Plusieurs abolitions de postes au CISSS de Chaudière-Appalaches

Des syndicats dénoncent de nombreuses abolitions de postes au sein du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA). Celles-ci sont attribuées aux compressions budgétaires annoncées à la fin de l’année 2024.

Texte de Claudia Fortier et Sébastien Roy

Le 16 janvier, l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) déplorait que ces coupures allaient toucher une trentaine de ses membres, principalement la première ligne du secteur de la santé mentale et de la jeunesse. « Cela concerne des intervenants travaillant directement auprès des gens dans la communauté, en assurant notamment des suivis individuels, des évaluations de situation à risque, des évaluations psychosociales et des suivis de sortie d’hospitalisation », a précisé la présidente locale de l’APTS de Chaudière-Appalaches, Nathalie Trottier.

Le 22 janvier, c’était au tour de la section locale du Syndicat québécois des employées et employés de service associé à la FTQ (SQEES-FTQ) de s’inquiéter de la suppression d’une centaine de postes parmi le personnel paratechnique, des services auxiliaires et de métier (catégorie 2). « Les travailleuses et les travailleurs visés par ces compressions constituent la base indispensable de notre système de santé. Ils assurent des services essentiels, souvent invisibles, mais cruciaux, pour garantir des soins de qualité », a expliqué Karine Hudon, présidente du syndicat local du CISSS-CA affilié au SQEES-FTQ.

De son côté, le CISSS-CA ne voulait pas accorder d’entrevue pour le moment en raison d’une « séquence de communication à l’interne » pour atteindre l’équilibre budgétaire. « Par respect pour nos employés et nos instances internes, […] nous n’irons pas plus loin à ce moment-ci sur la place publique, tant que cette séquence de communication ne sera pas complétée », a indiqué par courriel Dominique Lessard, relationniste au CISSS-CA.

Elle a ajouté que de nouvelles mesures d’équilibre budgétaire devaient être appliquées, incluant l’abolition de postes de titulaires. « Nous sommes conscients de la situation difficile que cela représente pour notre personnel et de l’inquiétude que cela peut susciter […]. Nos employés sont importants, c’est pourquoi nous espérons garder le plus de personnes possible en leur offrant un autre emploi, un quart de travail différent ou dans un autre service », a-t-elle écrit, mentionnant que les employés concernés seront soutenus.

Le CISSS-CA assure que la population continuera de recevoir des soins et services de qualité, qu’aucune installation ne fermera et que l’offre de services est maintenue. Il prévoyait une sortie publique vendredi dernier. D’autres postes seraient aussi visés par ces coupures.

« De belles promesses dans le vide »

L’APTS déplore que malgré la promesse du ministre responsable des services sociaux Lionel Carmant de réduire les listes d’attente en santé mentale, c’est ce service qui écope. « C’étaient encore de belles promesses dans le vide! Entre les paroles du ministre et les consignes de compressions budgétaires de l’agence Santé Québec, nous ramons à contre-courant », dénonce la représentante nationale de l’APTS de Chaudière-Appalaches, Mélanie Lapointe.

Cette dernière qualifie par la même occasion Santé Québec de « paravent pour le ministère [de la Santé et des Services sociaux] pour se déresponsabiliser des décisions prises ».

D’après le syndicat, il faut plutôt réinvestir dans le réseau public au lieu de couper les dépenses. Il suggère de s’attaquer aux mesures d’évasion fiscale et au mode de rémunération des médecins, puis d’implanter un régime public et universel de médicaments, tout en mettant en place un bouclier budgétaire pour le réseau de la santé et des services sociaux.

L’APTS a mentionné continuer ses représentations auprès du CISSS-CA sur une base quotidienne pour minimiser l’impact sur ses membres et les services à la population. Elle n’exclut pas d’autres mobilisations pour contrer les compressions budgétaires.

L’avenir des soins en péril

Pour sa part, le syndicat local du SQEES-FTQ a soutenu que ces coupures mettent en péril l’avenir des soins offerts à la population de la région. Selon lui, cela aura un impact sur des services indispensables tels que l’hygiène et la salubrité, l’entretien des installations, la préparation des repas, le nettoyage de la lingerie, la stérilisation des instruments chirurgicaux, la préparation des médicaments, le transport des usagers, les soins de proximité, le soutien à domicile, le soutien aux équipes, la sécurité des usagers et des installations, les besoins des jeunes ainsi que les besoins de réadaptation des usagers.

« Ces titres d’emploi ne sont pas de simples fonctions, ils représentent le cœur du système. Chacun de ces rôles est nécessaire pour s’assurer que les soins soient humains, sécuritaires et efficaces. Loin d’être anodines, ces coupures auront un impact direct sur la qualité des soins et sur les travailleuses et les travailleurs qui restent en poste, eux qui devront composer avec une surcharge de travail dans des conditions déjà difficiles. Ceci n’est pas sans compromettre la sécurité des usagers, tout en fragilisant un réseau déjà sous pression », a dénoncé Karine Hudon.

Nouveau poste de gestionnaire

Sur sa page Facebook, le syndicat local du SQEES-FTQ déplorait par ailleurs que des postes essentiels soient sacrifiés « pendant que la direction crée de nouveaux fauteuils pour ses gestionnaires ». Une note de service datant du 22 janvier et publiée sur sa page annonçait la décision du CISSS-CA de modifier la structure administrative de la Direction des soins infirmiers en la scindant en deux directions distinctes, créant ainsi un nouveau poste de gestionnaire. « Ces changements visent à améliorer le bon fonctionnement de notre établissement au bénéfice de la clientèle que nous desservons », indique-t-on sur la note signée par le PDG du CISSS-CA, Patrick Simard.