Équilibre de son budget : le CISSS de Chaudière-Appalaches atteint partiellement ses cibles

Invité à équilibrer son budget et à réaliser d’importants efforts financiers par Santé Québec il y a quelques mois, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches a réussi partiellement son pari, si on se base sur l’analyse faite par le PDG de l’organisation, Patrick Simard.

Le CISSS devait sommairement atteindre les cibles exigées au 31 mars dernier. L’effort à réaliser pendant l’année avait été fixé à 52 millions $, un objectif en partie atteint, selon lui.

«Nous avons mis en place des mesures d’optimisation au cours de l’année. Par contre, ces mesures n’auront pas toutes porté fruit, car elles n’ont pas été effectives durant toute l’année. Pour d’autres, comme certaines abolitions de postes avec titulaires, les résultats ne vont s’actualiser qu’au cours de la prochaine année», mentionne-t-il.

Des 52 millions $ d’économie exigés, le CISSS évalue que seulement 30 millions $ ont pu être livrés pour répondre aux exigences de Santé Québec. L’augmentation de certains coûts a notamment nui à la démarche, indique M. Simard. «Il s’est ajouté différents éléments qui n’étaient pas connus et qui sont venus augmenter le défi. C’était une année particulière aussi, avec l’arrivée de Santé Québec. Notre année financière s’était terminée le 30 novembre et un autre exercice se terminait le 31 mars dernier.»

M. Simard hésite à qualifier la démarche d’échec ou de succès. «Nous avons livré la cible d’optimisation attendue, mais elle ne s’est pas toute actualisée. Nous avons relevé le défi, mais avons eu des imprévus et des inconnus.»

Créativité

Malgré l’amplitude de l’exercice, M. Simard insiste pour dire que les mesures n’ont pas affecté le service à la clientèle ou mis fin à des services. «Nous avions ajouté, dans le passé, des sommes pour faire face à des défis, notamment sur les listes d’attente. C’était toutefois des sommes additionnelles pour des défis ponctuels. On a retiré des services, qui étaient hors budget, pour donner un blitz sur les listes d’attente. Nous n’avons pris aucune décision ayant une nature de fermeture ou de réduction de services», insiste-t-il.

«On a réussi à le faire en mettant une emphase particulière au niveau des services administratifs et de soutien qui ont été touchés de manière plus importante que les services cliniques. À ce chapitre, nous devions plutôt nous ramener à nos bases budgétaires que nous avions excédées pour différentes raisons.»

Il juge, par ailleurs, que si l’exercice réalisé a pu inspirer des choses, le maximum a été fait. «On a l’impression d’avoir fait un bon tour de roue et gratté large pour pouvoir parvenir à ce que nous avons fait. Nous avons réalisé ça en quatre étapes et si nous avions pu trouver autre chose, nous l’aurions déjà fait.»

Bien au fait de la situation financière fragile de l’État et que d’autres compressions pourraient être exigées éventuellement, M. Simard estime que son organisation a déjà été créative dans sa gestion. «Évidemment, ça nous a amenés à réfléchir. Ce budget-là, nous l’avons fait à l’interne. Si d’autres choses sont exigées, il faudra réfléchir comme réseau de la santé. Peut-être que des exercices de mutualisation de ressources avec Santé Québec nous permettraient de réduire nos coûts globalement ? Sûrement que la réflexion pourra se faire.»

Si l’arrivée de Santé Québec a amené son lot d’incertitudes au cours des derniers mois, le PDG assure qu’il n’y a pas de centralisation en cours. Ses équipes sont d’ailleurs déjà au travail au niveau de l’évaluation de la performance de chacune des entités du CISSS.

«Nous avions commencé certaines choses l’an dernier, mais il fallait aller tellement rapidement qu’on a donné des commandes, paramétriques par moments, au niveau administratif. Pour l’an prochain, aller voir d’autres établissements pour examiner leur performance et observer ce qu’ils font à meilleur coût pourrait nous permettre d’atteindre d’autres cibles, le cas échéant.»

Une demande forte

M. Simard observe qu’il y a encore une pression sur les services, alors que les urgences de certains centres hospitaliers atteignent des taux élevés depuis plusieurs mois. «La pression de service est importante en continu pour les équipes, mais c’est en amélioration constante. Les différents virus se sont décalés dans le temps cet hiver et ont été plus élevés que l’an dernier. Nous avons toutefois eu des niveaux historiques, notamment à Lévis, mais nous sommes aux prises avec des défis. La population est en croissance et vieillissante. Malgré cela, nous nous étions préparés pour y faire face.»

Il assure que les employés pourront respirer au cours de l’été et que les périodes de vacances du personnel pourront être respectées. «Notre planification de la période estivale est commencée depuis novembre. On va poursuivre notre projet de modulation des services et faire appel à des volontaires qui iront appuyer nos équipes de 24/7. L’orientation des compétences de ces gens est déjà en cours.»

Il martèle depuis quelques mois que la situation de la main-d’œuvre s’améliore au sein de l’ensemble de l’organisation. «Chez les préposés aux bénéficiaires, on a pratiquement le plein emploi, sauf qu’on a encore des pénuries au niveau des titres comme infirmier et infirmières et dans certains cas, c’est au niveau géographique. Globalement les choses s’améliorent et on veut permettre aux gens d’avoir des vacances et travailler sur notre rétention», assure-t-il en terminant.