Quand une idée pour les étudiants devient un jeu pour tous

La maison d’édition ­Flyos a lancé en novembre ­Le ­Lab, un jeu imaginé par Patrick ­Fillion, enseignant en biologie et ­microbiologie-immunologie au Cégep de l’Outaouais et originaire d’East ­Broughton. L’idée initiale de créer un jeu pour aider ses étudiants à réviser aura finalement pris une ampleur inattendue.

Ce dernier connaissait bien les mécaniques des jeux de société et il a décidé de les appliquer à son domaine afin de concevoir le sien. « J’ai créé le prototype en décembre 2020, sur ­Word et un peu tout croche. Je l’ai fait imprimer au cégep et plastifier pour ensuite l’essayer avec des amis ainsi que des collègues. Ils ont adoré et ils m’ont dit qu’on n’avait pas besoin d’être étudiant dans mon domaine afin de le comprendre. On m’a aussi encouragé à faire quelque chose de plus professionnel. »

Patrick ­Fillion a d’abord contacté ­Valérie ­Yobé, professeure en design graphique à l’Université du ­Québec en ­Outaouais. L’une de ses étudiantes a alors choisi de faire du jeu son projet final, réalisant un prototype plus professionnel. Grâce à cette version améliorée, l’enseignant a pu le tester avec succès auprès de plusieurs personnes. Par la suite, il a présenté le concept à plusieurs maisons d’édition de jeux québécoises. En septembre 2021, l’entreprise ­Flyos, séduite par l’idée, a décidé d’acheter le jeu pour le développer et le commercialiser.

« ­Les illustrations réalisées par un artiste norvégien sont tout simplement incroyables. Visuellement, ils ont amené le projet à un niveau que je n’aurais jamais pu atteindre ­moi-même. La compagnie préférait le faire seulement en anglais parce qu’en français le marché est limité, mais c’était l’une de mes conditions qu’il soit disponible dans les deux langues puisque je souhaitais l’utiliser dans mes cours. »

Sur la boîte, il est inscrit qu’il est principalement destiné aux 14 ans et plus, mais il peut également convenir à des joueurs dès l’âge de 10 ans selon son concepteur. «  La raison pour laquelle il est prévu pour les 14 ans et plus est qu’il y a quelques illustrations explicites pouvant générer des discussions, représentant notamment certaines infections transmissibles sexuellement et par le sang. Il n’y a rien de vulgaire par contre », ­a-t-il souligné, ajoutant avec amusement avoir été battu à son propre jeu par un enfant de neuf ans.

Pour lui, ­Le ­Lab saura plaire aussi bien aux amateurs de jeux de société familiers avec leurs mécaniques qu’au grand public. Les joueurs n’ont pas besoin de s’y connaitre en microbiologie. En y jouant avec d’autres personnes, il en a d’ailleurs vu y aller de stratégies auxquelles il n’avait pas pensé.

« Je suis vraiment très heureux que ce projet ait abouti. Lorsqu’on m’a donné la première copie, en le déballant j’étais très ému. Ce qui n’était au départ qu’une petite idée pour mes étudiants est désormais accessible à tout le monde. J’ai reçu de très bons commentaires de ceux qui y ont joué. Je l’ai présenté lors de congrès en enseignement et là aussi il y a eu une belle réponse. Pour moi, c’est une grande fierté et une belle reconnaissance de mon travail. »

Ordre de l’excellence en éducation

En mai dernier, ­Patrick ­Fillion devenait membre de l’Ordre de l’excellence en éducation du ­Québec. Cette reconnaissance créée en 2018 permet de mettre en avant le mérite de celles et ceux qui ont joué ou jouent encore un rôle important dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement supérieur. L’Ordre compte maintenant 149 membres.

L’admission de ­Patrick ­Fillion à la cinquième promotion visait à souligner l’ensemble de sa carrière ainsi que son apport significatif au ­Cégep de l’Outaouais et au domaine de l’éducation. En plus d’avoir conçu un jeu éducatif destiné tant à ses étudiants qu’au grand public, il a initié plusieurs voyages internationaux et contribué à la vulgarisation de nombreux sujets liés à la ­COVID-19. Pendant la pandémie, il a réalisé plus de 200 interventions dans divers médias, partageant son expertise avec un large public.

« Ce fut un moment très émouvant. Ce prix est un immense honneur dans ma carrière. L’année 2024 a vraiment été généreuse avec moi », a conclu ­Patrick ­Fillion.