Recours collectif contre le diocèse de Québec : Pierre Bolduc espère que le dossier se règle cette année

La Cour supérieure du Québec a autorisé le mois dernier un recours collectif contre le diocèse de Québec intenté par les victimes d’agression sexuelle. Pour Pierre Bolduc, l’un des deux représentants de tous les membres dans ce dossier, il s’agit d’un pas de plus vers la fin d’une bataille qu’il mène depuis maintenant 12 ans.

Victime du prêtre Jean-Marie Bégin ayant officié dans la région de Thetford dans les années 1950 à 1970, M. Bolduc s’est dans un premier temps battu pour que le délai de prescription qui empêchait tout recours au civil après trois ans soit aboli. Celui-ci était passé de trois à 30 ans en 2013 avant que le projet de loi 55 adopté à l’unanimité en 2020 rende imprescriptibles les actions civiles en matière d’agression à caractère sexuel, de violence subie pendant l’enfance et de violence conjugale.

Selon Pierre Bolduc, il ne fait aucun doute que le diocèse était au courant des agissements de son bourreau, lui qui a été déplacé de paroisse en paroisse, et pour cela il doit aussi être tenu responsable. Jean-Marie Bégin, qui a fait plusieurs victimes dans la région, s’est pour sa part enlevé la vie en 1986.

Cette action judiciaire représente avant tout une étape importante dans le processus de guérison de Pierre Bolduc. Il espère néanmoins que le dossier se réglera hors cour avant le procès.

«Si ça va jusque-là, nous sommes prêts. Ça fait 12 ans et je suis allé trop loin pour reculer maintenant, mais ce que je dirais au diocèse c’est ne trouvez-vous pas que vous en avez assez fait? Si nous nous rendons au procès, il va encore falloir revenir sur le passé. Ça m’affecte à chaque fois et ça me prend des semaines à m’en remettre. Pour moi, c’est une autre forme d’agression. C’est assez, les victimes ont déjà assez souffert», a-t-il affirmé en entretien avec le Courrier Frontenac.

M. Bolduc est également convaincu qu’un procès ne serait pas à l’avantage du diocèse. «Ce sera très médiatisé et nous serons plusieurs à venir raconter en détails ce que nous avons vécu.»

Si un procès devait avoir lieu, il s’attend à ce qu’il commence vers la fin de 2023. «J’aimerais que ça se règle en 2022 pour passer à autre chose. Cela a déjà mis ma vie privée à l’envers. Je commence juste à me rendre compte de ce que je peux faire et de ce que je dois faire pour m’en sortir. Les gens pensent que ces démarches sont en raison de l’argent, ça en fait partie, mais ce n’est pas l’élément principal. Le plus important, c’est d’aller mieux.»

L’action collective autorisée concerne toute personne ayant été victime d’agression sexuelle de la part d’un membre du clergé diocésain (évêque, prêtre, diacre) ou par un religieux, un membre du personnel pastoral laïc, un employé, un bénévole laïc ou religieux du diocèse de Québec entre 1940 et aujourd’hui. Pour plus de détails, consultez le www.adwavocats.com.