La prison discontinue pour Christian Nadeau

SAINT-FERDINAND. Un total de 90 jours de prison à purger de façon discontinue, de même de 180 heures de travaux communautaires à exécuter, voilà notamment la peine imposée par le juge Jacques Trudel de la Cour du Québec à Christian Nadeau, 48 ans, de Saint-Ferdinand.

Nadeau avait reconnu sa culpabilité, le 27 novembre, à une accusation de conduite avec les capacités affaiblies causant des lésions à un signaleur en lui heurtant la main sur un chantier, le 29 janvier 2013, sur la route 165 à Plessisville.

Ce matin-là alors qu’il se rendait à une maison de thérapie à Thetford Mines, Christian Nadeau se trouvait dans un état d’ébriété très avancé, ayant un taux d’alcoolémie se situant à 320 mg d’alcool par 100 ml de sang, c’est-à-dire quatre fois la limite légale.

En plus de la peine de détention discontinue et des travaux communautaires, le juge Trudel a imposé à Nadeau une interdiction de conduire pendant deux ans, en plus d’une période de probation de deux ans avec un suivi de 18 mois.

«Vous devrez suivre toutes les directives de votre agent de probation. De plus, vous devrez continuer de fréquenter les Alcooliques anonymes au moins une fois par semaine», lui a indiqué le magistrat tout en lui interdisant, pendant ce suivi de 18 mois, de consommer toute boisson alcoolique et de se trouver dans tout débit de boisson, à l’exception d’un restaurant pour y consommer un repas.

Explications du juge

En faisant connaître sa décision, le juge Jacques Trudel a rappelé que, même si les médias ont rapporté certaines diminutions du nombre de décès et de blessés relativement à l’alcool au volant, le problème demeure. «La conduite avec les capacités affaiblies reste un crime fréquent qui engendre des dommages moraux et physiques ainsi que des coûts humains et sociaux élevés. Et les tribunaux considèrent qu’il est important que les peines soient dissuasives et dénonciatrices, et que le message soit sans équivoque», a-t-il fait valoir.

Le magistrat a motivé sa décision en tenant compte des facteurs aggravants, comme sa rechute en matière d’alcool, son problème d’alcool de longue date, et du très haut taux d’alcoolémie. «Le fait que vous étiez à ce point ivre révèle la gravité de votre problème, une inconscience et l’absence complète de respect pour la vie d’autrui et votre vie», a souligné le juge Trudel, qui a considéré également les facteurs atténuants, à savoir l’absence d’antécédent judiciaire, le fait qu’il ne présente aucune caractéristique d’une personnalité criminelle, qu’il ait suivi et réussi une thérapie, qu’il fréquente les AA, qu’il ait reconnu sa culpabilité et exprimé publiquement des regrets,  des remords. «Ses excuses paraissaient sincères», a observé le président du Tribunal.

Réactions

En défense, Me Guy Boisvert avait réclamé, pour son client, l’imposition de travaux communautaire. Il note qu’avec la peine rendue, le magistrat considère notamment le facteur de dénonciation. «Le juge veut dénoncer la conduite avec les capacités affaiblies et le fait que le taux d’alcool était très élevé. Il s’est donc senti justifié d’imposer une peine d’emprisonnement, a observé Me Boisvert. Mais il comprend aussi que l’homme auquel il faisait face était un individu de bonne conduite habituellement et qu’il ne méritait pas la détention en temps plein.»

La représentante de la poursuite, Me Ann Marie Prince, avait suggéré une peine d’emprisonnement ferme entre quatre et six mois.

Elle accueille favorablement la décision du magistrat qui, note-t-elle, a évalué avec minutie les facteurs aggravants et atténuants. «C’est une sentence qui tient compte des peines imposées pour des dossiers similaires. Le juge Trudel a d’ailleurs indiqué qu’elle s’inscrivait dans la fourchette des peines. C’est une peine empreinte de dissuasion et de dénonciation générale. Il s’agit quand même d’une peine de détention malgré qu’elle soit à purger de façon discontinue», a fait remarquer Me Prince considérant aussi les 180 heures de travaux communautaires qui ne sont «pas négligeables».

La représentante du ministère public trouve aussi fort rassurant pour la société l’interdiction de conduire de deux ans imposée à Christian Nadeau.

Bref, la peine satisfait le ministère public. «Il s’agit d’une peine qui tient compte autant de l’harmonisation que de l’individualisation des peines tout en considérant les critères de dissuasion et de dénonciation», a-t-elle conclu.

Christian Nadeau purgera donc sa peine pendant 45 semaines, de 9 h le samedi à 17 h le dimanche à compter du 27 juin.

À lire aussi : «Une sentence bonbon…»