Le bassin Vézina, un an après

L’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI) a assisté en visioconférence, le 5 décembre dernier, à la cinquième rencontre de concertation « Comité de pilotage – Plan de contrôle des sédiments amiantés du secteur minier de la Haute-Bécancour » présentée par le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC). 

Les participants ont appris le retrait de 822 m3 de résidus miniers amiantés (RMA) d’un bassin de rétention situé près de la mine Normandie dans la municipalité d’Irlande. Cela représente l’équivalent de 16 piscines hors terre de 24 pieds de diamètre.

Le bassin Vézina, qui permet de freiner le passage des résidus miniers vers la rivière Bécancour et ses lacs en aval, fait suite à une expertise professionnelle initiée par l’APLTI en 2018 par Miroslav Chum, ingénieur en hydrologie, dont l’objectif consistait à diminuer la charge sédimentaire dans la Bécancour. Nommé en l’honneur du président de l’association, il a été conçu par le GROBEC à l’automne 2021 dans le cadre du Plan de contrôle des sédiments amiantés du secteur minier de la Haute-Bécancour. Il a pour but d’identifier les moyens de retenir les résidus des haldes, qui, dû au ruissellement de l’eau de pluie et de la neige, s’érodent des sites miniers de la région de Thetford Mines vers des milieux naturels. 

Le bassin a été vidangé à deux reprises par la Société Asbestos ltée, propriétaire du bassin, soit une première fois en avril 2022 et une seconde en octobre dernier. Les sédiments ont été érodés par l’eau de pluie et de fonte des neiges sur une aire de drainage de 8,3 hectares. 

Le GROBEC estime que 99 m3 de résidus miniers fins par hectare sont érodés chaque année dans le secteur de Thetford Mines en raison des écoulements de surface. Cela représente environ 10 000 m3 de RMA pour les sites de la British Canadian #1 et de King Beaver, soit l’équivalent de 195 piscines hors terre de 24 pieds de diamètre qui se retrouvent dans la Bécancour en direction de l’étang Stater, ainsi que des lacs à la Truite, William et Joseph. La région compte plus d’une cinquantaine de haldes, dont une quinzaine étant instables ou très abruptes.

Les sédiments plus fins ainsi que les fibres d’amiante ne sont pas captés par le bassin. Toutefois, le bassin Vézina a deux objectifs soit d’être un banc d’essai et de capter un maximum de sédiments. Le GROBEC estime qu’il remplit ces rôles. Des améliorations devraient être apportées pour assurer son optimisation. Sans être l’ultime solution au retrait des fibres d’amiante, il permet de récupérer les sédiments grossiers et de faire diminuer le pH de l’eau.

Le rapport final de la plus importante étude paléolimnologique en Amérique du Nord initiée par l’APLTI en 2016, puis réalisée par les auteurs Olivier Jacques, doctorant, et Reinhard Pienitz, professeur de l’Université Laval, révèle que le taux d’accumulation linéaire des sédiments pour la période récente (2000-2017) est de 1,35 cm/an pour l’étang Stater et de 0,62 cm/an pour le lac à la Truite, comparativement à 0,10 cm/an pour le lac Joseph. 

Pour la période maximale des activités minières (~ 1945‒1980), le taux était de 1,37 cm/an pour l’étang Stater et de 0,89 cm/an pour le lac à la Truite, comparativement à 0,17 cm/an pour le lac Joseph. Durant la période coloniale (~ 1810‒1880), il était de 0,10 cm/an pour le lac à la Truite de 0,03 cm/an pour l’étang Stater et de 0,09 cm/an pour le lac Joseph. 

Par de tels résultats, l’APLTI est convaincue que la rivière Bécancour est un passif minier et aurait dû être incluse dans le plan d’action gouvernemental 2022-2025 entourant l’amiante et les résidus miniers amiantés.