Avenir incertain pour le programme de Technologie de l’électronique industrielle
La direction du Cégep de Thetford Mines recommandera au conseil d’administration de l’établissement la fermeture du programme de Technologie de l’électronique industrielle. Cette décision résulte d’une analyse réalisée dans le cadre d’une actualisation annoncée par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
En entretien avec le Courrier Frontenac, le directeur général Robert Rousseau a mentionné que la clientèle n’est pas au rendez-vous. « Il y a présentement 13 étudiants, soit cinq en première année, cinq en deuxième et trois en troisième. Lorsque nous regardons cela, nous en arrivons à la conclusion que nous avons un problème de ce côté-là. »
Selon lui, la situation actuelle ne permettrait pas au Cégep d’avoir accès aux ressources financières pour l’implantation du programme si celui-ci devait se poursuivre. « Nous serions obligés de le supporter en grande partie. Nous pensons que tout ce qui a pu être fait pour améliorer les choses a été fait et nous en arrivons à une recommandation de fermeture au conseil d’administration. La décision lui appartient. »
Le directeur général a indiqué qu’il aurait été confortable de continuer à offrir le programme de Technologie de l’électronique industrielle avec une quinzaine de nouveaux étudiants par année. À son avis, le fait que celui-ci soit dispensé dans quatre autres établissements situés dans un rayon d’environ 1 h à 1 h 30 de route n’aide pas à attirer davantage de clientèle. « Il est offert dans le secteur Limoilou à Québec, à Lévis, à Sherbrooke et à Victoriaville. Cela limite beaucoup notre territoire. »
Robert Rousseau a précisé que les étudiants actuels pourront compléter leur formation, et ce, peu importe la décision du conseil d’administration qui devrait se prendre au cours des prochaines semaines. D’ici là, la direction est en mode consultation. « Nous sommes dans un processus où tout le monde devra se faire entendre. Nous avons déjà rencontré les étudiants et beaucoup de gens pour savoir ce qu’ils avaient à dire en lien avec ça. »
Une décision qui passe mal
Le Syndicat des enseignants et des enseignantes du Cégep de Thetford dénonce la décision prise par la direction de recommander la fermeture du programme.
Par voie de communiqué, le président, Pascal Binet, a déclaré que cette annonce a pris le personnel par surprise. « Le département a de la difficulté à encaisser le coup et avec raison. L’équipe se dévoue corps et âme depuis plus d’une décennie à l’actualisation de leur programme dans un contexte de recrutement difficile, sans parler de l’actuelle pandémie, qui complexifie et alourdit leur tâche. Nous nous opposons donc à la démarche imposée par la direction. »
De son côté, le vice-président responsable du regroupement cégep de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, Yves de Repentigny, estime que « couper dans les programmes, même quand ceux-ci ont de petites cohortes, c’est mettre en péril la viabilité du cégep puisque ce dernier devient ainsi moins attrayant. La direction ne devrait pas oublier, particulièrement en cette période de décroissance démographique dans la région, que le financement est en bonne partie lié au nombre d’étudiants que l’établissement accueille. »
Enfin, la présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN), Ann Gingras, a indiqué que « ce n’est pas la première fois que les enseignants doivent dénoncer des décisions de la direction qui menacent la pérennité de l’établissement et les services dispensés. Elle oublie que le Cégep de Thetford est le seul établissement d’enseignement supérieur à s’assurer que les entreprises de la région puissent compter sur des travailleurs qualifiés. Il s’avère irresponsable d’abandonner une offre de formation dans le secteur technique lorsqu’on sait qu’elle agit comme un catalyseur du développement économique. »