Une technologie d’ici pour favoriser la production de minerais plus propres

La compagnie Dundee Technologies durables, dont le centre technique est situé à Thetford Mines, travaille à mettre au point un processus visant à isoler les déchets d’arsenic omniprésents dans l’exploitation minière et à les emprisonner dans du verre stable et non toxique.

La technologie sera mise au point dans une usine de Namibie en Afrique australe et pourra être intégrée aux opérations minières existantes, non seulement au Canada, mais à travers le monde. Elle favorisera la production de minerais plus propres à partir des gisements et pourrait même être utilisée pour nettoyer les mines abandonnées qui contiennent des déchets menaçant l’écosystème.

L’entreprise vient d’ailleurs d’obtenir du gouvernement fédéral une subvention de 1,2 million $ pour son projet, dont les coûts tournent autour des 5 millions $.

«Présentement dans le monde, et au Canada également, il y a beaucoup de résidus toxiques qui sont associés avec l’industrie minière et c’est un problème qui va en augmentant. Le professeur Jean-Marc Lalancette qui a cofondé Dundee a développé une nouvelle approche afin de pouvoir stabiliser ces résidus», a mentionné le directeur de projet, Gabriel Garcia-Curiel.

Le directeur de projet Gabriel Garcia-Curiel, le maire Marc-Alexandre Brousseau, la ministre fédérale Marie-Claude Bibeau, et le président et chef de la direction de Dundee Technologies durables Brian Howlett

L’aide accordée par le gouvernement permet maintenant à l’entreprise, après des essais pilotes, de démontrer la technologie à une échelle plus industrielle. «Nous pouvons passer à une autre étape. Toute technologie doit faire ses preuves, surtout dans l’industrie minière qui est assez conservatrice. Un effort est quand même en train d’être fait. Les travaux de mise au point nous permettront d’ouvrir des portes au Canada et ailleurs dans le monde», a ajouté M. Garcia-Curiel.

Il a également indiqué que l’entreprise est rendue à l’étape de l’ingénierie et que celle-ci entrera par la suite dans la fabrication de l’usine qui sera montée de manière modulaire à même les installations de Dundee. «Nous travaillons beaucoup en partenariat avec les Industries Fournier de Thetford Mines, ainsi qu’avec d’autres intervenants locaux. Nous pouvons dire que c’est un projet de la région.»

L’idée de séquestrer l’arsenic dans du verre est née au tournant des années 2010. «La vitrification existe déjà, par exemple dans l’industrie nucléaire. Les Allemands ont mis cette technologie au point. Nous appliquons cela maintenant sur l’industrie minière et nous sommes les seuls à détenir cette technologie», a pour sa part confié Romain Barbaroux, chimiste en recherche et développement chez Dundee Technologies durables.

Le verre utilisé pour emprisonner l’arsenic.

Ce dernier estime que la présence d’arsenic est très préoccupante. «Toutes les normes environnementales tournent autour de cela. Malheureusement, quand nous mettons en place des procédés miniers, nous mobilisons également d’autres métaux comme le bismuth, l’antimoine et le thallium qui est très dangereux. Lorsqu’ils passent dans la technologie de Dundee, nous les séquestrons aussi.»

Les deux hommes sont d’avis qu’en plus d’avoir des impacts sur l’environnement, la présence des déchets miniers joue un rôle important sur l’économie. «De l’Abitibi jusqu’aux Territoires du Nord-Ouest, nous avons l’une des plus grandes minéralisations au monde où l’on retrouve beaucoup d’or, d’argent et de métaux qui ont une valeur très élevée. Souvent, leur exploitation n’est pas facile parce qu’il y a des résidus toxiques reliés à ça. La question est, qu’est-ce que l’on fait de ces autres choses? Il y a du potentiel économique pour tout le Canada avec cette technologie», a souligné M. Garcia-Curiel.