Pierre Roberge : un demi-siècle d’implication pour sa région

Le Thetfordois Pierre Roberge a lancé dimanche dernier son livre «Deux passions : affaires et bénévolat» dans lequel il raconte l’histoire des nombreuses organisations dans lesquelles il s’est impliqué depuis les années 1960. Le Courrier Frontenac a rencontré cet homme passionné qui se définit avant tout comme un grand amoureux de sa région.

Il y a quelques années, il avait rédigé un livre sur l’histoire de sa famille. En écrire un au sujet de son implication devenait donc pour lui une suite logique. «Je voulais surtout rendre hommage aux bénévoles avec lesquels j’ai travaillé. Ça n’a jamais été le travail d’une personne, Pierre Roberge, parce que dans n’importe quelle organisation, les décisions se prennent en collégialité et il y a toujours des gens meilleurs que toi. Ces personnes n’ont pas toujours été reconnues comme j’ai pu l’être, donc c’était important pour moi de le faire dans ce livre. J’y ai aussi inclus beaucoup de documents et de photos puisque je conserve tout comme mon père le faisait», soutient celui qui a pris un peu plus de deux ans pour écrire cet ouvrage de 294 pages.

Comme il le dit au dos du volume, «je ne suis pas un écrivain ni un historien. Je suis simplement un homme qui aime sa ville et sa région, un homme qui aime ses concitoyens».

Pierre Roberge est né le 11 février 1939 à Thetford Mines. Il était le deuxième enfant de Hubert Roberge et Rachel Dionne. Après quelques années scolaires à Thetford, il entre au Petit séminaire de Québec pour son cours classique. Par la suite, il étudie l’administration et les finances à l’Université de Sherbrooke. Il revient ensuite dans sa ville natale afin de s’y établir et d’y travailler dans la vente de placements et d’assurance-vie. Jeune homme aventureux et amoureux de sa région, il va très vite commencer à s’impliquer dans différents organismes communautaires et à investir dans des opportunités d’affaires.

Bien qu’il affirme que celles-ci ont été aussi importantes les unes que les autres, nous avons tout de même discuté de trois implications ayant été marquantes selon lui, soit le Courrier Frontenac, la Fondation de l’hôpital et Poly-Actions.

«Les fans du Canadien de Montréal disent avoir le CH tatoué sur le cœur. Je peux certainement affirmer que Pierre a le TH de Thetford tatoué sur le sien.» – Extrait de l’une des préfaces écrite par Nicolas, le fils de Pierre Roberge

Courrier Frontenac

Deux autres journaux locaux, Le Progrès et L’Or Blanc, existaient déjà quand le Courrier Frontenac a été fondé en 1977. M. Roberge avait aussi créé deux publications de courte durée auparavant, soit Le Centre-Ville et Servex Régional, mais l’idée d’en faire un nouveau qui serait distribué dans tous les foyers de la région lui trottait dans la tête.
«Plusieurs personnes trouvaient que Le Progrès était trop négatif et semblait aimer les controverses malsaines. Nous pensions que ce serait bien s’il y avait une compétition sérieuse. J’en ai discuté avec J-Jacques Paquet, mon associé dans l’Imprimerie Edmond Desmarais, et nous nous sommes mis d’accord pour créer un journal. Je me suis beaucoup inspiré du modèle de Pierre Péladeau. Nous avions toutefois besoin d’un commanditaire majeur et c’est pourquoi John Vincent du Canadian Tire s’est joint à nous. Il avait déjà songé lui aussi à lancer un hebdo. Le tout s’est fait très rapidement, en à peine trois semaines, le personnel était au boulot dans le sous-sol de mon bureau sur la rue St-Alphonse», se rappelle-t-il.

L’idée de M. Roberge était toutefois de transférer le journal à d’autres personnes pour qu’il prenne son envol. «M. Péladeau m’avait appelé pour faire son acquisition, mais je préférais qu’il reste local. J’ai approché Lucyl Lachance et Louis St-Laurent qui travaillaient déjà au Courrier depuis ses débuts. La transaction n’a pas été compliquée. Pour moi, trois ans à être actionnaire c’était suffisant parce que je savais qu’eux seraient meilleurs pour le faire avancer».

Le lancement du livre de Pierre Roberge avait lieu au Centre de réception Mont-Granit, le dimanche 26 novembre.

Le Courrier Frontenac fête ses 40 ans cette année. Pierre Roberge est fier de voir qu’il est encore vivant et que la direction revient au bercail. «Un journal en région c’est très important et il faut que la direction soit locale. J’étais content quand j’ai vu la nouvelle de la vente. Je me suis dit, l’âme du Courrier Frontenac va revenir».

La Fondation de l’hôpital

La Fondation du centre hospitalier de la région de l’Amiante a été mise sur pied il y a 31 ans. «Le Dr Jacques Piuze m’invite à assister à une rencontre à l’hôpital en compagnie de médecins et d’hommes d’affaires, mais arrivé sur place, je me rends compte que je suis le seul homme d’affaires. Le Dr Renaud Gosselin prend la parole et me félicite d’avoir accepté la présidence. À mon tour de parler, je leur dis que ça me ferait plaisir d’aider à créer la fondation, mais que je trouverais quelqu’un d’autre. Le pharmacien Jules Roberge devient donc le premier président», précise M. Roberge.

Ce dernier croit que la fondation a été déterminante pour le centre hospitalier régional. «L’argent amassé a permis de se doter d’équipements que l’on retrouvait dans les grands établissements et ainsi de recruter des médecins spécialisés. Nous avons eu des services qui ne se trouvaient pas ailleurs en région. Nous avons aussi été le premier hôpital francophone à faire une campagne de souscription».

Poly-Actions

À la fin des années 1970, Gaëtan Théberge, comptable agréé de la firme Théberge & Daigle, approche Pierre Roberge afin de lui faire part d’une idée, celle de créer une société de capital-risque, Poly-Actions, qui viendrait en aide à des entreprises locales vivant des difficultés.

«Le déclin des mines était déjà amorcé et il fallait faire quelque chose pour ne pas perdre les emplois dans la région et en créer d’autres. Après plusieurs rencontres, 50 personnes investissent chacune 10 000 $ dans la compagnie. C’était la première fois qu’on réussissait à faire un rapprochement entre les gens d’affaires. C’était le début de la concertation. Il y a eu d’autres projets qui ont eu cet effet, mais on peut dire que Poly-Actions a contribué à la diversification économique de la région», souligne M. Roberge.

Après 21 ans d’existence, la compagnie a finalement été liquidée. «Les actionnaires et dirigeants de l’époque ont oublié de renouveler les membres, tous avaient vieilli et il n’y avait pas vraiment de sang neuf. Il faut quand même préciser que lorsqu’elle a été fondée, il n’y avait aucune promesse de rendement, mais ceux qui ont conservé leurs actions tout ce temps ont quand même obtenu un bénéfice de 7,5 %», conclut Pierre Roberge.

Le livre «Deux passions : affaires et bénévolat» est disponible au Centre d’archives de la région de Thetford, au bureau touristique et au local du patrimoine religieux au sous-sol de l’église St-Alphonse.