Maison Les couleurs du vent : une première année marquée par l’engagement et la solidarité
La maison Les couleurs du vent a souligné en novembre sa première année d’activité. Pendant cette période, l’établissement situé sur la rue Mooney, à Thetford Mines, a accueilli plus de 80 personnes en fin de vie. Offrant des soins empreints de compassion, il permet à ses résidents de vivre leurs derniers instants entourés de leurs proches ainsi que dans le respect, le confort et la dignité.
Les cofondatrices Lyne Bergeron et Mélanie Piché caressaient le rêve de participer à la construction d’un service comme celui-ci depuis une vingtaine d’années avant qu’il se concrétise en 2021. L’établissement était inauguré deux ans plus tard. Malgré les nombreux défis liés à la création d’une nouvelle structure, Mme Bergeron s’est dite enchantée par cette première année et particulièrement émue.
« Honnêtement, elle a passé vite. Nous sommes vraiment contentes. C’est certain qu’il y a des défis ainsi que des hauts et des bas. Nous nous attendions à cela puisque c’est un projet qui n’existait pas ici et qui partait de zéro. C’est quelque chose de gros, il y a toute une logistique derrière cette infrastructure, mais les étoiles se sont alignées pour nous », a mentionné celle qui est aussi vice-présidente du conseil d’administration.
Parmi les défis, Mme Bergeron a entre autres mentionné la mise en place de la structure. Afin d’y parvenir, l’équipe a pu s’appuyer sur l’expertise d’autres maisons similaires à travers le Québec, ainsi que sur le soutien de l’Alliance des maisons de soins palliatifs.
Le dévouement du personnel est également un fait saillant de cette première année. « Ces personnes sont là pour les bonnes raisons. Elles sont très impliquées dans toutes les sphères de la maison », a affirmé Lynn Gosselin, coordonnatrice au financement et aux communications.
Les demandes d’admission proviennent généralement de l’hôpital, de médecins ou de travailleurs sociaux. Les personnes admissibles doivent être âgées de 18 ans ou plus et avoir un pronostic de vie de deux mois et moins. Les résidents de l’extérieur de la MRC des Appalaches peuvent aussi être admis si un membre de leur famille demeure dans la région. À ce jour, parmi les 80 personnes ayant été accueillies par la maison, 89 % résidaient dans la MRC. Il est également important de souligner que les services offerts sont entièrement gratuits.
« Le besoin était là pour ce type d’établissement dans la région, a confirmé Mme Bergeron. Les gens qui viennent ici choisissent cet endroit. »
LE BÉNÉVOLAT, UN APPUI MAJEUR
Selon la cofondatrice, une chose est certaine : l’engagement de ses bénévoles est un atout primordial pour la maison. Chaque jour, ces personnes dévouées contribuent à diverses tâches, qu’il s’agisse d’administration, de cuisine ou d’entretien ménager. « C’est de toute beauté de voir que ce projet rejoint autant de gens au grand cœur qui se présentent chez nous et qui ont envie de s’impliquer. Ils sont indispensables. Nous sommes parfois surchargés, mais ils arrivent et ils nous ramènent à l’essentiel. Nos bénévoles font non seulement du bien aux personnes en fin de vie, mais aussi à toute l’équipe », a souligné Mme Bergeron.
C’est toute la communauté qui a choisi de mettre la main à la pâte afin de permettre à cette première année de bien se dérouler, a pour sa part soutenu Lynn Gosselin. « Les gens viennent cogner à notre porte et nous appellent, autant les personnes âgées que des gestionnaires et des donateurs. Comme le disait Lyne, ils nous ramènent à l’essentiel, à la beauté qu’il y a dans l’entraide. Nous avons beaucoup de gratitude envers eux. »
Bénévole depuis les débuts, Richard Samson a expliqué que ce qui l’a motivé à s’investir dans le projet, c’est son aspect ouvert à tous. « L’expression que j’utilise est qu’il s’agit d’une maison de riches accessible à tout le monde puisque les soins sont gratuits. C’est très beau et chaleureux. Quand tu arrives à la fin de ta vie, tu n’as plus de préoccupations à avoir. Ici, il y a quelqu’un qui s’occupe de toi, peu importe la classe sociale et les moyens financiers. C’est ce que je pense qui fait la force de cette maison. On constate qu’il y a beaucoup de gens qui veulent s’associer à ce projet comme bénévoles pour cette raison. »
FINANCEMENT
La maison de fin de vie Les couleurs du vent a été construite grâce à des dons et des levées de fond. Pour que le gouvernement provincial s’implique, il fallait que l’établissement soit d’abord ouvert, a indiqué Lyne Bergeron. Québec accorde son financement selon le nombre de lits, ce qui permet notamment de payer les salaires du personnel. Une grande partie des dépenses doit toutefois être assumée par la communauté.
C’est pourquoi la Fondation Maison Les couleurs du vent a été créée. La dernière campagne de la loterie a notamment permis d’amasser près de 51 000 $. Des entreprises, des organismes et des particuliers contribuent également à soutenir la fondation financièrement. Dans les prochaines années, l’organisation souhaite mettre en place des outils afin d’aider les citoyens qui aimeraient mettre sur pied leur propre campagne de financement.
« Nous savions que ce serait un défi de longue haleine. Avant que la maison ouvre, il a fallu amasser de l’argent pour quelque chose qui n’existait pas dans la région et que les gens ne connaissaient pas vraiment. La communauté a toutefois bien répondu. De petit à petit, nous nous faisons connaître, mais il reste encore du travail à faire », a conclu Lyne Bergeron.
TÉMOIGNAGE
Sandra Jacques a accompagné sa mère, Claudette Nadeau, dans ses derniers moments à la maison de fin de vie Les couleurs du vent. Mme Nadeau y a séjourné pendant 12 jours avant de s’éteindre le 3 mars 2024. Connaissant bien le milieu hospitalier et des soins palliatifs, Mme Jacques estime que cette ressource répond à un besoin crucial dans la région de Thetford.
« Ma marraine avait fait un séjour à la nouvelle maison, donc je savais déjà comment ça fonctionnait. C’est merveilleux comme endroit. Ma mère était bien traitée et lorsque je devais sortir, je savais qu’il y aurait des gens pour s’en occuper et qu’elle était en sécurité. On se sentait comme chez nous. Il y a de belles chambres confortables, des salons, on peut aller dehors et il y a une petite cuisinette où l’on peut se faire à manger. J’ai aussi vu des familles commander des repas du restaurant. »
Elle a également aimé l’approche du personnel ainsi que des bénévoles. « Pour les gens qui y travaillent, c’est une vocation. Ils sont gentils et attentionnés. Ils sont là pour répondre aux besoins de tous. C’était aussi le cas des bénévoles. Ce sont des personnes dévouées. C’est une maison de fin de vie, tu le sais comment les gens qui y résident vont en ressortir et ça ne doit pas être facile. »
Selon elle, cet établissement mérite d’être davantage reconnu, car il incarne pleinement le concept de mourir dans la dignité. Elle croit que chacun devrait avoir accès à ce type de service essentiel.
« C’est difficile de perdre un proche. J’étais triste que ma mère soit partie, mais je suis contente qu’elle ait pu le faire sereinement et qu’on se soit bien occupé d’elle. Ça met un peu de baume sur notre peine. »