La tordeuse de plus en plus menaçante
Elle frôle la région depuis un certain temps et on surveille ses déplacements sur le terrain depuis maintenant deux ans. La tordeuse des bourgeons d’épinette demeure sur le radar des intervenants forestiers et est maintenant visible non-seulement dans Montmagny-L’Islet, mais des foyers d’infestation ont été repérés ailleurs en Chaudière-Appalaches.
Selon le directeur de l’Agence de mise en valeur des forêts privées des Appalaches, Jean-Pierre Faucher, la progression de l’espèce semble se diriger vers le sud, et non vers l’ouest comme anticipé au départ. «Les régions de Saint-Pamphile et Sainte-Félicité sont celles les plus touchées. On a observé des papillons dans Les Etchemins, mais est-ce de la tordeuse, on ne peut pas encore le dire. Il y avait toutefois un foyer d’infestation l’an dernier, près de l’autoroute de la Beauce. Ça s’installe, jusque ça devienne épidémique. Le territoire de l’Agence de la Chaudière a été inclus dans la zone considérée épidémique par le ministère cette année», indique-t-il.
Déjà, certains commencent à réagir. «Le téléphone sonne. Certains observent que les sapins se font manger. Heureusement, le programme d’arrosage a bien fonctionné en juin, alors que plus de 1000 hectares ont été couverts dans L’Islet, ce qui va aider à contrôler la progression, surtout pour les investissements sylvicoles. Les forêts naturelles ne sont toutefois pas incluses dans le programme».
Il indique que des observations seront faites dans la région au cours des prochains jours, dont les résultats seront connus à l’automne. «On pourrait penser qu’elle sera entrée dans le secteur de Montmagny officiellement et si c’est le cas, on devra être plus restrictifs sur certains travaux et travailler davantage avec les propriétaires».
Le programme d’arrosage préventif des forêts sera toutefois élargi l’an prochain, confirme Jean-Pierre Faucher. «Nous sommes à faire signer des ententes dans Montmagny, si les densités de population sont assez fortes. Saint-Marcel vers le Bas-St-Laurent, la route 283, c’est là que c’est balayé à l’heure actuelle. C’est drôle, parce que dans Kamouraska, ce n’est pas si mal. Il faut se déplacer vers le Témiscouata pour en remarquer davantage».
Jean-Pierre Faucher aimerait d’ailleurs que le programme d’arrosage soit davantage agressif pour y inclure l’ensemble du territoire. «Il faudrait inclure tous les peuplements vulnérables. On se concentre seulement sur les plantations et les secteurs éclaircis. Inclure tout le territoire ne serait pas si dispendieux puisqu’une fois dans les airs, l’hélicoptère est déjà dans les airs et le produit n’est pas si dispendieux. On pourrait faire le pari qu’en la contrôlant mieux, on ralentirait sa progression davantage et il y aura des économies ailleurs».
Relativement à la tordeuse, il rappelle que les espèces les plus vulnérables sont le sapin, l’épinette blanche et l’épinette de Norvège. Jean-Pierre Faucher indique toutefois que d’autres prédateurs attaquent nos forêts. «C’est une grosse année à bébittes. Pour la tordeuse, il y a quelques signalements dans l’épinette, mais c’est surtout dans le sapin. On voit aussi la livrée des forêts qu’on observe généralement en Abitibi et qui va attaquer le peuplier surtout, mais on a vu un cas à Lac-Frontière où un propriétaire d’érablière ne voit plus aucune feuille dans ses arbres».
Une formation a d’ailleurs été donnée à plusieurs intervenants du milieu au printemps pour l’éveiller à la situation. Une autre formation importante, impliquant plusieurs intervenants du milieu, est aussi en préparation pour septembre.