Une retraite bien méritée pour le capitaine Jocelyn Fortier

Le capitaine aux opérations incendie à la Ville de Thetford Mines Jocelyn Fortier s’est présenté à la caserne de la rue Caouette pour une dernière fois, le vendredi 29 septembre. Il a décidé de tirer sa révérence après 46 ans de bons et loyaux services.

Le Courrier Frontenac l’a rencontré sur place en fin d’après-midi. Plusieurs collègues, amis et membres de sa famille s’étaient déplacés pour souligner son départ. « C’est un très grand jour pour moi. C’est mémorable. Je suis entré en fonction comme pompier le 17 mai 1977. Les années passent et nous n’en avons même pas connaissance », a-t-il confié.

M. Fortier a amorcé sa carrière à la Ville de Black Lake à titre de pompier volontaire. Il est parvenu à grimper les échelons pour devenir capitaine. Il a été transféré à Thetford Mines lors de la fusion municipale survenue en 2001. 

« Je peux vous dire que la passion envers ce métier n’a fait que grandir. Mon père a été pompier pendant une trentaine d’années et mon frère pendant une douzaine d’années. Dès que j’ai eu l’âge pour le faire, j’ai postulé à mon tour et cela a fonctionné. J’ai toujours été attiré par l’adrénaline que cela nous procure ainsi que par le désir de servir la population et répondre aux appels d’urgence », a-t-il ajouté.

Au cours des 46 dernières années, Jocelyn Fortier a été témoin d’un métier en constante évolution. « Nous ne travaillons pas avec les mêmes méthodes ni les mêmes outils. Seulement du point de vue des communications, nous avions à l’époque des sonnettes dans nos maisons. Aujourd’hui, nous utilisons des cellulaires. À la fin des années 1970, nous n’avions qu’un seul camion pour transporter tous les équipements et nos habits, tandis que maintenant nous en avons plusieurs. »

L’incendie majeur survenu en septembre 1977 à Black Lake alors qu’il amorçait à peine sa carrière a été un moment marquant. « Le feu avait pris naissance dans un vieil immeuble à logements. Six ou sept maisons ont été détruites et deux enfants ont perdu la vie. Ce fut l’un de mes premiers gros incendies. J’ai arrosé pendant 36 heures. Selon moi, un événement comme celui-là ne pourrait pas se reproduire de nos jours, surtout pas avec les équipements que nous avons, la quantité d’eau disponible et les méthodes de travail de nos pompiers. »

Le nouveau retraité admet avoir un pincement au cœur de quitter sa deuxième famille. « Je n’aurais jamais pensé arrêter, mais la maladie a joué en faveur de cette décision. Les amis, c’est incroyable à quel point c’est important dans une vie et dans un milieu de travail. J’en ai vu passer du monde. Nous avons toujours mis nos différends de côté. Je qualifie les 46 dernières années d’extraordinaires. Je m’estime chanceux d’avoir vécu avec tous ces gens-là. Ils en ont fait beaucoup pour moi. »

Selon lui, le service incendie peut compter sur une belle relève. « Les gars sont très bien formés, mieux que nous à l’époque. Je leur conseille de demeurer prudents parce que le danger nous guette tout le temps et de continuer à écouter leurs supérieurs qui ont leur sécurité à cœur. Ils ont un beau métier qui est respectable, respecté et apprécié par les citoyens. Ils ont aussi une direction formidable. Je leur souhaite bonne chance et je leur dis de faire attention à eux. »

Pour le directeur Kyle Landry, le service perd un très gros morceau. « Nous sommes heureux pour Jocelyn, mais il possède une expérience que nous ne pouvons pas remplacer. Il a été un collègue de travail loyal et authentique. Il était tout le temps présent. Si nous avions besoin de quelqu’un pour faire de la garde une fin de semaine, il était toujours le premier à lever la main. Il pouvait annuler des vacances pour demeurer sur le territoire et répondre aux appels d’urgence. Il avait le citoyen au cœur de ses priorités. »