«Nous ne sommes pas assez innocents pour perdre notre nom dans des affaires de même»

Le député de Lotbinière-Frontenac et actuel ministre des Transports, Laurent Lessard, a affirmé au Courrier Frontenac, en juillet dernier, ne pas être intervenu pour que l’entreprise Pyrobiom Énergies, dirigée par son ancien conseiller politique, Yvon Nadeau, puisse obtenir une subvention de 3 millions $ découlant du programme Technoclimat.

Le gouvernement du Québec a annoncé, le lundi 4 juillet, sa participation financière dans ce projet qui prévoit la construction et l’exploitation d’une unité de transformation de biomasse ligneuse résiduelle sur le site de l’usine Parent qui appartient à la compagnie forestière Arbec en Mauricie.

Il faut savoir que le PDG de Pyrobiom Énergies, Yvon Nadeau, était en poste au bureau de comté de Thetford Mines entre septembre 2014 et mai 2015. En entrevue quelques semaines avant l’annonce officielle, Yvon Nadeau a mentionné que la demande de financement a été déposée au gouvernement du Québec en février 2014 et que la confirmation de l’octroi de la subvention est arrivée en mai 2015.

Questionné à ce sujet, Laurent Lessard a confirmé que M. Nadeau était toujours à son emploi lorsque les sommes ont été accordées à l’entreprise Pyrobiom Énergies. «Quant à moi, à partir du moment que ses affaires vont fonctionner, ça veut dire qu’il ne veut plus travailler avec moi non plus. Le mandat qu’il avait ici prenait fin.»

Laurent Lessard a tenu à préciser que son ancien employé était basé à Thetford Mines et qu’il ne s’occupait pas de ce qui se passait à Québec. «Quand il est revenu en 2014 après que nous ayons repris le pouvoir, ses demandes étaient déjà formulées au ministère des Ressources naturelles. Son mandat ponctuel était de me donner un coup de main pour la mise en place de l’ère postamiante et d’intervenir auprès des groupes économiques.»

Également questionné à savoir si le projet mené par l’équipe d’Yvon Nadeau a pu bénéficier d’une longueur d’avance sur les autres, considérant sa proximité avec l’appareil gouvernemental, le député-ministre n’a pas mâché ses mots. «Il n’est pas assez innocent pour se mettre en conflit d’intérêts. Son groupe travaille pour faire des demandes. Est-ce qu’il connaissait l’appareil gouvernemental? C’est bien relatif. Je suis au gouvernement et je ne le connais toujours pas le programme Technoclimat parce que je n’ai pas affaire avec ça.»

Laurent Lessard devait assister à la conférence de presse du 4 juillet dernier. Son cabinet, à l’époque où il était ministre des Forêts, aurait toutefois décidé d’annuler sa présence après avoir appris qu’il pourrait être questionné à ce sujet par un journaliste de TC Media. «Ce n’est pas mon secteur. Je ne vais pas partout quand il est question des entreprises de Thetford Mines. Je n’y suis pas allé, mais j’aurais aimé y être», a conclu M. Lessard.