieu de parcourir 200 à 250 km pour transporter la marchandise à Montréal, c’est une amélioration nette », a mentionné M. Vachon au Courrier Frontenac.

Il s’est aussi dit satisfait que le ministère des Transports du Québec (MTQ), qui chapeaute le dossier, ait finalement accepté de réaliser l’ensemble du tronçon entre Vallée-Jonction et Thetford Mines en même temps. « Pour les appels d’offres, c’est plus simple de faire un grand tronçon. Ce n’est pas plus de travail et il va y avoir des économies puisque le gouvernement pourra obtenir un meilleur prix en raison du volume. C’est la même chose pour les autres équipements et le MTQ l’a bien vu. »

D’après M. Vachon, l’échéancier visant une mise en service en 2025 semble réaliste. « J’ai confiance qu’il sera respecté parce que ça fait longtemps que des gens travaillent sur ce projet. Les plans et devis pour beaucoup de choses sont déjà faits. Ils sont rendus à l’étape de réalisation. »

Plus de précisions sur le projet

Une fois la réhabilitation complétée, Chemin de fer Sartigan offrira le service de transport de marchandises aux entreprises de la région de Thetford comme il le fait déjà sur le territoire de la MRC de La Nouvelle-Beauce entre Vallée-Jonction et Charny. « L’étude de potentiel réalisée en 2017 prévoyait environ 1 million de tonnes de marchandises par année. Nous avons obtenu des lettres d’engagement de 17 entreprises. Plusieurs n’ont pas signé, alors il est possible que le nombre de clients soit plus élevé. »

Stéphan Vachon a précisé que le tronçon ferroviaire entre Vallée-Jonction et Thetford Mines sera comme une autoroute payante. « L’Amérique du Nord fait bande à part avec le reste de la planète dans le sens que notre réseau ferroviaire est presque entièrement privé. Le Canadian National (CN) construit et entretient ses rails avec ses revenus. Dans ce cas-ci, le chemin de fer Québec Central appartient à l’État québécois. Il fournit l’infrastructure, les entreprises qui veulent avoir le rail dans leur cour doivent payer pour l’installation d’un embranchement et pour obtenir le service, puis l’exploitant, Chemin de fer Sartigan, verse des redevances au gouvernement en fonction de la distance parcourue par wagon. »

Le train devrait parcourir le tronçon entre Vallée-Jonction et Thetford Mines une fois par jour, à raison de cinq à six fois par semaine. « Thetford Mines se trouve à la toute fin de la ligne. Nous aurons une locomotive de manœuvre pour la desserte locale. Nous la verrons se promener de gauche à droite. Nous circulerons entre le matin et le soir. Il n’y aura pas d’activité la nuit », a précisé M. Vachon.

Pour ce qui est de la vitesse, celle-ci sera réduite dans le périmètre urbain de Thetford Mines. « Nous pouvons nous rendre jusqu’à 40 miles à l’heure (64 km), mais en faisant de la desserte locale, ça ne sert à rien de nous dépêcher pour sauver quelques secondes entre deux arrêts chez des clients. Nous allons peut-être circuler à 25 miles à l’heure (40 km) », a-t-il dit.

Quant aux impacts sonores à prévoir, M. Vachon a expliqué que la loi oblige les compagnies ferroviaires à émettre quatre coups de sifflet à partir de 20 secondes avant d’arriver aux passages à niveau. « Les Villes peuvent toutefois demander qu’il y en ait des silencieux. Il y a des règlements dans la loi qui le prévoit avec des barrières. À Thetford Mines, les emprises sont larges et il n’y a pas beaucoup de monde qui vit près de la voie ferrée. Il y aurait peut-être ceux des rues Ste-Marthe et St-Alphonse. »

Questionné à ce sujet, le maire Marc-Alexandre Brousseau a répondu que le MTQ a déjà dit que des efforts seraient faits pour que certains aménagements soient apportés dans les périmètres urbains afin que ce soit silencieux. Il n’était toutefois pas en mesure de donner plus de précisions.

Par ailleurs, le MTQ prévoit tenir une séance d’information pour les travaux prévus dans la municipalité de Vallée-Jonction. Le maire Brousseau ignore pour le moment si une telle démarche est prévue à Thetford Mines, mais il croit que cela serait une bonne idée. « Le chambardement ici sera bien moindre qu’à Vallée-Jonction. Je pense que ce serait bien qu’il organise une rencontre parce qu’il y a quand même des gens qui demeurent sur le bord de la voie ferrée. La population voudra savoir ce qu’il se passe. Les préoccupations des citoyens peuvent être très bien répondues, de là l’importance de bien communiquer. »

La relationniste et porte-parole au MTQ Émilie Lord a fait savoir que d’autres séances d’information ou moyens de communication seront éventuellement déployés afin de rejoindre les citoyens concernés au fil de la progression des travaux et que le ministère avisera la population en temps et lieu.

Notons enfin que ce projet prévoit aussi l’implantation d’un centre de transbordement multimodal à Thetford Mines. On ignore pour le moment où il sera situé et quelle entreprise privée offrira le service.