L’ACEF-ABE souhaite une réforme de l’aide sociale

APPALACHES – La récente annonce de l’embauche d’une dizaine de nouveaux enquêteurs à l’aide sociale dont le rôle sera de « faire la chasse aux fraudeurs » fait sourciller l’Association coopérative d’économie familiale – Appalaches-Beauce-Etchemin (ACEF-ABE).

L’ACEF-ABE ne s’oppose évidemment pas à la lutte contre toute sorte de fraude, de corruption, d’évitement et d’évasion fiscale. Elle s’interroge plutôt sur les impacts psychologiques et sociaux de cet acharnement sur les plus pauvres et sur la pertinence d’investir des sommes afin de corriger des problèmes qui sont, avant tout, d’ordre structurel.

En effet, la sévérité de la loi et de ses règles d’application oblige la mise en place d’un système fort complexe pour valider la qualification ou non à ces mesures visant les plus démunis.

La Loi sur l’aide sociale est une loi désuète et imparfaite, soutient l’association. Elle maintient les gens dans ce qui est appelé la « Trappe de la pauvreté », qui les enferme dans une spirale de la pauvreté, de laquelle il est très difficile de sortir. De plus, elle est coûteuse à mettre en application.

Ce constat a été maintes fois démontré par de nombreux chercheurs et scientifiques, dont l’actuel ministre de l’Emploi et la Solidarité sociale, François Blais, durant sa carrière universitaire. L’aide sociale étant une aide de dernier recours, les personnes qui se retrouvent sans revenus doivent faire la démonstration qu’ils ont épuisé toutes les autres ressources à leur disposition.

« Chaque semaine, on reçoit à l’Acef des personnes complètement déroutées, angoissées, parce qu’elles sont accusées de fraude et risquent de se faire couper une partie de leur allocation mensuelle. Le plus souvent, cette “fraude” a trait des actes réalisés pour subvenir minimalement à leurs besoins de base, comme dans le cas d’un jeune homme qui a reçu une aide alimentaire de ses parents, ce qui est interdit quand on est à l’aide sociale », a expliqué Martin Cloutier, intervenant de l’ACEF

Pour l’ACEF, le nouveau gouvernement Couillard serait beaucoup mieux avisé de revoir au lieu d’investir dans des mesures d’inspections. Depuis de nombreuses années, plusieurs organisations demandent un changement dans la manière de traiter les programmes d’aides sociales, notamment par l’instauration d’un revenu minimum garanti, ce qui rendrait inutile la chasse aux fraudeurs.