L’histoire de la vie de Pierre Séguin et Sonia Mondor

SAINT-FERDINAND. «Les Jardins de vos rêves, c’est l’histoire d’une vie», a lancé Pierre Séguin en contemplant ce havre de paix situé autour de sa maison, qu’il a façonné de ses propres mains pendant 40 ans avec celles de sa conjointe, Sonia Mondor.

Au départ, ces complices travaillaient dans des domaines complètement différents. Elle pratiquait l’inhalothérapie. Lui, de son côté, œuvrait à l’École des Beaux-Arts. Pierre a ensuite œuvré un an à titre de jardinier pour le Jardin botanique de Montréal, en plus de travailler, avec Sonia, comme paysagistes.

La passion de l’horticulture grandissait en eux et c’est en 1975, alors tous deux âgés de 25 ans, qu’ils sont tombés amoureux d’un petit bout de terre à Saint-Ferdinand. Celui-ci allait devenir le centre de leur univers.

«Nous étions excités d’arriver à la campagne et de vivre de l’horticulture. L’idée de gagner notre vie de cette façon était ce que nous voulions», a souligné Sonia.

Les terres de cinq acres sur le Rang 4 Nord abritaient une ferme laitière à l’abandon, ainsi qu’une maison presque centenaire à l’époque, datant de 1881. Elle était en piteux état, mais convenait à leur portefeuille. Durant les premières années, les propriétaires ont démoli la grange, l’étable, le poulailler et le hangar, en plus de recréer la fertilité du sol avec des matières organiques, comme des feuilles mortes, des engrais verts et du compost de fumier de lapin.

«À ce moment, il n’y avait aucun arbre, raconte Pierre. Chaque saison, nous plantions et ramassions des roches. Le terrain est devenu notre espace de jeu et de création.»

Le recyclage fait partie intégrante de sa conception. Respectueux de leur environnement, Sonia et Pierre ont construit leur jardin en recyclant tout ce qu’ils pouvaient.

À titre d’exemple, tous les arbres malades ou infirmes ne pouvant être vendus dans leur pépinière ont été plantés dans leur cour et ont poussé grâce à un travail remarquable de la terre des deux paysagistes.

«Certains nous demandent comment ils ont réussi à grandir autant, se remémore Pierre. En fait, tout part de la base, c’est-à-dire la préparation du terrain. Durant les 20 premières années, nous compostions jusqu’à 75 tonnes.»

Un jardin qui «dérange»

C’est au tournant du nouveau millénaire, en l’an 2000, que Sonia et Pierre ont décidé d’ouvrir les portes de leur coin paradisiaque au public. Un choix qu’ils ne regretteront pas, puisqu’au-delà du spectacle visuel qu’il offre, le jardin s’est transformé également en un lieu thérapeutique pour ses visiteurs.

Sous le couvert des feuillages, les éléments imposent le respect et occupent le territoire. Comme une grande fresque vivante, le feu, l’eau et la pierre sont omniprésents et éveillent les sens. Il y règne aussi une ambiance de paix, une sorte d’équilibre.

«Les gens, lorsqu’ils viennent ici, sont touchés par la beauté et la sérénité que le jardin dégage, explique Sonia. Plusieurs sont venus me voir après avoir fait le tour et m’ont serrée, les larmes aux yeux, les frissons traversant leur corps. Certains ont traversé des périodes difficiles et en entrant ici, ils sont saisis par ce qu’ils découvrent.»

«Disons que c’est un jardin qui dérange, admet Pierre. Il y en a beaucoup qui remettent en question leurs choix, mais il y en a, à l’opposé, qui sont motivés plus que jamais à accomplir des projets qu’ils ont placés en veilleuse depuis trop longtemps.»

Pour la suite des choses, les complices ne savent rien de ce que l’avenir leur réserve. Âgés de 65 ans, ils sont en train de préparer le terrain pour les générations qui les suivront.

Leurs enfants, Saule et Ancolie, ont déjà emboîté le pas en suivant les traces de leurs parents. Délaissant leur emploi en cinéma et en traduction, ils détiennent, à Sainte-Brigitte-de-Laval, en banlieue de Québec, leur propre compagnie d’aménagement paysager, nommée aussi Jardins de vos rêves.

Sinon, le couple profite amplement des joies d’être grands-parents. Lorsque les huit petits-enfants débarquent, la forêt magique, remplie de gnomes, les accueille à bras ouverts, remplissant leur imaginaire d’un monde où le travail humain et la nature ne font qu’un.

Une réédition sous peu

Ceux qui désirent en savoir davantage sur le récit des Jardins de vos rêves, raconté dans les mots de Pierre et Sonia, seront ravis d’apprendre qu’un deuxième tome de leur livre est en préparation. Il sera la continuité du premier, paru en 2007 et tiré à 4000 exemplaires, aujourd’hui épuisé. Le bouquin sera remis au goût du jour en ajoutant les huit années manquantes depuis son lancement. Il sera agrémenté de centaines de clichés, en plus de survoler l’ensemble du projet, de sa naissance jusqu’à aujourd’hui. Il est prévu pour 2016.

La préface du premier tome était signée par leur neveu, Albert Mondor. L’horticulteur, connu du paysage québécois, a passé 10 ans lors de son adolescence au domicile de son oncle et de sa tante.