Du sirop d’érable pour soigner les animaux ? 

Chez l’être humain, diverses études présentent le sirop d’érable comme une alternative plus santé que le sucre raffiné. Un autre projet de recherche, mené par l’Université Laval et l’Université de Sherbrooke, pousse le concept encore plus loin : soigner les animaux d’élevage grâce au sirop avec défaut de saveur.

L’objectif était de créer un probiotique enrichissant le microbiote intestinal de ces animaux. La méthode naturelle réduirait ainsi le recours aux antibiotiques, au moment où certaines bactéries résistent davantage à ces médicaments chimiques. 

Les chercheurs ont utilisé le sirop déclassé comme ingrédient dans un milieu de culture, dans lequel était inoculé Bacillus velezensis. Cette bactérie produit des molécules antimicrobiennes contre les pathogènes des plantes.

Ces tests de culture, jugés concluants, atteignaient des concentrations de six milliards de bactéries par millilitre. Le liquide obtenu a été mélangé au perméat de lactosérum (liquide résiduelle de la coagulation du lait) et ensuite transformé en poudre par atomisation. 

«C’est ce supplément qui pourrait être ajouté à la moulée des animaux», précise Marie Filteau, professeure au Département des sciences des aliments et chercheuse à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l’Université Laval.

Pour savoir si ces bactéries peuvent réellement atteindre l’intestin des animaux d’élevage, ce probiotique était soumis au transit dans un système digestif in vitro. Environ 16 % des bactéries survivaient au processus de digestion. «Considérant l’abondance de départ, on arrive à des concentrations d’un milliard de bactéries par gramme», indique Mme Filteau. 

Débouchés innovateurs 

Ces résultats de recherche, issus des travaux de doctorat de l’étudiant Gautier Decabooter, ont paru dans la revue scientifique Fermentation. Marie Filteau est l’une des cinq codirectrices et signataires de l’étude. 

Au cœur de son travail, elle s’intéressait déjà aux propriétés du sirop d’érable depuis longtemps. «On commence juste à explorer les innovations possibles. C’est un produit local de prédilection», dit Mme Filteau, ajoutant que d’autres probiotiques prouvent déjà leur potentiel sur la santé humaine et animale. 

Environ 2 % du sirop d’érable produit annuellement au Québec, contient un défaut de saveur. Ce type de sirop, possédant peu de débouchés en consommation nature, se destine comme ingrédient dans des produits transformés. 

«Ce sirop de fin de saison possède un goût de bourgeon avec des filaments. Il contient beaucoup de nutriments venant de la sève. C’est celui qui est le plus riche en nutriments et en molécules antioxydantes», confirme Marie Filteau. 

À la lumière de ces résultats, d’autres tests ont eu lieu sur des porcelets. Ces derniers n’étaient pas encore publiés au moment d’écrire ces lignes. À moyen terme, une étude technique devrait éclairer le groupe de chercheurs sur la faisabilité économique du projet.