Malaise au conseil municipal

L’adoption d’une résolution visant à consentir une aide financière de 40 000 $ à la Corporation Évènements Aventure est loin de faire l’unanimité au conseil municipal de Thetford Mines.

Lors de la séance publique du lundi 21 novembre, les conseillers Jean-François Morissette, Jean-François Delisle, Marco Tanguay et Daniel Poudrier ont démontré leur désaccord quant à la décision prise par leurs collègues.

La résolution en question stipule que la demande s’inscrit dans le cadre de la promotion du futur site du centre d’affaires et de congrès. Pour justifier sa démarche, l’organisme sans but lucratif a présenté un compte-rendu de ses actions publicitaires et promotionnelles ayant contribué en 2016 à faire connaître les attraits touristiques de la ville et à attirer des visiteurs de l’extérieur de la MRC des Appalaches.

Considérant cela, le conseil municipal a acquiescé à la demande de la corporation qui prévoit le remboursement des investissements en promotion et publicité réalisés après le 21 novembre de cette année.

Or, il s’avère que les administrateurs de la Corporation Évènements Aventure sont Guy Roy, Josselin Routhier et Sébastien Blais, soit les promoteurs privés du Domaine Option nature et de La cache du Domaine, où sera situé éventuellement le centre d’affaires et de congrès de la Ville.

C’est d’ailleurs la présence de ces individus qui dérange le conseiller Jean-François Morissette. «Après vérifications au Registre des entreprises, ce sont les mêmes trois promoteurs d’une entreprise privée. De mon côté, c’est inadmissible que les fonds publics soient versés de façon directe. La deuxième raison est fort simple, aucun plan d’action ne nous a été proposé sur ce qui était à venir.»

Il a tenu à rappeler que tous les événements appuyés par la Ville dans les dernières années l’ont été parce qu’un tel plan était présenté. «Je suis en faveur de soutenir les efforts faits par les différents intervenants touristiques et ceux qui travaillent à l’intérieur d’organismes sans but lucratif pour promouvoir la région. Dans ce cas-ci, ce n’est pas possible», a-t-il ajouté.

Pour sa part, le conseiller Marco Tanguay estime qu’il y a anguille sous roche dans ce dossier. «Je n’endosse pas cette façon de faire. La cache du Domaine est une entreprise privée qui possède un bar et un restaurant. Est-ce que cela veut dire que demain matin le Comfort Inn pourrait se former un organisme sans but lucratif et demander un montant d’argent à la Ville pour des activités à venir sans les connaître et que nous leur accorderons», s’est questionné celui qui aimerait d’ailleurs connaître publiquement l’opinion de ses collègues.

Jouer avec le feu

Le conseiller Jean-François Delisle, qui s’est également opposé à la demande, estime que la Ville de Thetford Mines et les quatre promoteurs ayant participé à l’appel de propositions visant à déterminer le meilleur emplacement du futur centre d’affaires et de congrès connaissaient les règles du jeu.

«La Ville et le promoteur retenu se doivent de respecter la lettre et l’esprit de l’entente. C’est une question de respect et de transparence. L’an prochain, est-ce qu’ils vont nous arriver avec autre chose? Cela crée un précédent dangereux», a déclaré M. Delisle.

Il faut se rappeler que la Ville de Thetford Mines s’est déjà engagée à verser un montant de 100 000 $ par année pendant 40 ans à un organisme sans but lucratif, dont elle serait à la table des décisions, ce qui n’est pas le cas présentement, pour le financement de la publicité et de la promotion des installations et services futurs du centre d’affaires et de congrès.

«Je considère que l’on s’est entendu sur quelque chose et ça devrait arrêter là. Il s’agissait du même appel d’offres et des mêmes conditions pour tout le monde», a dit M. Delisle.

Un point de vue différent

Le maire Marc-Alexandre Brousseau ne partage pas les arguments des conseillers ayant voté contre la résolution. «Ce sont des gens qui ont dument constitué un organisme sans but lucratif. Nous avons pu voir ce qu’ils ont fait comme dépenses au cours de l’année. Ils ont participé à des colloques et obtenu une visibilité médiatique incroyable», a-t-il indiqué.

Le maire Brousseau ne voit alors aucun problème à ce que des fonds publics servent à rembourser des dépenses réalisées pour promouvoir, entre autres, les activités de deux entreprises privées. «Un site, des événements, une ville et une région sont intimement liés. Lorsque l’on parle de la cache du Domaine à l’émission Salut Bonjour, on parle de notre ville.»

Pour ce qui est de la construction du centre d’affaires et de congrès, la Ville espère être en mesure de procéder à des annonces d’ici les prochaines semaines. Il ne manquerait plus que la participation financière de Développement économique Canada.

«Les efforts que les promoteurs font actuellement, nous allons en bénéficier comme Ville en étant propriétaire du centre. Nous voulons que les gens sachent que nous avons des infrastructures hôtelières et d’accueil exceptionnelles», a conclu M. Brousseau.

Ce que des conseillers en pensent

Michel Verreault : Je crois que tout ce qu’ils ont fait et tout ce qu’ils feront, tant que le centre des congrès ne sera pas construit, met la table pour le tourisme dans la région. Nous ne voulons pas un endroit vide. La région bénéficie des investissements réalisés pour mettre en valeur nos attraits. Présentement, nous nous servons de cet organisme pour en faire la promotion parce que l’autre qui doit être créé ne l’est pas encore. Si le centre des congrès avait été construit, ce n’est pas à cette corporation que les sommes auraient été versées.

Hélène Martin : J’ai voté pour la résolution parce que cela va dans le même sens que les orientations que nous nous sommes données dès l’acceptation du projet. Le conseil s’était dit qu’il mettrait en place un fonds de 100 000 $ dans un organisme sans but lucratif pour faire la promotion du centre et des activités. Étant donné qu’il y a eu des délais dans l’implantation du bâtiment, nous ne voulions pas pénaliser l’organisme qui a fait beaucoup d’efforts pour faire connaître la région.

Josée Perreault : Pour moi, les principales raisons sont le développement et la promotion touristique de notre ville, et ce, par les activités à venir de cette corporation dans les prochaines années. Je suis convaincue qu’il s’agit d’un grand plus pour notre municipalité.

Yves Bergeron : Normalement, il devrait avoir un centre de congrès avec cet hôtel-là, mais c’est retardé. S’il avait été construit, il y aurait eu un organisme sans but lucratif de créé et nous aurions mis 100 000 $ par année dedans pour en faire la promotion. Les promoteurs ont quand même réalisé des dépenses cette année. Le 40 000 $ est versé en compensation de ce qu’ils ont fait et feront en attendant d’avoir le centre des congrès.

NDLR: Le Courrier Frontenac a tenté de joindre tous les conseillers pour obtenir leurs commentaires, mais sans succès.