Margo Setlakwe Blouin est maintenant l’actionnaire principale de la société A. Setlakwe Ltée

Margo Setlakwe Blouin est devenue, à la fin de l’été, l’actionnaire principale de la société A. Setlakwe Ltée fondée en 1904. Nommée présidente en 2018, cette nouvelle responsabilité est une étape importante pour celle qui s’implique au sein de l’entreprise familiale depuis une dizaine d’années.

Bien qu’elle détienne maintenant 100 % des actions avec droit de vote et le plein contrôle des décisions, plusieurs membres de la famille demeurent présents afin de l’épauler. En effet, ­Louise, ­Paul, ­Ann, ­Robert, ­Mark et ­Lisa ­Setlakwe forment la quatrième génération, toujours dans son entourage professionnel. Cette passation de flambeau représente pour eux une fierté, principalement en raison du processus qui s’est effectué en douceur, notamment grâce aux conseils juridiques de ­Paul ­Setlakwe.

« C’est rare qu’une entreprise réussisse à faire une passation sur cinq générations, et tout cela dans une harmonie totale. Je trouve ça merveilleux de le souligner. Tous ceux qui étaient impliqués et qui avaient encore des parts sont contents que je puisse continuer. Je suis heureuse d’être en mesure de poursuivre la tradition », a affirmé la présidente et nouvelle actionnaire principale en entretien avec le ­Courrier ­Frontenac.

Bachelière en marketing à l’Université ­Laval, ­Margo ­Setlakwe ­Blouin a amorcé sa carrière chez ­BRP. À cette époque, elle n’avait pas en tête de s’impliquer dans l’entreprise familiale. « Je m’occupais du marketing de la marque ­Sea-Doo pour toute l’Amérique du ­Nord. J’ai réalisé assez rapidement que je n’aimais pas vraiment l’ambiance d’une grosse boîte où la rétroaction est plus difficile que dans une petite compagnie. En constatant qu’il n’y avait pas beaucoup de relève dans l’entreprise familiale, j’ai commencé à développer un intérêt. Je me suis toujours intéressée à la mode et j’adorais venir au magasin. C’était donc naturel de m’installer à ­Thetford ­Mines et d’apprendre comment les choses fonctionnaient. »

À cette époque, le président ­Andrew ­Setlakwe venait de recevoir un diagnostic de cancer et il n’y avait personne prêt à reprendre le flambeau. « Mon ­grand-père ­Raymond et son frère ­Richard étaient encore propriétaires. Des tantes, des oncles ainsi que ma mère travaillaient toujours pour l’entreprise. Au fil des ans, ils ont tous pris leur retraite et la société a été transférée à deux successions puisque mon ­grand-père et son frère n’avaient pas légué leurs parts de leur vivant. C’est la quatrième génération qui a fait la transition et qui m’a légué ses parts », a expliqué ­Mme ­Setlakwe ­Blouin.

Malgré le manque de relève, elle indique n’avoir jamais senti de pression pour s’impliquer. « Il y avait tellement de gens qui travaillaient encore dans l’entreprise que j’avais l’option de le dire si je n’aimais pas ça et si je voulais m’en aller. »

CONTEXTES ­DIFFICILES

Dans les dernières années, ­Margo ­Setlakwe ­Blouin a toutefois dû prendre une décision importante concernant l’avenir de l’entreprise familiale. Le domaine du commerce au détail n’a pas été épargné par la pandémie et l’occasion de repenser l’avenir est venue. « Il a fallu décider si nous restions en affaires ou si nous arrêtions tout. J’étais la seule de la famille à travailler encore dans l’entreprise, donc le choix me revenait. À ce moment, j’ai ressenti de la pression parce que c’était une grosse décision. Je suis contente d’avoir fait le choix de continuer et de poursuivre mon chemin au sein du commerce. »

Évidemment, la situation économique actuelle et la récession qui arrive n’annoncent rien de positif. La présidente d’A. Setlakwe ­Lté préfère néanmoins se concentrer sur le futur. « Ce ne sont pas des contextes faciles. Nous avons une augmentation importante des coûts, que ce soit autant au niveau des salaires ou de tous les produits que nous achetons. Les ventes sont soit stagnantes ou en baisse. Il y a beaucoup de pression sur l’entreprise en ce moment, mais nous nous concentrons sur le futur. Nous continuons à investir pour nous assurer que nous soyons là quand ça va reprendre. Il faut avoir les reins solides de nos jours pour être en mesure de survivre à cela », ­a-t-elle observé.

Cette dernière se considère chanceuse d’avoir l’appui d’une équipe stable, de gens compétents sur lesquels elle peut compter pour faire avancer l’entreprise qui emploie plus de 165 personnes. Elle a ajouté que sans le soutien des banques, du gouvernement canadien et de ses fournisseurs, certains avec lesquels la société fait affaire depuis une centaine d’années, le magasin n’aurait pas été capable de passer au travers de la pandémie. La longévité de l’entreprise représente également une force selon elle.

UN ­BEAU ­POTENTIEL

Depuis son arrivée, ­Margo ­Setlakwe ­Blouin a été à la tête de plusieurs transformations significatives en entreprenant le virage numérique, en modernisant l’image de l’entreprise et en investissant dans des stratégies marketing innovantes. « J’ai décidé de continuer puisque je vois un beau potentiel. J’ai aussi beaucoup de plaisir à travailler avec les personnes autour de moi. Nous avons une belle équipe, un mélange entre l’expérience et la nouvelle génération qui arrive avec des idées. Nous travaillons à développer notre présence sur les différents réseaux sociaux ainsi que notre image de marque. Nos ventes sur le ­Web sont en augmentation et nous prenons de l’expansion à travers le ­Québec. Nous investissons beaucoup de ce côté et c’est motivant. Nous arrivons d’une période difficile, donc tout ce que nous pouvons faire, c’est pousser vers le haut. »

La présidente d’A. Setlakwe ­Ltée a de plus soutenu que c’est la clientèle ultra fidèle, autant celle de ­Thetford ­Mines que de Disraeli et ­Sainte-Marie, qui permet au commerce de continuer. « C’est le fun parce que nous devenons en quelque sorte un joyau en région puisque ça n’existe plus beaucoup des boutiques comme les nôtres. Les gens viennent chez nous parce qu’ils peuvent retrouver de tout sous un même toit : vêtements pour hommes, femmes et enfants. Notre offre diversifiée fait notre force et les gens adorent notre concept de magasin qui ne se retrouve plus vraiment ailleurs », ­a-t-elle conclu.

Rappelons que la succursale de ­Thetford ­Mines située sur la rue ­Notre-Dame ­Ouest sert également de siège social et d’administration pour les trois magasins ­Setlakwe, les huit boutiques ­Silhouette et les deux boutiques en ligne. Elle s’occupe aussi de la distribution canadienne de la marque de vêtement espagnole ­Massana.