Un bassin de rétention des résidus amiantés à la mine Normandie

Un projet pilote de bassin de rétention des résidus miniers amiantés d’une capacité de 350 mètres cubes a été aménagé sur le site de la mine Normandie sur le territoire de la municipalité d’Irlande. Celui-ci servira à intercepter les sédiments entraînés par les eaux de ruissellement s’écoulant des haldes afin d’éviter qu’ils ne se déversent dans la rivière Bécancour.

Emmanuel Laplante, directeur général du GROBEC, et Pierre-Alexandre Bergeron D’Aoust, chargé de projet (Photo Courrier Frontenac – Claudia Fortier)

Cet aménagement effectué en octobre 2021 a été réalisé dans le cadre du projet d’élaboration du plan de contrôle des sédiments amiantés du secteur minier de la Haute-Bécancour. Le résultat a été présenté le mercredi 24 novembre lors d’une conférence de presse tenue sur les lieux par le Groupe de concertation des bassins versants de la zone Bécancour (GROBEC).

C’est en 2018 que l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI) a mandaté l’ingénieur Miroslav Chum afin qu’il effectue plans et devis d’un aménagement qui permettrait de retenir une partie des sédiments charriés par les écoulements provenant de la halde de la mine Normandie. Le GROBEC a par la suite pris le relais afin de trouver le financement nécessaire à la construction du bassin. Les travaux d’une valeur de 45 000 $ ont été réalisés en partenariat avec la Société Asbestos ltée, propriétaire du terrain, qui a notamment fourni le matériel nécessaire pour l’enrochement. Le site a ensuite été végétalisé à l’aide d’arbustes et de semences de plantes indigènes pour le renaturaliser.

« Une digue a été construite afin de dévier l’écoulement venant des haldes en direction du fossé longeant la rivière Bécancour. Puis, un bassin d’environ 1,7 mètre de profondeur a été excavé afin de contenir les matières en suspension. Les contaminants se déposeront au fond et lorsqu’il sera rempli à environ 90 % de sa capacité, la Société Asbestos s’occupera du retrait des sédiments. Ceux-ci seront par la suite redisposés plus loin sur le site de la mine Normandie, à l’extérieur du bassin versant », a expliqué le directeur général du GROBEC, Emmanuel Laplante.

Ce projet pilote servira aussi de dispositif expérimental afin de connaître la charge sédimentaire qui arrive de l’écoulement. GROBEC suivra le comblement du bassin en mesurant la profondeur en dehors de la période hivernale. « Cette première phase consiste à l’acquisition d’informations sur l’efficacité du bassin de décantation. Au terme de celle-ci, l’objectif est d’avoir au moins un autre aménagement ciblé avec plans et devis », a mentionné le chargé de projet Pierre-Alexandre Bergeron D’Aoust. Au total, ce sont 15 lieux qui ont été identifiés dans la région.

« Nous espérons que ce bassin sera le premier projet qui permettra d’arrêter cette hémorragie » – Emmanuel Laplante

UN GRAVE PRÉJUDICE

Le projet d’élaboration du plan de contrôle des sédiments amiantés du secteur minier de la Haute-Bécancour vise principalement à déterminer des moyens de retenir les résidus qui s’écoulent des sites miniers de la région de Thetford. Ces derniers causent un grave préjudice à la rivière Bécancour ainsi qu’à ses lacs fluviaux, soit à la Truite (Irlande), William (Saint-Ferdinand), Joseph (Inverness, Saint-Pierre-Baptiste et Saint-Ferdinand) et l’étang Stater (Irlande).

« GROBEC s’est associé au Service des travaux publics, du génie et de l’environnement de la Ville de Thetford et à la firme de génie-conseil Englobe afin de caractériser les haldes de résidus miniers amiantés de la Haute-Bécancour, d’élaborer un plan de rétention des sédiments amiantés et de préciser les mesures d’atténuation appropriées en fonction des sites d’érosion. Cette démarche vise également à documenter la qualité d’eau de surface de la rivière en amont et en aval des secteurs miniers de la région », a indiqué M. Laplante.

Soulignons qu’un comité de pilotage comprenant les principaux acteurs du milieu a été mis sur pied en janvier 2021. Celui-ci réunit les municipalités concernées, les deux compagnies minières propriétaires des sites visés, soit Granilake et Société Asbestos, les députés du secteur, les directions régionales du ministère de l’Environnement, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, la MRC des Appalaches, l’APLTI, les firmes Viridis Environnement et Englobe ainsi que Miroslav Chum.

Enfin, le président de l’APLTI, Réjean Vézina, s’est dit heureux de voir ce projet réalisé à la suite de l’initiative de son association. « Toute action faite pour améliorer la qualité de l’eau de la rivière Bécancour est une bonne nouvelle. Cette année, nous avons eu plusieurs troubles au lac à la Truite avec les algues filamenteuses. Les riverains sont fatigués et ils avaient hâte que ça bouge », a-t-il affirmé en ajoutant que selon lui, remettre le lit de la rivière Bécancour à son ancien lac Noir serait la meilleure solution à court terme.