Samuel, un ado dans un monde d’adulte

THETFORD. Dans le cadre de son travail, l’agente aux affaires publiques et aux relations communautaires à la Sûreté municipale, Annie Gilbert, est appelée à intervenir régulièrement auprès des jeunes de moins de 18 ans de la région. Samuel, cet adolescent type qui fréquente l’une des deux écoles secondaires de son territoire, elle le connaît bien et a accepté de nous parler de lui.

Mme Gilbert dit reconnaître ici l’ado présenté par TC Media, mais elle est d’avis qu’il ne faut pas caricaturer et mettre tous les jeunes dans le même panier. « Je crois que l’adolescent d’aujourd’hui a beaucoup de problèmes d’adultes auxquels il ne devrait pas avoir à faire face, notamment lorsqu’on parle des stupéfiants », commence-t-elle.

« Samuel est un jeune qui veut expérimenter, mais qui banalise la marijuana. Il compare pratiquement cette substance à une bière en disant que cela procure un effet relaxant », ajoute celle qui constate également une hausse de la consommation de méthamphétamines chez les adolescents thetfordois.

Les comprimés seraient trop accessibles, plus faciles à transporter, peu coûteux et sont inodores, comparativement au cannabis qui est facilement détectable. « C’est normal d’expérimenter des choses, mais est-ce que c’est normal de fumer son premier joint derrière l’école et ensuite se rendre à son cours intoxiqué? Ça, c’est une autre histoire », a indiqué l’agente qui est même déjà intervenue auprès de jeunes du primaire pour la consommation de stupéfiants.

Samuel conduit son bolide

Les policiers de Thetford Mines interviennent régulièrement auprès des jeunes sur la route. « Des adolescents soumis à la tolérance zéro en matière d’alcool et qui sont interceptés, oui, nous en voyons quelques-uns par année », a fait savoir Annie Gilbert, selon qui les publicités de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) portant sur la vitesse ou la conduite en état d’ébriété auraient peu ou pas d’influences sur le comportement de Samuel.

« J’ai constaté que le documentaire Dérapages de Paul Arcand a beaucoup plus d’effets sur les jeunes de la région puisque ce sont des histoires réelles. J’ai été obligé d’adapter ma documentation afin de présenter des faits vécus pour les sensibiliser, parce que ça les interpelle davantage », de préciser Mme Gilbert.

Les dangers d’être branché

La policière ne croit pas que l’adolescent type d’aujourd’hui peut se passer de son téléphone et de ses jeux vidéo. Plus inquiétant encore, il découvre de plus en plus la sexualité derrière un écran d’ordinateur.

« Il peut y avoir un danger par rapport à cela puisqu’on ne connait pas la personne à l’autre bout. Tout est de plus en plus virtuel! À Thetford Mines, j’ai remarqué que Samuel pouvait avoir des relations sexuelles à distance. Nous avons été obligés de gérer quelques situations du genre où une personne avait capturé des images et menaçait de les partager à ses contacts. »

Mme Gilbert estime qu’il y a beaucoup plus de cas dans la région que ce qui est rapporté. L’adolescent n’oserait pas en parler par gêne de devoir se déplacer au poste de police afin de raconter son histoire. À 14 ou 16 ans, ce n’est certainement pas quelque chose dont on veut parler à nos parents et encore moins à la police.

Sur la bonne voie

Les parents de Samuel peuvent donc se réjouir, car leur enfant n’est pas bien loin du droit chemin dans ce passage obligé que représente l’adolescence. La région de Thetford a aussi la chance de ne pas être confrontée aux gangs de rue, comme c’est le cas à Montréal.

De plus, les écoles d’ici mettent en place beaucoup d’activités parascolaires pour occuper les élèves, mais il faut que les parents y croient. « Les directions d’écoles s’impliquent auprès des jeunes et ça fait une grosse différence. Il ne faut pas avoir peur de montrer que nous sommes là pour nos ados », a conclu Annie Gilbert.