Un plan d’action de 38,5 millions $ pour la gestion de l’amiante

Le gouvernement du Québec a annoncé, le jeudi 16 juin, une somme de 38,5 millions $ pour financer les mesures de son plan d’action 2022-2025 entourant la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés.

Celui-ci prévoit la création d’un « Observatoire national de l’amiante » qui sera situé à Thetford Mines. On ignore pour le moment où et quand il sera en activité. Cet organisme indépendant coordonnera les recherches sur toutes les questions relatives aux impacts de la manipulation des résidus sur la qualité de l’air, sur l’environnement, sur la santé des populations et des travailleurs ainsi que sur la qualité de vie des communautés.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette (Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

De son côté, le gouvernement s’emploiera à rechercher des solutions aux enjeux liés à la présence d’amiante dans certains bâtiments et sur certaines routes, à harmoniser ses lois et règlements, à confier à des spécialistes le soin de parfaire les connaissances relatives à cette matière et aux résidus, ainsi qu’à développer un savoir-faire qui aidera, entre autres, à bien encadrer les activités à venir impliquant la manipulation et la valorisation des résidus.

D’ailleurs, des 38,5 millions $ annoncés, 15,8 millions $ sur trois ans seront investis spécifiquement dans des projets de valorisation des résidus miniers amiantés. Dans ses interventions, le gouvernement s’engage à accompagner les promoteurs, à mener un projet pilote de restauration d’un ancien site minier, à lancer un appel de projets visant la valorisation des résidus, à financer des études de faisabilité et à soutenir la remédiation de terrains stratégiques, c’est-à-dire leur décontamination, leur réaménagement, leur revalorisation ou leur mise à niveau.

De passage à Thetford Mines pour en faire l’annonce, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a mentionné qu’il s’agit d’un plan transitoire. « Nous annonçons essentiellement onze mesures, soit cinq au niveau du passif minier à travailler et six pour savoir comment le transformer en actif. J’insiste à dire qu’il s’agit d’un premier montant pour amorcer la démarche parce qu’à partir du moment où il y aura des projets qui sont plus concrets, d’autres ministères entreront en ligne de compte. Le potentiel financier est passablement plus important pour la suite. »

M. Charette a aussi précisé que toutes les recommandations et préoccupations se trouvant dans le rapport du BAPE sur l’amiante ont été prises en compte pour constituer le cœur de la démarche.

Sentiment de fierté

La députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours (Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

La députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, a déclaré qu’il s’agissait pour elle d’une belle journée. « C’est un dossier sur lequel j’ai travaillé depuis le début de mon mandat. Je suis très contente que l’observatoire soit à Thetford Mines. Nous mettons la table au développement économique de la région. »

Son confrère, le député de Richmond, André Bachand, a abondé dans le même sens. « La fermeture de la dernière mine d’amiante au Québec en 2012 ainsi que les diverses interdictions et restrictions législatives et réglementaires établies pour protéger la santé des populations et des travailleurs n’ont pas pour autant éliminé la présence de cette matière dans notre environnement, notamment à Val-des-Sources. Il fallait trouver une façon de transformer ce passif en actif, et ce, en tenant compte des aspects économique, sanitaire, social et environnemental de la problématique. Je suis persuadé que ce plan d’action nous permettra d’avancer durablement vers cet objectif louable. »

Prudence

De son côté, le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Brousseau, demeure visiblement prudent. « On va voir! Nous ne savons pas encore ce qu’il en est. Il est question d’un observatoire. Nous pourrons juger de son utilité via l’impact que les décisions auront sur le gouvernement. Nous espérons qu’il permettra de démontrer les grandes lacunes que le BAPE a soulevées avec les différents ministères. Pour le reste, nous n’avons pas beaucoup de détails. »

Il souhaite un meilleur encadrement réglementaire pour les entreprises afin qu’elles puissent savoir dans quoi elles s’embarquent et ainsi assurer la rentabilité de leurs projets. « Il semble y avoir une volonté. Le gouvernement a reconnu l’importance économique des minéraux critiques. Pour nos activités municipales au quotidien, il n’y a pas d’éléments pour le moment. Nous donnons énormément de contrats cette année en travaux de pavage et en infrastructures. Le dossier de l’amiante demeure un enjeu de taille et un gouffre financier, tant pour la Ville que pour les citoyens et les entreprises. Présentement, nous ne savons pas trop vers où cela s’en va. »

Pour la directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de Thetford Mines, Suzanne Lacombe, le gouvernement s’est commis auprès de la région. « Je pense qu’il faut s’en réjouir, mais il n’en demeure pas moins que nous devons user de prudence. Nous prendrons connaissance du plan d’action rapidement et nous pourrons le commenter davantage plus tard. Par contre, je me dois de souligner que le gouvernement du Québec nous aura entendus. »

Enfin

Selon la préfète de la MRC des Appalaches, Jacynthe Patry, il s’agit du début de quelque chose. « C’est un plan évolutif et des sommes d’argent seront jointes à cela. Nous ne sommes plus en attente. J’ai bien aimé entendre qu’il y aura une table de concertation. Nous serons consultés. C’est du positif qui nous est présenté aujourd’hui. »

L’ancien préfet Paul Vachon a beaucoup travaillé dans ce dossier avant sa retraite. Pour lui, ce plan d’action est une excellente nouvelle. « La région a longtemps été perçue de façon négative. Maintenant, nous changeons complètement de paradigme. De plus, nous aurons notre observatoire et j’espère que celui-ci établira les normes pour ne pas que chaque ministère ou organisme gouvernemental décide d’appliquer les siennes et que nous nous retrouvions dans une maison de fous. Nous sommes rendus au moment où nous pourrons nous baser sur la science et la région pourra y participer via la table de concertation. C’était l’un des éléments qui manquait. »