Plusieurs postes de personnel de soutien restent à combler dans les écoles

MONTRÉAL — À la veille de la rentrée scolaire, les postes de personnel de soutien dans les écoles sont aussi difficiles à combler que ceux d’enseignants, plaide le secteur scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).

Lors d’une conférence de presse, tenue dimanche matin devant l’école Charles-Lemoyne, à Montréal, le syndicat a fait valoir le nombre «préoccupant» d’employés manquant, et l’importance d’améliorer les conditions de travail du personnel de soutien pour attirer de nouveaux employés.

Ce personnel inclut notamment les ouvriers spécialisés, les secrétaires, les éducatrices en service de garde et les techniciennes en éducation spécialisée.

Le manque de main-d’œuvre se fera particulièrement sentir dans les services de garde lundi, a indiqué la Fédération.

Par exemple, au Centre de services scolaire de Montréal, 230 postes d’éducatrices en service de garde sont toujours à pourvoir et au Centre de services scolaire des Mille-Îles, dans les Laurentides, il en manque 405, ce qui représente 50% des postes non comblés, selon la FEESP-CSN.En Mauricie, au Centre de services scolaires Chemin-du-Roy, 136 postes d’éducatrices sont également vacants.

«Ce qu’on va voir, c’est que le ratio ne sera pas (d’une éducatrice pour 20 élèves). Elles vont vraiment être en surcharge», a affirmé Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP-CSN. Des éducatrices pourraient être responsables de groupes comportant 30 ou 40 enfants, selon Mme Charland.

«On peut voir à des endroits où ils vont même choisir de faire un bris de service, où ils vont dire aux parents, écoutez, on n’a plus de place, désolée», a-t-elle ajouté. La présidente a indiqué que la situation actuelle est «soit égale, soit pire» que celle de l’année dernière.

Frédéric Brun, vice-président de la FEESP-CSN, a ajouté que la pénurie d’enseignants creuse celle des techniciennes en éducation spécialisée.

«Quand il y a des postes qui sont demeurés vacants du côté des enseignants (…) on va chercher souvent les techniciennes en éducation spécialisée pour remplacer ces postes-là. Ce qui fait en sorte que, oui, le poste comme technicienne en éducation spécialisée est comblé, mais par contre, elle n’occupe plus son poste, elle ne donne pas le service qu’elle devrait donner auprès des élèves», a-t-il expliqué.

«On ne parle pas juste d’une pénurie de personnel, mais on parle aussi d’une pénurie de services pour les élèves qui ont des besoins particuliers, qui ont de grandes difficultés», a-t-il ajouté.

La Fédération est également préoccupée par le nombre de démissions dans certains centres de services scolaires.

Incluant tous les types d’emplois comme personnel de soutien, 400 personnes ont démissionné au Centre de services de Montréal, et plus de 175 employés à celui des Mille-Îles.

Ces données n’incluent pas que de nouveaux employés qui viennent de débuter dans le métier, a indiqué Annie Charland. «Je parle de personnes qui ont des 20 (à) 25 ans d’ancienneté, qui me disent : tu sais Annie, moi je ne suis plus capable», a-t-elle raconté.

Pour freiner «l’exode» du personnel de soutien, les conditions de travail de ces employés doivent être améliorées, et leurs salaires augmentés, selon M. Brun.

«Le personnel de soutien, c’est le personnel qui est le moins bien payé parmi les travailleurs et travailleuses du secteur public», a-t-il dit. Par exemple, une éducatrice en service de garde peut s’attendre à gagner 26$ de l’heure au dernier échelon salarial.

Le syndicat a aussi fait valoir l’importance d’encadrer la tâche d’aide à la classe, alors qu’une pénurie de personnel de soutien se fait aussi sentir.

«Nous craignons que les directions des centres de service scolaire tentent de remplacer les services spécialisés, parce que les salaires sont supérieurs, en favorisant les tâches d’aide à la classe, pour économiser», a déclaré Mme Charland.

Elle souhaite profiter des négociations dans le secteur public pour définir dans la convention collective les tâches d’aide à la classe, réitérant que cette fonction ne devrait pas servir de diachylon, mais être un service complémentaire.