Réforme du système de santé : moins de pouvoirs aux régions?

L’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) et sa directrice générale, Diane Lavallée, s’opposent vivement au projet de loi 10 annoncé récemment par le ministre Gaétan Barrette. Selon eux, cette réforme aura pour effet de retirer la voix de la population quant à l’offre de service sur son territoire.

« Nous sommes en train d’analyser le projet de loi 10. À première vue, il y aura une perte importante de la participation citoyenne et un grand recul pour les régions ayant des établissements de santé sur leur territoire. Désormais, des endroits tels que Thetford Mines, Saint-Georges et Lac-Etchemin n’auront que des points de service et aucun pouvoir décisionnel », affirme Mme Lavallée.

En effet, dans la réforme de M. Barrette, on annonce la fusion de 180 services administratifs pour n’en conserver qu’un seul par région. Les décisions quant à l’offre de service de santé dans toute la région des Appalaches, de la Beauce et des Etchemins seront prises à Sainte-Marie-de-Beauce.

À l’heure actuelle, à Thetford Mines et Lac-Etchemin, il y a un conseil d’administration composé de bénévoles siégeant sur l’instance qui décide des services offerts. La réforme abolit donc ce palier. « Les établissements qui sont là n’existeront plus, il n’y aura plus de conseils d’administration avec des représentants de la population pour faire entendre la voix des citoyens quant aux meilleurs services qui pourraient être offerts dans leur région », explique la directrice générale de l’AQESSS.

Selon elle, même si à priori, les soins ne devraient pas être touchés, l’éloignement et la complexité de la nouvelle structure administrative n’aideront en rien l’offre de service. « Tout sera concentré dans une super structure bureaucratique qui sera loin de la population pour laquelle elle prendra des décisions. On dit qu’on abolit les agences, mais en réalité, on crée une plus grosse structure régionale. Il n’y a pas beaucoup d’économies à faire là », soutient-elle.

Par ailleurs, selon le ministre Barrette, le projet de loi 10 contribuera à faire des économies d’au moins 220 millions $ par année pour l’État québécois. La directrice générale de l’AQESSS est toutefois septique quant à cette annonce. « Oui, il y aura moins de cadres qu’avant, mais avec la grosse structure qui sera créée, il reste un doute quant au potentiel d’économies. »

La santé et la démocratie

Diane Lavallée affirme également être inquiète pour la démocratie en santé alors que les membres du conseil d’administration de la nouvelle gouvernance seront choisis par le ministre. « C’est inquiétant quand on sait que des changements de gouvernement, ça arrive. Est-ce que lorsqu’un nouveau gouvernement arrivera au pouvoir, il y aura un changement des personnes en place? Le réseau de la santé requiert de la stabilité. »

Bien que l’AQESSS rejette du revers de la main une bonne partie du projet de réforme, elle ne s’oppose toutefois pas aux fusions de certains établissements. « Nous sommes bien conscients que le statu quo n’est pas la solution. Nous ne sommes pas contre certaines fusions. Nous ne voulons juste pas que l’administration des établissements de santé soit politisée davantage et nous désirons aussi qu’il y ait une voix citoyenne qui demeure », conclut Mme Lavallée.

Projet de loi 10

 

Points saillants:

 

– L’abolition des 18 agences de santé et de services sociaux de la province.

– La fusion de 180 services administratifs pour n’en conserver qu’un seul par région, sauf dans la région de Montréal.

– Des économies d’au moins 220 millions $ par année pour l’État québécois, selon le ministre Gaétan Barrette.