Les candidats de Mégantic-L’Érable débattent au Cégep de Thetford

Un débat en vue des élections fédérales du 20 septembre avait lieu jeudi au Cégep de Thetford en présence de trois candidats de la circonscription de Mégantic-L’Érable. Adam Lukofsky du Parti libéral du Canada (PLC), Éric Labonté du Bloc québécois (BQ) et Luc Berthold du Parti conservateur du Canada (PCC) ont accepté de se prêter au jeu des questions des étudiants et du public.

Le candidat du Nouveau Parti démocratique (NPD), Mathieu Boisvert, avait été invité, mais il ne pouvait pas être présent. Les quatre autres candidats, Gloriane Blais (indépendante), Jonathan Gagnon (Parti populaire du Canada), Émilie Hamel (Parti vert du Canada) et Réal Pépin (Parti libre Canada) n’avaient pas été invités, faute de place et en raison des restrictions sanitaires. À noter qu’il s’agit du seul débat présenté dans Mégantic-L’Érable au cours de cette campagne.

Les candidats se sont d’abord présentés en plus de discuter de la plateforme nationale de leur parti respectif. Ils ont ensuite dévoilé leurs priorités pour la circonscription.

La couverture de la téléphonie cellulaire et l’accessibilité à Internet haute vitesse font notamment partie des enjeux qui tiennent à cœur à Éric Labonté. Selon lui, la pandémie a mis en lumière son importance. Parmi les autres priorités de sa campagne, il a mentionné la gestion des bassins versants de nos cours d’eau, qui est actuellement trop onéreuse en raison de l’intervention des trois paliers de gouvernement, ainsi que la pénurie de main-d’œuvre.

Pour sa part, Luc Berthold a rappelé le contrat qu’il a proposé au cours des dernières semaines aux citoyens et citoyennes de Mégantic-L’Érable. Celui-ci comprend neuf priorités, soit la santé mentale et la lutte contre la violence conjugale, la qualité de vie des aînés, la pénurie de main-d’œuvre, la gestion de l’offre en agriculture, la protection de l’environnement, la voie de contournement à Lac-Mégantic, la création d’un fonds de réhabilitation des sites miniers, un accès Internet rapide pour tous les foyers et toutes les entreprises et continuer d’offrir des services rapides au bureau de comté.

Adam Lukofsky (Photo Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

Adam Lukofsky a nommé, parmi les dossiers qu’il souhaite mettre de l’avant, la couverture cellulaire et l’accessibilité à Internet haute vitesse, le développement économique ainsi que le tourisme. Il a précisé que le PLC a agi en ce qui a trait à la voie de contournement à Lac-Mégantic qui sera en vigueur en 2023. Il a également donné comme priorité les sites miniers. Il a de plus promis d’être un député présent s’il est élu et d’offrir des bureaux satellites (qui se déplacent) partout dans la circonscription.

Au cours de cette partie, les candidats bloquiste et libéral ont notamment remis en question le travail de Luc Berthold dans les dossiers de la téléphonie cellulaire et d’Internet haute vitesse au cours des dernières années.

Les étudiants du Cégep ont par la suite posé plusieurs questions entourant différents enjeux.

L’accueil d’immigrants afghans souhaitant se réfugier au Canada

Luc Berthold a soutenu qu’il était important de travailler avec les pays voisins pour rapatrier le plus d’Afghans possible. Il a entre autres pointé du doigt le manque de vision du gouvernement libéral en ce sens. Il a mentionné qu’un gouvernement conservateur travaillerait fort pour le rapatriement des interprètes, des Canadiens encore là-bas ainsi que des gens dont la vie pourrait être en danger.

Pour Adam Lukofsky, il s’agit d’une question sensible qui ne devrait pas être politisée. Il s’est dit en désaccord avec la lecture du candidat conservateur. Nul doute selon lui qu’il faut rapatrier les Canadiens et les Canadiennes qui sont en Afghanistan. Il a indiqué que le gouvernement libéral est présent et le fait avec compensation alors que des centaines de fonctionnaires travaillent sur ce dossier à Ottawa.

Éric Labonté a dénoncé l’inaction du précédent gouvernement conservateur sur la scène internationale et a avoué avoir été content lorsque Justin Trudeau avait annoncé le retour du Canada lors de son élection. Il a toutefois dit être gêné que les libéraux n’aient pas agi en Afghanistan alors que la situation est connue depuis des mois et que des ressortissants y sont restés coincés. Il espère que le prochain gouvernement prendra la situation au sérieux.

Éric Labonté (Photo Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

Rehausser l’importance du Canada dans les politiques étrangères

Pour Éric Labonté, il faut être conscients que le Canada n’est pas une super puissance. Cela ne devrait toutefois pas empêcher le pays de collaborer et de montrer l’exemple. Il pense que le Canada peut contribuer à l’amélioration des conditions des populations à travers le monde. Il a aussi invité les électeurs à voter pour le Bloc afin que les Québécois conservent leur espace public à travers le monde.

Luc Berthold a affirmé qu’il était important que le Canada reprenne son rôle et défende ses valeurs sur la scène internationale. Il a mentionné que les conservateurs ont proposé un plan interdisant l’importation au pays de produits fabriqués par des esclaves et des enfants. Il a aussi critiqué l’inaction du gouvernement dans le dossier des deux ressortissants emprisonnés en Chine et sa gestion des accords de libre-échange.

Adam Lukofsky a souligné que le pays a toujours été reconnu comme un partenaire pour les missions de paix. Il a affirmé que les conservateurs actuels ne sont pas les progressistes-conservateurs du temps de Brian Mulroney faisant preuve d’ouverture et de compassion sur la scène internationale. Il s’est dit un fier fédéraliste et un fier Québécois tout en soulignant que la province est plus forte sur la scène internationale en faisant partie du Canada.

Protection de la langue française

Selon Adam Lukofsky, s’il y a un gouvernement ayant cette sensibilité de protéger le français au Québec et dans les autres provinces, c’est sous le leadership du PLC à travers son histoire.

Pour Éric Labonté, il faut être fiers de notre langue et c’est important de la protéger. Il a notamment dénoncé le fait que le siège social du CRTC, l’organisme fixant les règles entourant la radiodiffusion et les télécommunications, soit situé au Canada anglais.

Luc Berthold (Photo Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

Luc Berthold a rappelé que le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait été le premier à reconnaître le Québec comme une nation. Il a assuré que s’il est élu au pouvoir, Erin O’Toole entend donner plus de force à cette reconnaissance.

Lors du droit de réplique, le candidat libéral a indiqué qu’au cours des années, beaucoup de Québécois se sont retrouvés à la table et même à la tête des décisions du CRTC. Le bloquiste a pour sa part dénoncé le double discours à travers le pays, alors que le candidat conservateur a réitéré que la défense du français était une priorité pour son parti.

La qualité de vie des aînés

Luc Berthold a mentionné qu’il y avait deux volets importants au niveau de la qualité de vie des aînés. Le Québec est d’abord le maître d’œuvre en ce qui a trait aux CHSLD et un gouvernement conservateur respectera ce choix. Son parti promet ensuite une augmentation stable et prévisible des montants fédéraux en santé.

Adam Lukofsky croit qu’il faut travailler avec les provinces pour s’assurer de donner plus de ressources destinées aux aînés. L’une des promesses des libéraux est d’encourager via un crédit d’impôt les gens voulant rester à la maison plus longtemps. Il souhaite aussi se pencher sur le problème de la solitude chez les aînés.

Éric Labonté a pointé du doigt la dégringolade de la contribution fédérale en santé. Ayant travaillé dans ce domaine, il a pu être témoin de ce manque de financement. Selon lui, les propositions des libéraux et des conservateurs ne sont pas suffisantes pour régler la situation. Il a aussi critiqué la promesse du Parti libéral de monter les pensions qu’à partir de 75 ans, sans tenir compte de tous les aînés.

Le candidat libéral a souligné lors du droit de réplique que son parti avait aussi proposé des bonifications aux personnes de 65 ans et plus, tout en soutenant que les gens vivent aujourd’hui de plus en plus vieux et en meilleure santé. Le bloquiste a affirmé être contre la catégorisation des aînés, alors que le candidat conservateur a dit avoir dénoncé en chambre ce clivage.

Il a par la suite été question de la qualité de vie dans les CHSLD de la région.

Tout en affirmant qu’il y a d’excellentes résidences dans le comté, Adam Lukofsky s’assurerait en tant que député qu’il y ait plus de ressources et il travaillerait directement avec les intervenants.

Selon Éric Labonté, la grande majorité des personnes âgées ayant un état de santé diminué souhaitent terminer leur vie à la maison et par respect pour elles, c’est là que doit aller l’argent. Les décisions en santé sont de responsabilité provinciale, a-t-il rappelé.

Luc Berthold a soutenu que le Parti conservateur était d’accord avec le Bloc québécois à ce sujet. Le travail du fédéral est de transférer sans condition l’argent pour que le gouvernement provincial puisse améliorer les soins de santé dans les CHSLD. Il a critiqué l’ingérence des libéraux dans ce dossier.

(Photo Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)

Pénurie de main-d’œuvre

Éric Labonté a critiqué l’inaction à ce sujet au cours des 20 dernières années. Bien que la pénurie existait déjà avant la création de la Prestation canadienne de la relance économique, il croit qu’il faut dans un premier temps couper ce programme afin de repousser les gens vers le marché du travail. Il propose des allègements au niveau fiscal pour inciter les gens à travailler plus longtemps ainsi que d’améliorer les postes de travail pour les personnes ayant des limitations.

Tout en rappelant que le Bloc québécois ne pourra pas changer les choses puisqu’il ne pourra jamais être élu, Luc Berthold a indiqué que cela fait longtemps que les gouvernements se sont attaqués à la pénurie de main-d’œuvre. Il trouve que de dire que rien n’a été fait est une insulte aux comités mis en place dans la circonscription. Pour lui, il faut se tourner vers l’immigration, donner plus de pouvoirs au Québec et réduire la paperasse.

Adam Lukofsky est d’accord que l’une des solutions est d’aider les gens voulant travailler plus longtemps. Il croit que la région nécessite plus d’immigration pour répondre aux besoins des entreprises.

Éric Labonté a voulu éclaircir son point en disant que ce sont les gouvernements qui ne font rien face au problème de pénurie et non les comités de bénévoles. Pour lui, dire que le Bloc québécois ne serait pas utile revient à dire que Luc Berthold, en étant député d’un parti d’opposition, ne l’a pas été. Il croit qu’il l’a tout de même été un peu. En s’adressant au député sortant, Adam Lukofsky a soutenu qu’en développement économique, il ne faut pas seulement parler, mais aussi agir. Luc Berthold s’est dit très fier de son bilan. Il a notamment précisé que 200 cas d’immigration et 1579 dossiers de toutes sortes ont été réglés par son bureau depuis 2019.

Jeunes adultes impactés par la pandémie

Selon Éric Labonté, il faut rapatrier au Québec les sommes d’argent destinées à l’éducation supérieure. Il a affirmé que les actions posées par le gouvernement fédéral au cours des dernières années ont été plutôt minces.

Luc Berthold s’est dit fier des démarches qu’il a entreprises au niveau de la jeunesse, notamment en ce qui a trait à Internet haute vitesse. Il a souligné qu’au niveau de la pandémie, il faut reconnaître que les jeunes ont beaucoup souffert et il faut faire en sorte d’être là pour eux.

Adam Lukofsky travaillait au bureau de la ministre du Développement économique Mélanie Joly lorsque la pandémie a commencé et il a souligné que lors des rencontres, l’une des priorités était de s’assurer que les programmes répondent aux besoins des jeunes. S’il est élu, il sera un député présent pour eux.

En droit de réplique, Luc Berthold a souligné que le programme Emplois d’été pour étudiants était un bon coup du gouvernement libéral et a reconnu l’intérêt de Mélanie Joly pour la jeunesse. Il est important pour lui de travailler avec les jeunes et de les écouter.

Questions du public 

Une première question du public est venue de l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande en ce qui a trait aux ressources naturelles de la région et plus particulièrement à propos de la rivière Bécancour.

Adam Lukofsky souhaite dans les 100 premiers jours de son mandat réunir des experts scientifiques et la communauté des affaires afin de se pencher sur le sujet et de définir un plan de match.

Éric Labonté a souligné qu’il privilégie une approche active. Sa proposition est de laisser le fédéral hors des démarches pour faciliter les choses au municipal et au provincial afin de se rendre rapidement aux actions.

Luc Berthold a indiqué au candidat bloquiste qu’il s’agit déjà d’un dossier de juridiction municipale et provinciale. Pour lui, une solution concrète est la création d’un fonds de réhabilitation des sites miniers comme le propose son parti. Ce dernier interdirait également les déversements d’eaux usées dans les cours d’eau et appuierait les municipalités financièrement pour y arriver.

La dernière question, venant du citoyen Marc Tardif, était à propos du nombre d’heures par semaine nécessaires pour exercer le service de député et si les candidats se pensent en mesure de concilier cela avec leurs engagements personnels.

Éric Labonté a affirmé que tout le monde s’entend qu’il s’agit d’un emploi à temps plein. Propriétaire d’une entreprise et d’immeubles, il a souligné qu’il mettra rapidement une direction générale en place s’il est élu pour être en mesure d’accomplir son travail de député.

Luc Berthold a confirmé que cela prend beaucoup d’heures par semaine et de sacrifices au niveau de la famille. Le temps est l’aspect le plus important pour un député selon lui. Il souhaite que les gens lui fassent de nouveau confiance pour qu’il puisse continuer son travail auprès d’eux dans les prochaines années.

Pour Adam Lukofsky, être député n’est pas un travail, mais une vocation. Il faut donc être disponible sept jours par semaine pour la communauté.

Pour visionner le débat :