Des victimes de prêtres appellent au boycottage des dons à l’église
Des victimes de prêtres et des représentants d’associations de victimes appellent au boycottage des dons à l’Église catholique tant qu’elle ne renoncera pas publiquement à invoquer le délai de prescription dans les recours en justice intentés contre elle, ses communautés, ses paroisses et ses prêtres.
Rappelons qu’une victime de prêtre, ou toute autre victime d’agression sexuelle, a un délai maximal où elle peut intenter des poursuites civiles contre son agresseur, soit 30 ans. Cette loi a été changée depuis peu et n’est pas rétroactive, donc elle touche seulement les événements survenus à partir de 2013. Auparavant, le délai était de trois ans.
Lors d’une conférence de presse tenue à Québec, dimanche, Alain Fortier, président de Victimes d’agressions sexuelles au masculin (VASAM), Pierre Bolduc, victime de prêtre, Frank Tremblay, requérant dans le recours collectif contre les rédemptoristes, Roger Lessard, recherchiste sur la pédophilie au sein de l’Église catholique et Me Marc Bellemare, ont tous uni leurs voix afin de dénoncer cette situation.
Pendant cette conférence, le groupe d’hommes s’est adressé directement à l’archevêque de Québec, Cyprien Lacroix. « Nous estimons honteux et immoral que l’Archevêque de Québec s’acharne à invoquer la prescription contre des victimes, même dans les cas où les prétentions d’avoir été abusées sont fondées, aux dires même de la cour », a déclaré le regroupement.
« Ces procès ont pour effet d’épuiser, de discréditer et de détruire les victimes. Les prêtres ne sont plus à la recherche de la vérité quant aux faits et circonstances entourant les abus, les souffrances et la détresse vécus par les enfants pendant des décennies. Ils recherchent plutôt le rejet des recours sur la base technique du délai de prescription », a ajouté le regroupement.
« Les citoyens pratiquants peuvent exprimer leurs croyances religieuses, exercer leur culte et continuer de fréquenter leur église. Ils doivent toutefois cesser de donner de l’argent et exprimer leur solidarité avec les victimes. Ils doivent montrer leur désapprobation face au déni manifesté par l’Église catholique dans le cadre des procédures judiciaires », ont-ils plaidé.
Des dons pour des avocats?
Le regroupement affirme aussi que l’argent donné en dons à l’église (quête, dîme, achat de messes, levées de fonds ou autres) serve à celle-ci à se payer des avocats. « S’il est impossible pour le simple citoyen de comprendre la structure financière de l’Église et ses pratiques, il est aisé de constater qu’elle dépense sans compter l’argent des fidèles donateurs en frais de cour, frais d’avocat et frais d’expertise à l’occasion de procès coûteux et interminables », ont-ils affirmé.
Cette information est toutefois catégoriquement niée par le Diocèse de Québec et Cyprien Lacroix. Ces derniers assurent que les prêtres paient eux même leurs frais de cour et que les dons à l’Église ne servent aucunement à cet effet.
Les victimes souhaitent des réponses
Les victimes de Jean-Marie Bégin, ce prêtre ayant agressé plusieurs garçons durant les années 1960 et 1970 alors qu’il était curé à Robertsonville, demande des réponses au Diocèse de Québec, principalement à l’archevêque, Cyprien Lacroix.
Dans une lettre envoyée à ce dernier, Pierre Bolduc et les cosignataires, Denis Cloutier, Jean Poulin et Jean-Yves-Tardis, y écrivent: « Vous (Cyprien Lacroix) affirmez haut et fort que la pédophilie est un péché et vous croyez qu’en refusant de rencontrer les victimes et en vous cachant derrière le délai de prescription, vous allez réussir votre mission que vous a chargé le Pape François: relever la foi au Québec? Et vous vous demandez pourquoi les gens quittent votre église. »
Ce n’est pas la première fois que Pierre Bolduc tente de joindre Cyprien Lacroix, mais jusqu’à maintenant, il n’a pas encore eu de réponse personnelle de l’archevêque, ce qu’il demande depuis le début.