Décès de Paul Hébert à 92 ans
L’acteur et metteur en scène originaire de Thetford Mines, Paul Hébert, s’est éteint jeudi à l’âge de 92 ans.
Le Théâtre du Trident, dont il était l’un des fondateurs et le premier directeur artistique de 1971 à 1978, en a fait l’annonce sur sa page Facebook.
«Nous venons de perdre notre patriarche. Sa voix va résonner encore longtemps au théâtre et dans nos cœurs», a déclaré Anne-Marie Olivier, directrice artistique du Trident.
Paul Hébert est né à Thetford Mines le 28 mai 1924. Après ses études classiques au Collège de Lévis, il entre à l’Université Laval pour étudier la philosophie et les lettres. Il étudie par la suite au Old Vic Theatre à Londres, en Angleterre.
De retour au Québec en 1952, au cours des années suivantes, il fonde le théâtre d’Anjou, Le Chanteclerc (premier théâtre d’été) à Sainte-Adèle avec Albert Millaire, le Théâtre d’été de l’Esterel à Sainte-Marguerite, l’Atelier (de théâtre), ainsi que le Théâtre Paul-Hébert à l’Île d’Orléans.
En 1965, il donne des cours d’improvisation à l’École nationale de théâtre. Il est nommé directeur du Conservatoire d’art dramatique de Montréal et vice-président du Centre national des Arts à Ottawa en 1969. Il dirige ensuite le Conservatoire d’art dramatique de Québec.
Au cours de sa vie, il a participé à une cinquantaine de projets de télé ou de cinéma, tout en mettant en scène et en jouant dans de nombreuses pièces de théâtre.
Paul Hébert a reçu le prix Denise-Pelletier pour les arts de la scène, en 2007, mais aussi le prix du Gouverneur général, le prix «Hommage» de l’Académie québécoise du théâtre et le prix Victor-Morin pour le théâtre, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il a aussi été décoré de l’Ordre du Canada en 1987, fait chevalier de l’Ordre national du Québec en 1994, et a reçu des doctorats honorifiques de l’Université du Québec ainsi que de l’Université Laval en 1984 et en 2000.
En novembre 2011, le comité du Studio-théâtre, composé de la Ville de Thetford Mines, de la Troupe de théâtre Les Cabotins et du Théâtre les Bâtisseurs de montagnes, annonçait le nouveau nom du centre de diffusion de loisirs culturels de Thetford Mines : le Studio-théâtre Paul Hébert.
Un grand parmi les grands
En juin 2014, M. Hébert était de passage au Studio-théâtre alors qu’un hommage lui était rendu. Voici l’entrevue réalisée avec lui à cette occasion :
Le Studio-Théâtre Paul Hébert a eu l’honneur d’accueillir M. Hébert en chair et en os, le 27 juin dernier, afin de souligner ses 90 ans et sa carrière exceptionnelle. Il a eu droit à un chaleureux hommage qui a été célébré à sa juste valeur par les nombreuses personnes présentes. Paul Hébert est une source d’inspiration pour la région de Thetford, un géant du théâtre, un homme généreux et passionné.
COURRIER FRONTENAC : Comment avez-vous choisi la voie professionnelle que vous avez empruntée?
PAUL HÉBERT : Tout d’abord, je suis né à Thetford et j’ai commencé à jouer dans la rue avec mes copains. J’aimais beaucoup aller au théâtre pour voir tout ce qui s’y passait. Ensuite, j’ai fait mon cours classique et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire du théâtre de façon plus sérieuse.
C.F. : Selon vous, quelles sont vos plus grandes réalisations?
P.H. : C’est difficile à dire (rire). J’ai joué dans plusieurs téléromans comme « Le temps d’une paix » et « Nos étés », par exemple, et j’ai écrit un grand nombre de pièces de théâtre.
Par ailleurs, j’ai fondé, à Sainte-Adèle, le premier théâtre d’été qui se nommait Le Chanteclerc. J’y faisais la mise en scène et j’y jouais également. Ensuite, j’ai ouvert le Théâtre Anjou à Montréal, le premier véritable petit théâtre de poche.
J’ai d’ailleurs été nommé directeur du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 1969 et l’année suivante de celui de Québec. De plus, je suis le cofondateur du Théâtre du Trident que j’ai dirigé pendant six ans. J’ai aussi fondé le Théâtre de la Dame blanche à l’île d’Orléans.
Bref, je me suis promené un peu partout au Québec et j’ai eu la chance de pouvoir vivre de ma passion, le théâtre!
C.F. : Quel est l’évènement le plus marquant de votre carrière?
P.H. : C’est d’avoir étudié à Londres pendant deux ans au Old Vic Theatre. Ces études à l’étranger ont été très importantes dans ma vie. C’était de 1949 à 1951 alors que la guerre venait de se terminer. J’ai été très privilégié de pouvoir étudier à cet endroit et j’ai acquis énormément d’expérience. Quand je suis revenu, j’ai commencé à jouer à la télévision, ainsi qu’au théâtre et c’est alors que ma carrière sur les planches débuta réellement.
C.F. : De quoi êtes-vous le plus fier quand vous vous remémorez votre parcours d’artiste?
P.H. : C’est d’avoir réussi à durer jusqu’à maintenant (rire)! De voir tout ce que j’ai accompli et d’avoir réussi à le vivre. C’est quelque chose qui me rend extrêmement fier.
C.F. : Quelles étaient vos sources d’inspiration pour l’écriture de vos pièces?
P.H. : L’honnêteté et la sincérité. En fait, je m’inspirais énormément des gens honnêtes, de leur énergie… Je n’aime pas les gens qui trichent! (rire)
C.F. : Comment trouvez-vous la vie culturelle à Thetford?
P.H. : Je suis absolument reconnaissant et ravi qu’on ait pensé à moi pour ce magnifique théâtre. Je trouve vraiment, et ce n’est pas parce qu’il porte mon nom (rire) que cet endroit est un outil exceptionnel pour la région de Thetford.
Ce théâtre, j’en ai fait le tour, je le connais, et je constate qu’il offre aux comédiens et à tous ceux qui y travaillent un lieu d’échanges et de développements artistiques et culturels extraordinaire.
L’aménagement du théâtre est ingénieux! Les sièges sont bien disposés dans la salle, la scène est très spacieuse et la salle de répétition est à côté de la scène. Tout est merveilleusement bien pensé. D’ailleurs, ce qui me frappe le plus, c’est qu’on y travaille collectivement. Les gens de Thetford travaillent tous ensemble pour faire vivre ce théâtre. C’est fabuleux!
À ma connaissance, il y a seulement en Angleterre et dans les théâtres communautaires où le travail s’accomplit totalement avec des gens de la place. Je n’en connais pas ailleurs qu’ici au Québec!
À lire : Décès de notre ami Paul