CHSLD Saint-Alexandre : enquêtes en cours entourant l’agression d’un résident
Trois enquêtes distinctes de la Sûreté du Québec (SQ), du coroner Me Donald Nicole ainsi que du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) sont en cours à la suite d’une agression s’étant produite dans la nuit du 18 juin au CHSLD Saint-Alexandre à Thetford Mines. Un octogénaire a violemment été battu par un autre résident de l’unité prothétique après s’être retrouvé dans sa chambre. La victime est décédée quelques jours plus tard.
Cette unité fermée et contrôlée comprend des personnes atteintes de troubles cognitifs qui présentent des comportements tels que de l’errance et des changements d’humeur.
Selon ce qu’a appris Carole Mercier, présidente du Syndicat des professionnelles en soins de Chaudière-Appalaches (SPSCA-FIQ), l’événement se serait passé lors d’un changement de quart entre le soir et la nuit. Le patient serait sorti de sa chambre et se serait retrouvé dans le lit d’un autre résident qui aurait mal réagi et l’aurait battu. « Quand la préposée a vu qu’il n’était plus dans sa chambre, l’autre patient était en train de le frapper. Il y avait du sang partout. »
La SQ a confirmé le mardi 2 juillet que c’est la Division des crimes majeurs qui a repris le dossier concernant une altercation survenue entre deux individus. « [Les informations recueillies] tendent à démontrer que la victime n’est pas décédée à la suite d’éléments criminels. L’enquête se poursuit », a mentionné la porte-parole du corps policier, Marythé Bolduc.
AVERTISSEMENTS LANCÉS PAR LE PERSONNEL
D’après nos informations, le personnel avait sonné l’alarme depuis des mois sur la situation dans cette unité, craignant pour la sécurité des résidents. Il était question d’une mauvaise gestion et de conditions aberrantes, d’un manque de personnel et de surveillance, de la présence de personnel inexpérimenté ainsi que d’une unité non adaptée aux besoins de ce type de clientèle.
Carole Mercier a confirmé au Courrier Frontenac que les salariés avaient fait part de ces problèmes depuis un bon moment. Le SPSCA-FIQ déplore également le fait qu’il y avait 27 résidents dans cette unité le 18 juin. « Nous n’avons jamais vu ça puisque d’habitude c’est 12 maximum. Il s’agit d’une clientèle lourde et demandant beaucoup. Elle se promène sans arrêt. Cela faisait un an que les salariés disaient que les cas étaient trop lourds et qu’il y avait trop de patients. […] Il y avait eu une rencontre avec la direction, mais il n’y a pas eu d’écoute et rien n’a changé. »
La présidente du SPSCA-FIQ se désole aussi qu’il ait fallu qu’un événement comme celui-ci se produise pour que des changements soient apportés. « Nous avons appris que des patients pourraient être transférés. Nous regrettons que l’employeur ne bouge que lorsqu’il est au pied du mur. […] Autant les préposés que les infirmières auxiliaires étaient unanimes que ça n’avait pas d’allure. Le personnel vivait ça au quotidien et n’avait pas d’écoute de ses supérieurs. »
Mme Mercier a allégué qu’au moment de l’événement, il n’y avait qu’une préposée aux bénéficiaires et un agent d’intervention sur l’unité.
Elle a par ailleurs ajouté que le CHSLD Saint-Alexandre n’est pas un endroit intéressant et attractif pour le personnel puisqu’il y a beaucoup de travail supplémentaire obligatoire (TSO). « Les gens ne savent jamais à quelle heure ils vont pouvoir terminer. »
RÉAMÉNAGEMENT
En réponse à notre demande d’informations sur cet événement, Jessica Poiré, relationniste au Service des relations publiques et des communications du CISSS-CA, a affirmé que l’organisation tenait à adresser ses condoléances pour ce triste décès. « Nos commentaires publics sont limités en raison du respect de la confidentialité du dossier des résidents », a-t-elle précisé.
Concernant les problèmes soulevés à l’unité prothétique, elle a soutenu que l’espace à cet endroit doit être revu afin de diminuer le nombre de résidents. Elle a renchéri que des démarches entourant un réaménagement physique des lieux sont en cours depuis janvier dernier et qu’elles devraient prendre encore quelques mois.
« L’objectif de ces travaux est de créer deux unités de 12 lits dans des espaces séparés. La concrétisation de ces nouveaux aménagements est aussi un processus qui demande du temps, car déménager des personnes ayant des troubles cognitifs peut comporter des enjeux importants, voire une augmentation des symptômes. Nous désirons donc minimiser l’impact que ces changements pourraient avoir sur les résidents et faire les choses correctement pour eux. »
Contrairement à ce qu’a avancé la présidente du syndicat, Mme Poiré a indiqué que l’équipe sur l’étage de l’unité prothétique était complète lors de la soirée du 18 juin, « soit une infirmière, à laquelle on ajoute une infirmière externe en formation, une infirmière auxiliaire, cinq préposés aux bénéficiaires et un agent d’intervention auquel on en ajoute un deuxième, pour un total de deux agents d’intervention ».