Le CISSS de Chaudière-Appalaches cherche à équilibrer son budget

La situation budgétaire au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches force l’organisation à adopter différentes mesures. Arrêt graduel du recours à la main d’œuvre indépendante, resserrement des dépenses administratives, contrôle des heures travaillées et le non réaffichage de certains postes font partie des solutions ciblées pour y parvenir.

Au 31 octobre dernier, l’organisation présentait un déficit cumulé de 35 millions $, incluant son fonds d’immobilisation, tandis qu’au 30 septembre, il se situait à 28,6 millions $. Elle estime malgré tout avoir réussi à faire certains gains, devant tout de même répondre aux besoins constants de la population et composer avec les aléas liés à l’inflation.

Le président-directeur général du CISSS de Chaudière-Appalaches, Patrick Simard, convient que le défi est important, surtout que le ministère de la Santé et des Services sociaux exige que la démarche se matérialise d’ici le 31 mars prochain.

«C’est la cible que l’on vise. On espère d’abord atteindre l’équilibre périodique, c’est-à-dire dans une période donnée, pour ensuite adresser aussi la question du 35 millions $. Nous avons fait une belle progression en septembre au niveau des heures travaillées. Nous sommes près de l’équilibre avec celles budgétées. Nous avons toutefois d’autres charges ailleurs où nous avons eu des augmentations de dépenses, dont la nourriture, le transport, les fournitures médicales, l’augmentation de contrats, des dépassements liés à l’inflation et autres. Ces coûts-là qui sont exponentiels viennent nous causer des soucis», résume-t-il.

Quelques bonnes nouvelles

Sur le plan du contrôle des heures travaillées, la situation s’améliore, indique M. Simard. Les mesures mises en place dans les dernières périodes financières pour les contrôler portent leurs fruits. Il retient, entre autres, le recrutement de plusieurs préposés aux bénéficiaires, qui permet à l’organisation de progresser dans sa volonté de mettre un terme à l’emploi de main-d’œuvre indépendante. Toutefois, l’organisation a choisi de ne pas réafficher 330 postes après une période d’évaluation.

«Avec la pandémie et d’autres éléments que nous avons vécu, il y a des besoins auxquels nous devions répondre. Idéalement, on évite d’abolir des postes occupés par des gens. On a choisi de se concentrer sur ceux qui devenaient vacants.»

Il ajoute toutefois que dans les conventions collectives ayant été votées, on retrouve des formules de rehaussement du temps de travail de certains employés, ce qui avait un sens dans un contexte de grande pénurie de main-d’œuvre, selon lui, mais qui devait être revu. «L’effet que cela a eu dans certains secteurs, c’est de surdoter des départements de personnel. Au moment où la main-d’œuvre devenait davantage disponible, ça n’allait plus. Nous avions des personnes sur des listes de rappel à qui il fallait donner des garanties d’emploi, alors on se retrouvait avec des gens avec des postes permanents dédiés à faire du remplacement.»

Une croissance trop grande?

Lors de la création des CISSS en 1995, le budget de l’organisation avoisinait les 950 millions $, rappelle le PDG. Aujourd’hui, il atteint sommairement 1,7 milliard $. Patrick Simard revient sur la pandémie qui a nécessité des investissements importants pour répondre à une situation qui sortait de l’ordinaire. «Il y a eu une croissance importante. C’est la capacité de payer de la population qui fait que l’on doit être en mesure de reprendre le contrôle. Quand la situation économique est plus positive, ça permet des développements comme ceux-là, mais dans le contexte où nous sommes, il faut se rendre à l’évidence.»

Malgré tous ces investissements, la situation demeure problématique à bien des niveaux dans le système de santé. Listes d’attente dans les urgences, difficultés d’avoir accès à un médecin de famille, pénurie de main-d’œuvre et difficultés dans certains établissements ne sont que quelques irritants existants. Interrogé à savoir si l’ampleur de l’organisation était peut-être au coeur de ses problèmes budgétaires, M. Simard indique que la pertinence de ces investissements a toujours fait partie des réflexions.

«La mise sur pied de Santé Québec fait partie de ces démarches, pour investir aux bons endroits, pour se recentrer sur notre mission. Ce ne sont pas tous les enjeux qui sont financiers. Sur l’accès aux médecins de famille, on parle de formation. Nous avions déjà des consignes d’être rigoureux au niveau des finances, mais le contexte nécessitait que l’on investisse. Au sortir de la pandémie, le travail des gestionnaires a été de gérer la main-d’œuvre et c’est devenu leur quotidien en plus de chercher des ressources», se souvient-il.

Ainsi, la standardisation des achats de fournitures, la gestion optimisée dans la négociation des contrats, des frais de déplacement, une plus grande utilisation de la télémédecine/téléconsultation/télésanté, une meilleure organisation des routes de transport des intervenants en soutien à domicile et un gel partiel des embauches pour le personnel administratif en provenance de l’externe sont d’autres consignes ayant été mises en place au cours des dernières semaines et qui devraient, espère M. Simard, permettre à l’organisation de retrouver l’équilibre de ses finances.