Réhabilitation du chemin de fer : mise en service prévue à l’automne 2025
Le projet de retour du train de marchandises entre Vallée-Jonction et Thetford Mines continue de faire son chemin. La vice-première ministre et ministre des Transports Geneviève Guilbault a confirmé, lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 28 juin à Tring-Jonction, un investissement total de 440 millions $ pour la réhabilitation complète du chemin de fer Québec Central ainsi qu’une mise en service à l’automne 2025.
Rappelons que 106 millions $ avaient déjà été annoncés en mars dernier pour le lancement des appels d’offres visant l’achat de rails et la réalisation des travaux préparatoires, dont la reconstruction du pont ferroviaire au-dessus de la rivière Chaudière à Vallée-Jonction qui s’amorcera très bientôt.
En plus des travaux sur la voie, le projet d’une distance de 58 kilomètres nécessitera la reconstruction de 17 ponts ferroviaires, le remplacement de 102 ponceaux et la réfection de 40 passages à niveau. Le chantier sera séparé en huit lots, dépendamment du type de travaux. Le ministère des Transports a de plus confirmé que ceux prévus dans le secteur de Thetford Mines devraient commencer prochainement.
La ministre Guilbault a exprimé à quel point ce projet tenait à cœur aux intervenants politiques et économiques de la région. « Ça fait très longtemps que nous en parlons et qu’il y a une volonté ici. Même lorsque je n’étais pas ministre des Transports, je venais dans les circonscriptions de mes collègues et c’est un projet dont on me parlait souvent. »
Elle a par ailleurs invité les entreprises locales à soumissionner sur les appels d’offres qui seront lancés cet été.
La députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, a pour sa part rappelé que cela fait plus de 20 ans que des gens travaillent afin de faire avancer le dossier. « C’est bon pour nos entreprises déjà existantes, mais aussi pour celles qui sont intéressées à s’installer chez nous. Je pense entre autres à la valorisation des résidus miniers qui représente plusieurs centaines de millions de dollars en investissements à venir. Je suis vraiment heureuse de cette annonce. »
Le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, a souligné la nouvelle dimension économique qu’apportera la réhabilitation de la voie ferrée localement. « Le train a servi à développer nos régions et nos municipalités. Par exemple, à l’époque, la gare de Tring était une jonction entre Lévis, Lac-Mégantic et Thetford Mines. Ce projet va créer une richesse chez nous. C’est une nouvelle extraordinaire. »
ÉCONOMIE ET ENVIRONNEMENT
Selon le gouvernement, la réhabilitation du chemin de fer Québec Central aura des impacts positifs sur deux axes majeurs, soit l’économie et l’environnement. Une analyse préliminaire indique en effet que le projet ajoutera de façon durable 50 millions $ au produit intérieur brut (PIB) de la province. Il prévoit aussi des retombées économiques d’environ 250 millions $ et la création de 1100 emplois à temps plein durant les travaux.
Geneviève Guilbault a de plus indiqué que cela permettra de réduire les gaz à effet de serre (GES) liés au transport commercial. Elle a expliqué que pour la même quantité de marchandises, le train génère 2,9 fois moins de CO2 (dioxyde de carbone) que le camion. Selon l’Association des chemins de fer du Canada, une locomotive peut transporter une tonne de marchandises sur plus de 220 kilomètres avec un seul litre de carburant et retirer jusqu’à 300 camions des routes. La voie ferrée pourra accueillir jusqu’à 10 000 wagons par année.
« C’est un projet durable, viable, porteur, environnemental et compétitif. Si nous voulons attirer des entreprises, il faut que ces gens aient l’impression que ce sera efficace et que nous allons bien servir leurs besoins. Plusieurs d’entre elles ont déjà levé la main disant souhaiter se connecter au chemin de fer », a ajouté la ministre.
Rencontrée sur place, la directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de la région de Thetford, Suzanne Lacombe, a mentionné qu’encore beaucoup d’entreprises de son territoire attendent impatiemment le retour du train. « Je crois que la journée où il sera sur les rails, cela va créer d’autres besoins puisqu’il y en a qui n’ont pas osé s’avancer jusqu’à maintenant. Il y a aussi des gens qui n’y croient pas encore. »
Guy Bérard, président de la Société Asbestos, et David Lemieux, président de KSM, étaient aussi deux spectateurs attentifs lors de cette annonce puisque le retour du train est essentiel à l’avenir de leurs entreprises respectives.
« Pour nous, avec les montagnes de résidus miniers et le nombre de tonnes qu’elles représentent, sans avoir une voie ferrée ce sera très difficile de faire des projets intéressants », a affirmé M. Bérard.
Plusieurs annonces entourant la revalorisation des résidus miniers pour les transformer en produits à valeur ajoutée devraient avoir lieu dans les prochaines années. L’entreprise travaille notamment avec des sociétés souhaitant faire la captation de CO2. Ces projets sont censés être écoresponsables, donc le transport routier viendrait défaire cet objectif. « La carboneutralité est beaucoup plus facile à atteindre avec le train », a précisé M. Bérard.
De son côté, David Lemieux a souligné que sans le train, le projet d’usine de production de fertilisants à l’ancienne mine Carey entre Tring-Jonction et Sacré-Cœur-de-Jésus ne sera pas viable. « Nous avons absolument besoin du chemin de fer pour amener notre matière première pour que ce soit économiquement intéressant. »
SÉANCES D’INFORMATION À VENIR
Des séances d’information seront organisées prochainement dans les secteurs concernés. Une première rencontre de ce genre a eu lieu en mai à Vallée-Jonction, mais d’autres sont à venir, notamment à Thetford Mines. Ces séances permettront aux responsables de présenter le projet et les travaux à la population en plus d’entendre les préoccupations.
UNE SUITE AU PROJET?
Questionnée quant à la possibilité que la réhabilitation du chemin de fer Québec Central se prolonge jusqu’à Sherbrooke, Geneviève Guilbault a soutenu que dans le mandat actuel, ce qui est prévu est de compléter le tronçon jusqu’à Thetford Mines. Elle n’a toutefois pas fermé la porte à une possible suite.
Enfin, concernant le transport de passagers, la ministre a indiqué que des discussions très préliminaires à ce sujet avaient eu lieu et, de ce côté aussi, elle n’a pas fermé la porte à ce que le projet soit bonifié dans le futur.