Des négociations qui s’annoncent ardues pour les enseignants au collégial

Les membres du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Thetford (SEECT), faisant partie du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS), ont tenu le vendredi 31 mars une première activité de sensibilisation aux enjeux entourant les négociations de leur nouveau contrat de travail. Le précédent, qui couvrait les années 2020 à 2023, n’avait été signé qu’en juin 2022 et est arrivé à échéance la semaine dernière.

Les enseignants s’attendent à d’autres négociations ardues pour le prochain. « Chacune des parties a déposé ses attentes et nous constatons qu’elles sont très opposées. Nous devrons nous rapprocher, mais il y a eu très peu de négociations. Nous craignons que ce soit très long », a affirmé Éric Fabrès, responsable de la mobilisation. Notons que le SEECT représente environ 140 membres.

Les employés du réseau collégial ont six grandes attentes. Comme enjeu majeur, il y a notamment la tâche des enseignants de plus en plus lourde. À Thetford, ils en ont identifié trois qu’ils souhaitent mettre de l’avant, dont la lutte contre la précarité qui était le thème de la première activité de sensibilisation. « Dans le réseau collégial, 46 % des personnes ont un emploi précaire. Ils ne savent pas si la session suivante ils auront du travail. Certains doivent aussi se trouver un deuxième emploi », a expliqué M. Fabrès.

Émilie Bellavance-Nadeau est enseignante au Cégep de Thetford depuis cinq ans et occupe toujours un poste précaire. « J’ai commencé la session en janvier et je viens tout juste de signer mon contrat en mars. Entre-temps, il peut y avoir des modulations de la tâche et souvent cela fait en sorte de l’alourdir. Il y a plusieurs nouveaux qui se réorientent puisque la charge de travail est immense en entrant. Cela crée aussi beaucoup d’insécurité, ne sachant pas quelle sera notre tâche avant le début de la session. Si nous refusons une charge, il y a des conséquences sur notre ancienneté. Il y a aussi des effets sur la vie personnelle, par exemple, c’est difficile d’obtenir un prêt hypothécaire puisque le salaire n’est pas fixe. »

Leur rémunération n’ayant pas suivi l’inflation est un autre enjeu que les membres ont identifié. « Juste pour 2022, l’inflation se trouve autour de 7 %, alors qu’on nous propose une augmentation de 9 % pour les cinq prochaines années. C’est difficile d’attirer des professeurs puisqu’ils peuvent gagner davantage dans le privé », a soutenu Éric Fabrès.

Enfin, l’enseignement en ligne que le gouvernement du Québec tente de normaliser est aussi l’un des points importants pour eux. « Pendant la pandémie, nous avons été appelés à le faire, mais il n’y avait pas d’autres moyens puisque nous devions rester à la maison. Aujourd’hui, le gouvernement veut l’utiliser pour régler les problèmes de main-d’œuvre et pour éviter d’investir dans les infrastructures. Nous ne sommes pas opposés à l’enseignement en ligne, mais il faut que ce soit fait de façon encadrée pour les étudiants qui le désirent. Cependant, nous ne voulons pas que ça devienne la norme », a précisé le représentant syndical.

« Quand on parle d’enseignement à distance, il y a vraiment une distance qui se crée avec les étudiants. La relation pédagogique n’est pas la même et c’est moins bon pour eux », a ajouté Émilie Bellavance-Nadeau.

D’autres activités de sensibilisation pourraient avoir lieu selon l’avancée des négociations.