Un contrat de pelouse qui dérange

THETFORD. Le Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS) a confié l’entretien des pelouses de ses établissements de la région de Thetford à une compagnie à numéro de Lévis. Celle-ci recevra une somme de 28 500 $ avec une année d’option.

Depuis l’été 2013, ce mandat était réalisé par l’entreprise Maxi-Vert de Thetford Mines. Son propriétaire, Marcel Duclos, a admis au Courrier Frontenac être très déçu de ne pas avoir remporté de nouveau ce contrat.

«Le CISSS a décidé d’inscrire l’appel de soumissions dans le Système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec (SEAO), alors qu’avant, le tout se faisait par une invitation locale. Quand il est question de soumissions en bas de 100 000 $, ils ne sont pas obligés de passer par ce site. L’entrepreneur de Lévis n’achète pas de l’essence à Thetford Mines, ne mange pas, ne vit pas et ne paie pas de taxes ici», a déploré M. Duclos.

Ce dernier a ajouté que le contrat qu’il a perdu représentait le tiers de son chiffre d’affaires. Il a d’ailleurs été obligé de remercier deux de ses employés. «Nous étions cinq à faire le travail à l’hôpital. L’an prochain, probablement que je vais devoir garder seulement un de mes hommes parce que je suis équipé pour faire de grandes surfaces. C’est certain que ça me désorganise. Lorsque je ferai mon bilan à la fin de l’été, s’il y a moins d’argent dans le compte que lorsque j’ai commencé, je n’aurai pas le choix de diminuer mes activités», a dit le propriétaire de Maxi-Vert.

Il a d’ailleurs confié que ce secteur d’activité devient de plus en plus difficile à Thetford Mines. «Chez Hydro-Québec, ça fait des années que ce sont des gens de la Beauce qui y vont. Nous essayons de soumissionner pour eux, mais nous ne sommes jamais corrects. L’entreprise de Lévis qui fait l’hôpital a aussi eu le contrat au palais de justice. Par contre, je vous dirais que le plus grand compétiteur pour ceux qui tondent les pelouses ici, c’est la Ville. Elle pourrait y aller en sous-traitance au lieu d’engager des employés permanents. Ça reviendrait moins cher», a-t-il déclaré.

Conserver les emplois

La présidente du Syndicat des travailleurs et travailleuses du Centre de santé et de services sociaux de la région de Thetford, Lyna Marois, déplore elle aussi la situation. «Le CISSS aurait pu lancer son appel de soumissions par sous-régions afin que nous puissions garder nos emplois. Si tout s’en va dans des achats en commun et que c’est Lévis ou la Beauce qui récoltent tout, c’est de l’argent de moins pour nos travailleurs. Les gens ici sont aussi capables de travailler.»

La position du CISSS

Après avoir formulé une demande d’information auprès du département des communications du CISSS, la porte-parole Mireille Gaudreau a indiqué que «comme le prévoit le Conseil du trésor, un appel d’offres public a été réalisé en juin 2015 par l’équipe de la Direction des services techniques du secteur de Thetford. Le contrat a été octroyé au plus bas soumissionnaire, tel que prescrit par les règles d’approvisionnement».

Elle ajoute que «les entreprises locales ne sont pas défavorisées, au contraire. Par contre, elles sont toutes invitées à soumissionner sur l’ensemble des appels d’offres liés à leur domaine respectif, ce qui veut dire qu’une entreprise de Thetford Mines pourrait très bien en remporter un à Lévis, Saint-Georges ou ailleurs dans le CISSS».

Mme Gaudreau précise enfin que «l’établissement applique les règles en la matière en toute équité pour le plus bas soumissionnaire».