La fusion « temporaire » des unités de médecine et de chirurgie est prolongée

Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) a décidé de prolonger la fusion des unités de médecine et de chirurgie de l’hôpital de Thetford Mines. Cette mesure, en vigueur depuis la fin mai, devait prendre fin le 15 octobre.

En entretien avec le Courrier Frontenac, la conseillère en communication Maryse Rodrigue a mentionné que cette décision a été prise en raison de la pénurie de main-d’œuvre qui a cours dans ces deux unités. « Il nous manque actuellement huit infirmières et cinq préposées aux bénéficiaires à temps complet. Nous travaillons fort et poursuivons le recrutement. »

Cette fois-ci, aucune date de retour à la normale n’a été fixée. « Nous réévaluerons la situation une fois par mois afin de voir si nous pouvons ouvrir un, deux ou cinq lits. Ça dépend aussi du mouvement de personnel puisqu’il y a des employés qui changent de lieu de travail », a-t-elle dit.

Contrairement à ce qui était dénoncé au départ par le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) de l’hôpital de Thetford, qui reprochait au CISSS-CA d’avoir fait ce choix sans qu’il y ait eu de consultation valable auprès du corps médical et du personnel soignant au préalable, Mme Rodrigue a affirmé qu’il s’agit bel et bien d’une décision concertée.

« Après une analyse de la situation par les gestionnaires, mais aussi avec les représentants syndicaux et le CMDP, tous en viennent à la conclusion qu’en raison de la pénurie de main-d’œuvre, nous devons maintenir, de façon encore temporaire, les activités de l’unité de chirurgie à même celle de médecine pour la prochaine période financière avec une cible de 50 lits. »

Une stratégie de recrutement jugée inefficace

Bien qu’il soit déçu, Dr Nicolas Dorval, l’un des représentants du CMDP, s’attendait à ce que la réouverture du département de chirurgie soit repoussée. « Je ne voyais pas comment la situation pouvait être différente de ce qu’elle était en juin. C’est le quart de soir qui semble poser problème. Le personnel a été sondé afin de convertir des quarts de huit heures en douze heures, mais il n’y a pas assez de volontaires pour que cela puisse se mettre en place. Pour l’instant, le sentiment du corps médical est que le CISSS-CA n’en fait pas assez pour recruter. Nous avons l’impression que les stratégies de marketing utilisées sont vieillottes et pas assez attrayantes. Nous sommes conscients que ce n’est pas facile de recruter puisque les besoins sont partout, mais je pense qu’il faut mettre en place une façon de faire qui sera dynamique et innovante pour essayer de rayonner et d’attirer des gens chez nous. »

Il estime que tant que de nouveaux employés ne se joindront pas à l’organisation, le statu quo persistera. « Heureusement, nous n’avons pas eu de catastrophe cet été, mais il n’en demeure pas moins que l’environnement de travail n’est pas optimal. Le personnel est surchargé actuellement. Aussi longtemps que nous n’aurons pas plus de bras, la situation mènera à une diminution de la capacité totale d’hospitalisation, ce qui entraîne des délais qui ont vraiment augmenté à l’urgence. Nous avons atteint des périodes de 100 heures sur civière récemment. Cela n’avait jamais été vu dans les dernières années », a-t-il dit.

De plus, Dr Dorval souligne que la fusion des deux départements provoque un déséquilibre important entre les patients qui peuvent avoir une chirurgie d’un jour par rapport à ceux qui nécessitent une hospitalisation. « La direction du CISSS-CA ne nous limite pas de façon officielle sur les chirurgies hospitalières, mais il y en a plusieurs sur l’ensemble du bloc opératoire qui ont dû être annulés en septembre par manque de lits, ce qui fait en sorte que ça déborde à l’urgence. Est-ce que ça va se stabiliser? C’est à suivre! »

Enfin, Dr Dorval déplore l’organisation du travail difficile au troisième étage, où se trouvent les deux départements. « Les locaux sont vraiment petits. C’est un hôpital relativement vieux. On y retrouve deux patients dans une chambre de la grandeur qui équivaut à une chambre individuelle. Pour déplacer des patients en post-opératoire, souvent, ça prend une marchette. Ce n’est pas évident pour le personnel. Puis, il y a beaucoup de monde au même étage. Je trouve que c’est nettement moins agréable d’y travailler. »

Notons qu’un comité multipartite a été formé afin d’élaborer des stratégies de rétention et de recrutement plus efficaces. Une première rencontre a eu lieu en septembre et une deuxième est prévue le 26 octobre.

Rappelons qu’en juin dernier, le directeur général adjoint du CISSS-CA, Marco Bélanger, indiquait que cette décision de regrouper les départements de médecine et de chirurgie avait été prise dans le contexte critique de pénurie de main-d’œuvre et que l’objectif était d’éviter l’épuisement des troupes, ainsi que les probabilités d’avoir recours au temps supplémentaire. Il estimait qu’il s’agissait de la bonne stratégie sous l’angle de préserver le personnel.

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