Un projet de recherche s’intéresse à un service de garde local
Le service de garde Les petites sentinelles de Thetford Mines fait partie des sept ressources choisies par le projet Saules visant à soutenir le déploiement de l’éducation par la nature. L’objectif est de documenter et de diffuser les processus d’implantation expérimentés par ces services reconnus en tant que leaders en éducation par la nature au Québec.
C’est un projet qui est mené par l’Unité mixte de recherche (UMR) Petite enfance, grandeur nature. Il s’agit d’une entité mixte puisqu’elle vise à réunir à la fois des acteurs de la recherche, mais aussi du milieu de la pratique. Cela comprend notamment l’Association québécoise des centres de la petite enfance et ses composantes, trois ministères, la Santé, la Famille et l’Éducation, ainsi que l’Université Laval. Tous ensemble, nous essayons de comprendre et de mieux connaître l’approche de l’éducation par la nature pour être en mesure d’accompagner et de soutenir les milieux dans sa mise en œuvre », explique Michèle Leboeuf, professionnelle de recherche à l’UMR et coordonnatrice du projet Saules.
Le projet s’intéresse particulièrement aux acteurs de la petite enfance faisant figure de pionniers dans ce domaine et qui mettent en œuvre cette approche depuis au moins quatre ou cinq ans comme la propriétaire du service de garde Les Petites sentinelles, Kathleen Gouin. « Ce que nous voulons comprendre, c’est comment ces personnes ont procédé en allant à leur rencontre dans leur milieu et en discutant avec les différents acteurs, ce qui inclut les enfants et les parents. L’objectif est de connaître leur perspective, les défis rencontrés et les solutions ayant été mises en œuvre. Nous souhaitons découvrir leur démarche », ajoute Mme Leboeuf.
Les sept milieux ayant été choisis dans le cadre de ce projet sont situés dans diverses régions et présentent également différents critères (par exemple : milieu favorisé ou moins favorisé sur plan socio-économique, urbain ou rural, type de structure et de milieu, etc.).
Avec ce qui aura été recueilli comme information, les chercheurs essayeront voir s’il y a des constantes qui se dégagent. « Est-ce que ces sept milieux ont des chemins semblables ou différents? Peut-être que finalement, nous en arriverons à la conclusion que différentes approches peuvent mener à la pédagogie nature. […] L’objectif est de rendre les informations accessibles à l’ensemble des acteurs de la petite enfance au Québec pour les inspirer et les soutenir. Nous le ferons notamment par le biais d’un roman graphique que nous allons produire. C’est un outil qui est en vogue actuellement et nous pensons que ce sera intéressant à consulter », a indiqué la coordonnatrice du projet.
Cette dernière a également tenu à souligner que les bénéfices pour les enfants de l’éducation par la nature sont de plus en plus documentés par différents travaux de recherche à travers le monde. Toutefois, pour que les enfants puissent en bénéficier, il est important que les acteurs de la communauté, par exemple les Municipalités, soutiennent les initiatives des milieux éducatifs, notamment en facilitant leur accès à des espaces naturels de proximité.
CRÉATIVITÉ ET CURIOSITÉ
Ayant grandi dans la nature, mettre l’accent sur l’extérieur allait de soi pour Kathleen Gouin lorsqu’elle a ouvert son service de garde en 2012. « Je trouvais ça important d’amener les enfants dehors puisqu’ils deviennent créatifs et ils utilisent leur curiosité pour aller plus loin. Tout est question d’apprentissage à l’extérieur. Je me suis rendu compte que je faisais davantage d’interventions positives. Les enfants amenaient leurs découvertes et allaient au-delà de leurs limites. Alors qu’à l’extérieur, il y a plus d’interventions négatives. Au départ, c’est ce qui me motivait. »
Plus les années ont avancé, plus l’éducatrice a réalisé les bénéfices de cette approche. « Les enfants sont encadrés depuis leur naissance dans des locaux où tout est dirigé pour eux. Ils ne sont plus en contact avec le fait de se débrouiller. Il y a aussi de plus en plus de commentaires par rapport à leur entrée à l’école alors qu’ils n’ont pas l’habitude d’être autonomes ou d’utiliser leur créativité. »
Cet intérêt pour la pédagogie nature a amené Kathleen Gouin à se documenter sur le sujet. Elle a de plus suivi plusieurs formations dispensées au Québec, au Canada ainsi qu’en Europe. Selon elle, cette approche amène ses défis, mais les bienfaits sont beaucoup plus importants.
« Il faut changer notre façon de penser. Il ne faut pas voir l’enfant comme un vase vide que nous remplissons, c’est plutôt l’inverse. Il vient avec toutes ses capacités et nous sommes là pour l’aider à les développer. On ne tire pas sur une fleur pour qu’elle grandisse, on lui donne plutôt un environnement propice », affirme-t-elle.
Elle estime que les milieux de la région ont la chance d’avoir le Bureau coordonnateur des Appalaches pour les soutenir. Ce dernier a en effet intégré le projet d’éducation par la nature Alex. Il s’agit d’un cadre de référence entourant cette approche. « Le bureau coordonnateur a poursuivi cette année avec le projet On jase autour de la table. Nous sommes amenés à faire de la culture avec les enfants pour qu’ils comprennent le processus de la graine à la table. C’est aussi très intéressant. »