Plus qu’un métier, une passion

Travailler jusqu’à 80 heures par semaine et gérer sa propre entreprise tout en étant parfois victimes des caprices du marché n’est pas de tout repos. Toutefois, pour Normand et Patrick Landry, propriétaires de la ferme de production laitière Normaline, il s’agit d’une véritable passion.

À la suite d’un investissement important de plus d’un demi-million de dollars qu’ils ont fait cet été dans leur ferme située sur le 13e rang à Kinnear’s Mills, le père et le fils souhaitent que cela les propulse en avant.

«Si tu n’avances pas, tu recules, souligne Normand Landry. Ne pas avoir eu de relève, je ne l’aurais pas fait. J’avais déjà investi dans un agrandissement en 1999. Je voulais continuer ce que mon père avait commencé et là c’est fiston qui fait la même chose à son tour.»

La terre sur laquelle la ferme Normaline est située a été achetée par le père de Normand, Jules Landry, en 1957. L’agrandissement qui vient de se compléter est donc le deuxième projet de cette envergure à y être effectué.

«Nous avons fait une rallonge d’étable parce que nous manquions d’espace. Nous avons maintenant 40 vaches de plus que les 53 que nous avions déjà. Nous avons aussi ajouté 30 places pour les animaux de relève. En étant deux personnes dans l’entreprise, nous pouvons prendre de l’expansion. Il faut aussi suivre ce que les autres font», soutient Patrick.

Selon eux, il s’agit d’un gros investissement pour une entreprise comme la leur. «Pour bien dormir la nuit, c’était assez. Si nous avions ajouté 300 000 $ à 400 000 $, peut-être que nous serions tombés moins à l’aise. Même dans nos pires projections, nous devrions bien nous en sortir. Nous savons que si nous n’y arrivons pas, il y en a beaucoup d’autres pour qui ça ne sera pas le cas aussi», souligne Patrick.

«Notre domaine c’est beaucoup de gestion aujourd’hui. Il faut toujours calculer. Nous faisons partie d’un syndicat qui nous a aidés à monter notre projet et voir où nous nous en allons dans l’avenir avec cet endettement», ajoute Normand.

Une passion

Normand et Patrick Landry sont catégoriques, il faut avoir la passion pour faire ce métier. «Tu ne peux pas compter tes heures. Quand il y a quelque chose à faire, il faut que tu le fasses, mais ça ne me dérange pas, j’aime ça. Chaque jour est différent. J’ai été cinq ans sur le marché du travail et je ne changerais plus jamais. Il faut le vivre pour comprendre», raconte Normand.

Même son de cloche du côté de son fils. «J’ai toujours voulu faire ça, mais en secondaire 5 mes parents m’ont dit d’aller voir ailleurs pour être sûr. Quand je suis arrivé à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, je me suis rendu compte que c’est vraiment ce que je voulais faire. J’ai obtenu un diplôme en gestion et exploitation d’entreprise agricole. C’est terrible le nombre de connaissances que nous devons avoir. Nous devons avoir des bases en tout: mécanique, plomberie, génétique et comptabilité. Mon père est meilleur en machinerie et moi j’aime mieux la génétique et m’occuper des animaux, nous nous complétons bien.»

Enfin, pour ce qui est de la santé de leur domaine, Patrick avoue que ces temps-ci, les marchés sont plutôt mauvais pour eux. «Le prix du lait est bas en raison des importations de lait diafiltré des États-Unis. Je ne connais pas le sujet très bien, mais pour notre part, nous sommes capables de vivre avec ça alors que d’autres auront peut-être plus de difficultés», conclut-il.