Une pénurie majeure de main-d’œuvre

La pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement au Québec n’épargne pas les entreprises de la région de Thetford qui peinent à combler les postes vacants. Cette problématique, qui affectait jadis principalement les emplois spécialisés, touche maintenant tous secteurs confondus.

«Il y a une pénurie majeure. Ce sont toutes les entreprises, que ce soit dans le volet industriel, commercial ou de service. Nous manquons de monde et cela en est même inquiétant», a mentionné au Courrier Frontenac la directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Thetford Mines (CCITM), Suzanne Lacombe.

La région travaille depuis plusieurs années à diversifier son économie à la suite de la fermeture des mines d’amiante. La venue de nouvelles entreprises sur le territoire pourrait expliquer en partie la situation. «Si nous regardons le boulevard Frontenac d’il y a dix ans et celui d’aujourd’hui, il n’a plus la même allure. L’arrivée de nouveaux joueurs a occasionné une demande en main-d’œuvre de plus en plus grande», a d’abord expliqué Mme Lacombe.

Selon elle, il y a aussi le fait que les entreprises d’ici sont hyper performantes et dynamiques.  «Elles ont des contrats partout. Nous voyons la création d’heures de travail plus grandes, même dans le secteur manufacturier. Elles ont donc besoin de plus de travailleurs. Nous avons la rançon de notre gloire comme on dit.»

Pour tenter d’attirer des employés, des entreprises n’ont eu d’autres choix que d’augmenter le taux horaire offert, en plus d’ajouter beaucoup d’avantages sociaux.

Démarches à venir

La CCITM a innové l’an dernier en offrant, en plus du salon de l’emploi au printemps, une occasion supplémentaire à l’automne afin de permettre aux entreprises de combler leurs postes vacants. «Nous avons essayé d’aller chercher une clientèle différente parce que souvent celle du printemps opte pour des emplois à temps plein. Nous nous sommes rendu compte que le mini-salon à l’automne a rejoint des personnes plus âgées, soit des semi-retraités ou des retraités. C’est certain que nous travaillons maintenant à les séduire pour qu’ils puissent venir pallier au manque de main-d’œuvre», a confié la directrice de la CCITM.

Des démarches visant à attirer des immigrants dans la région sont également prévues au cours des prochains mois. «Nous regardons pour des travailleurs étrangers francophones qui demeurent au Québec ou ailleurs au Canada et où il y a un haut taux de chômage. Nous irons vers une clientèle qui se trouve dans des régions comme la nôtre parce que nous savons très bien que si nous allons dans les grands centres, nous aurons de la misère à les faire venir ici», a ajouté Mme Lacombe.

Cette dernière est consciente qu’il faudra bien vendre la région afin de parvenir à attirer ces futurs travailleurs. «Nous devons leur dire que nous sommes un milieu paisible et où l’on vit de façon très sécuritaire. Où c’est intéressant pour l’établissement d’une petite famille. Nous devons leur expliquer que nous sommes à proximité de tout, que ce soit pour faire du ski l’hiver ou bénéficier des plans d’eau l’été, que la mobilité est facile et que nous sommes aussi à proximité des grands centres s’il y a des besoins.»

«Pendant des années, l’employeur dictait ses besoins, alors que maintenant c’est le contraire. Dis-moi ce que tu peux m’offrir et nous allons nous organiser.» – Suzanne Lacombe

Réorganisation à prévoir

Pour la directrice de la CCITM, une réorganisation au sein des entreprises devra éventuellement être faite. «Je suis convaincue que nous allons revivre une diminution des heures d’ouverture et que nous allons vers l’abolition de la tendance où les commerces sont ouverts de 7 h à 23 h. Les gens reviennent à la base et veulent passer du temps en famille. Je crois que ça va être l’une des solutions.»

La robotisation dans les entreprises pourrait également leur permettre de continuer à être concurrentielles, tout en ayant moins de personnel sur le plancher. «Il y en a déjà beaucoup, mais à mon avis c’est une démarche qui va s’accroître. Nous le voyons autant dans le secteur du commerce avec les caisses intelligentes que dans les entreprises manufacturières. Je suis persuadée que tout cela leur donnera davantage de facilité», a conclu Suzanne Lacombe.

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