Le CISSS-CA se tourne vers l’international
La direction du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) a décidé de se tourner vers la France pour combler les quatre postes de médecins psychiatres actuellement vacants à l’hôpital de Thetford Mines.
La démission en bloc des trois psychiatres de l’établissement, le 23 décembre dernier, force d’ailleurs la fermeture temporaire de l’unité de soins à compter du mercredi 17 janvier. Depuis l’annonce de leur départ, l’organisation dit n’avoir reçu aucune candidature de médecins du Québec prêts à venir s’établir dans la région ou même à pratiquer que ce soit à temps complet ou partiel.
«Il existe des ententes de réciprocités entre le Québec et la France. Cela veut dire que le diplôme est reconnu sans qu’il y ait des compléments d’études nécessaires. Nous avons obtenu du ministère de la Santé et des Services sociaux les autorisations pour procéder. Des appels seront donc faits pour voir si nous sommes capables de recruter quatre médecins psychiatres français. Par contre, le recrutement dans la province demeure possible», a mentionné au Courrier Frontenac le président-directeur général adjoint du CISSS-CA, Patrick Simard.
D’ici à ce que les postes soient comblés, la direction dit avoir mis en place des services afin que les patients ne soient pas laissés à eux-mêmes. Lorsqu’une personne se présentera à l’urgence, son état de santé sera évalué par les médecins de garde, mais aussi par un psychiatre consultant de Saint-Georges ou d’ailleurs dans la région et une infirmière de liaison en santé mentale.
«Trois patients sur quatre qui se présentent à l’urgence ne requièrent pas d’hospitalisation. Donc, ils vont soit avoir une référence pour obtenir un suivi dans le milieu ou avoir une référence à moyen terme pour des services semi-urgents. Ces usagers vont continuer de bénéficier des mêmes services dont ils disposaient dans le passé parce que les psychiatres démissionnaires continuent de travailler dans la communauté», a souligné M. Simard.
Les patients dont l’état de santé nécessite une hospitalisation seront quant à eux transférés à l’extérieur de Thetford Mines. «Si l’hôpital de Saint-Georges ne suffit pas à la demande, nous enverrons le patient du côté de Lévis. L’usager sera à ce moment transporté par ambulance vers le centre hospitaliser où il sera vu par un psychiatre qui évaluera son état de santé, confirmera son hospitalisation et assurera le suivi par la suite jusqu’à la réinsertion dans la communauté», a renchéri le PDG adjoint du CISSS-CA.
D’ailleurs, les sept patients présentement hospitalisés à l’unité de psychiatrie de l’hôpital de Thetford seront bientôt évalués afin de savoir s’ils peuvent retourner à la maison ou si un transfert vers l’hôpital de Saint-Georges s’avère nécessaire.
Le CISSS-CA soutient avoir répondu aux demandes
En ce qui a trait à la démission des psychiatres de l’hôpital, Patrick Simard croit que les motifs évoqués leur appartiennent. Une charge de travail devenue trop importante et le manque de personnel avaient été évoqués par les spécialistes.
Le PDG adjoint estime que son organisation a offert beaucoup de support et que des ressources ont été ajoutées. «Depuis avril dernier, nous avons fait un certain nombre d’ajouts au niveau du personnel à la demande des psychiatres. Nous avons aussi mis en place un budget de 150 000 $ qui était disponible selon les besoins du service de psychiatrie. Nous pensons avoir répondu à peu près à l’ensemble des besoins exprimés par le département. En novembre, le président-directeur général, Daniel Paré, a même rencontré les psychiatres pour s’enquérir des besoins et il a donné son accord à l’ensemble des éléments qui faisaient l’objet d’une demande», a dit M. Simard.
Toutefois, lorsque le temps est venu d’assurer un suivi dans ce dossier, la position des médecins avait changée. «Les psychiatres nous ont dit qu’ils ne souhaitaient pas nous rencontrer, ni le PDG, puisque leur décision de quitter avait été prise. Nous voulons bien faire notre lecture critique de la situation, mais nous pensons que nous sommes allés le plus loin que nous pouvions dans la bonne volonté de vouloir travailler avec eux pour qu’ils demeurent», a précisé le PDG adjoint.
Le directeur du programme santé mentale et dépendance du CISSS-CA, Michel Laroche, abonde dans le même sens. «Les 150 000 $ qui ont été déposés sur la table s’ajoutaient à tout ce qui a été mis en place depuis avril dernier. Il y a eu des achats de services en ergothérapie, en neuropsychologie, nous avons ajouté deux travailleurs sociaux et du soutien administratif, mais ça n’a pas été suffisant.»
«Dans la situation où nous sommes, il vaut mieux fermer l’unité de psychiatrie temporairement que d’offrir un moins bon service à la population. L’objectif est de la rouvrir.» – Patrick Simard, PDG adjoint du CISSS-CA
Le PDG adjoint a affirmé pouvoir comprendre que la charge de travail des psychiatres démissionnaires pouvait être lourde. «Je ne doute pas de cela. C’est une charge importante faire de l’hospitalisation. C’est différent de faire du bureau dans la communauté où nous contrôlons nos horaires. Par contre, à partir du moment où ils prennent la décision de quitter, nous devons nous revirer de bord et travailler avec les gens qui veulent œuvrer à offrir ce service.»
Notons enfin que ce n’est pas la première fois que l’établissement de Thetford Mines fait face à une situation particulière. Il y a une quinzaine d’années, des psychiatres consultants de l’extérieur ont été obligés de venir dans la région pendant quelques années en raison du recrutement difficile. «Nous ne sommes pas la seule région qui a de la misère à recruter des psychiatres au Québec. D’autres sont en pénurie et doivent avoir recours à des médecins dépanneurs. Ce n’est pas exceptionnel ce qui se passe à Thetford Mines», a déclaré Michel Laroche.
«Est-ce que la situation actuelle, en raison de la médiatisation de la situation plus difficile, nous aide dans le recrutement? Est-ce que ça mobilise les gens à venir travailler ici? Je ne suis pas certain. Force est de constater que nous avons de la difficulté quand même depuis un certain nombre d’années à recruter des médecins dans la région», a conclu M. Simard.
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