Plus de 900 fermes laitières ont disparu en Chaudière-Appalaches

AGRICULTURE. De 1996 à 2015, 917 fermes laitières ont fermé leurs portes en Chaudière-Appalaches. Sur 20 ans, il s’agit d’une baisse de 42,2 %.

En 1996, notre région comptait 2173 fermes laitières. L’an dernier, 1256 entreprises de ce genre étaient toujours actives.

C’est la MRC de Bellechasse qui a subi les plus grandes pertes avec 206 fermetures (- 43 %). Ce territoire regroupait 479 fermes en 1996 comparativement à 273 fermes en 2015.

Lotbinière et la Nouvelle-Beauce arrivent en deuxième et troisième places avec 160 et 128 fermes disparues du paysage. Pour sa part, la MRC des Appalaches a perdu 68 fermes laitières (-37,4%), passant de 182 à 114.

Insécurité et relève

L’insécurité du métier de producteur laitier est un facteur qui expliquerait cette importante diminution selon Paul Doyon, président de l’UPA Chaudière-Appalaches.

«Toutes les ententes internationales visant la gestion de l’offre, ça pousse certains producteurs à vendre leur ferme. On n’a qu’à penser à l’entente avec l’Europe pour l’importation de fromages fins et la signature prochaine du Partenariat transpacifique», précise-t-il.

Le manque de relève viendrait aussi compliquer le portrait, même si le secteur laitier est moins touché que les autres domaines agricoles.

«Quand un producteur veut prendre sa retraite et qu’il n’a pas de relève, d’autres producteurs peuvent racheter son quota. Le troupeau moyen est maintenant de 65 vaches. On est loin des grosses fermes de 1000 vaches comme aux États-Unis», de dire Paul Doyon.

De nombreux programmes d’éducation existent en Chaudière-Appalaches ou près de chez nous pour former les agriculteurs de demain. Selon M. Doyon, ces derniers sont essentiels pour garder nos jeunes ici et assurer cette relève.

«Il y a le Centre de formation agricole à Saint-Anselme, mais aussi la technique en gestion d’entreprise agricole au Cégep Lévis-Lauzon et la Maison familiale rurale du Granit à Saint-Romain. La Pocatière est proche aussi avec l’Institut de technologie agroalimentaire», dit-il.

Étalement urbain

Si le nord de Chaudière-Appalaches possède plus de fermes laitières, c’est notamment en raison de sols plus fertiles que dans le sud de la région. Cela permet de mieux nourrir les vaches avec des semences augmentant la production de lait.

Cependant, la proximité de la ville de Québec amène un important phénomène d’étalement urbain rapetissant le champ d’action de certains producteurs qui préféreront fermer boutique.

«On l’a clairement vu à Lévis, mais ça touche aussi Bellechasse, Lotbinière et la Nouvelle-Beauce. Il faut constamment négocier avec les MRC pour éviter de perdre du zonage vert, surtout que le gouvernement interdit l’accroissement des superficies en culture depuis 2004 à cause des problèmes de phosphore dans les cours d’eau», ajoute Paul Doyon.