Le directeur de la voirie de Beaulac-Garthby démissionne

Le directeur de la voirie de Beaulac-Garthby, Marquis Poulin, a remis sa démission le lundi 9 janvier. Il estime avoir fait l’objet de dénigrement de la part de son employeur à la suite de la publication des résultats d’un sondage de satisfaction réalisé en septembre dernier auprès de la population.

Pas moins de 244 personnes y ont répondu, ce qui représente 25 % des habitants de la municipalité. De manière générale, son département a obtenu d’excellents taux de satisfaction, allant même jusqu’à 92 % pour les opérations de déneigement. Or, c’est la publication des commentaires négatifs provenant des insatisfaits à l’endroit du personnel qui passe mal.

« Je suis tout à fait d’accord avec cette démarche puisqu’il s’agit d’un bel outil de travail pour améliorer les choses. Nous ne pouvons pas satisfaire et plaire à tout le monde, mais le problème c’est que l’on m’a dénigré. Ils disent que je suis lâche, que je ne suis pas un bon directeur de voirie, que je ne connais rien et que je ne suis pas travaillant. Le conseil s’est permis de distribuer ça au monde », a vivement dénoncé M. Poulin.

Parmi les commentaires inscrits dans le document, il est notamment question de lenteur pour exécuter les travaux, du congédiement des deux employés qui ne feraient que se promener au lieu de travailler, de changer l’équipe et d’engager de bons hommes travaillants. « Nous n’avons pas le droit de dénigrer les politiciens, mais eux se permettent de le faire envers leurs employés. Je considère cela comme un manque de respect », a-t-il ajouté.

M. Poulin travaillait pour la Municipalité de Beaulac-Garthby depuis les 14 dernières années. « Je n’ai jamais vu des affaires comme cela. Mes employeurs m’ont toujours protégé. Nous ne pouvons pas être parfaits. Nous corrigions le tir au besoin. Ce nouveau conseil municipal ne vaut pas cher. Il y a eu un taux d’insatisfaction de 8 %, mais ils ont publié deux pages de commentaires négatifs. »

M. Poulin qualifie cette façon de faire de destructrice. « Ce n’est pas comme cela qu’ils vont réussir à garder leurs employés. Un travailleur de la voirie a démissionné en juin. Une personne a postulé et a décidé de quitter après trois semaines. Ils ne sont pas capables de remplacer leurs travailleurs. Le climat est toxique. Même le personnel de bureau marche sur des œufs et ne dénonce pas par peur de perdre leur emploi. Le conseil en place est en train de détruire la municipalité au lieu de la construire », a-t-il dit.

Marquis Poulin admet ne pas avoir discuté de la situation de vive voix avec le maire Gilles Drolet. Il a plutôt opté pour le dépôt d’une mise en demeure à l’endroit de la Municipalité réclamant l’arrêt de la distribution des résultats du sondage en format papier et sur Internet. « Je leur ai fait parvenir le jeudi 5 janvier. Quelques minutes plus tard, le maire est arrivé au bureau municipal, est venu me souhaiter une bonne année, puis il a demandé à la secrétaire l’impression de dix copies supplémentaires pour les distribuer à la MRC des Appalaches », s’est-il désolé.

L’ancien directeur de la voirie a indiqué s’être adressé au député provincial François Jacques afin de le mettre au fait de la situation. Au moment de l’entrevue, il n’était pas en mesure de préciser la suite des choses, tout en soutenant ne pas avoir l’intention d’en rester là.

Gilles Drolet réagit

Interpellé à ce sujet, le maire de Beaulac-Garthby a d’abord rappelé l’engagement qu’il a pris au moment de sa première assemblée publique en septembre dernier. « J’avais promis aux citoyens présents que nous ferions preuve de transparence, qu’il y aurait un sondage et que l’ensemble des résultats et des commentaires y seraient inscrits. […] Il n’y a eu aucune censure. »

Il a ajouté qu’une rencontre avec M. Poulin devait avoir lieu le mardi 10 janvier à la suite de son mécontentement manifesté auprès du directeur général. « Entre temps, il a décidé de démissionner sans aucune raison et explication. Je peux comprendre qu’il puisse être choqué de certains commentaires et que d’autres employés puissent l’être aussi. Il faut comprendre que les citoyens qui les ont rédigés ont probablement vécu des expériences avec le personnel de la Municipalité ou des demandes qui n’ont pas été acceptées. Si M. Poulin avait eu la sagesse d’attendre au moment opportun pour nous rencontrer, il aurait vu la suite des choses. Chacun des secteurs d’employés analysera les résultats et commentaires du sondage. Nous élaborerons ensuite un plan d’action pour essayer d’apporter les correctifs au besoin. »

Quant à la mise en demeure acheminée à la Municipalité, M. Drolet n’y accorde visiblement pas beaucoup d’importance. « Cela nous informe d’une intention de poursuivre. Ça vaut ce que ça vaut. Mon engagement était de produire le rapport et tant qu’il n’y a pas de poursuite officielle, cela n’a aucune valeur sauf celle sur le papier sur lequel elle est écrite », a-t-il dit.

La Municipalité entend maintenant embaucher une nouvelle personne pour s’occuper du déneigement. D’ici là, une compagnie a été mandatée pour venir prêter main-forte. Le maire a assuré qu’il n’y a aucun bris de service.

Questionné une fois de plus quant au climat toxique qui sévit au sein de la Municipalité, Gilles Drolet a répondu que personne ne craint de perdre son emploi, tout en rappelant que l’ancien directeur de la voirie avait démissionné de lui-même.