Vive opposition entourant le futur développement domiciliaire au lac Caribou

L’opposition au projet de développement d’une vingtaine de terrains totalisant des retombées potentielles de 30 millions $ au lac Caribou à Saint-Joseph-de-Coleraine était palpable, le lundi 16 décembre en soirée. De nombreux citoyens s’étaient déplacés à la séance d’information organisée par la Municipalité afin de manifester leurs préoccupations, principalement du côté environnemental. Ils craignent que la dégradation de l’état de santé du plan d’eau s’accélère davantage.

Ils ont mentionné à plusieurs reprises se sentir floués puisque les membres du conseil ont profité de la rencontre pour présenter le contenu non final d’une entente de principe que le promoteur avait déjà accepté de signer. Des élues assises devant l’assemblée n’ont pas caché leur désaccord entourant cette façon de faire.

L’Association du lac Caribou et le comité de mobilisation déplorent de ne pas avoir pu obtenir les plus récents documents relatifs au projet avant la rencontre afin de pouvoir en prendre connaissance et mieux diriger leurs questions. « Nous avons l’impression que les dés sont jetés et que tout est déjà décidé. Nous n’avons pas eu beaucoup d’impact ce soir. C’est frustrant de ne pas avoir eu la chance de consulter les rapports préalablement afin de pouvoir nous faire une idée », a mentionné Josiane Goudreau du comité de mobilisation.  

Catherine Beaudoin de l’Association du lac Caribou s’est dite préoccupée pour les générations à venir. Elle craint qu’il finisse par devenir une source d’eau potable dont les citoyens devront peut-être se priver un jour. « Il est aberrant de penser que ces futures constructions vont favoriser le développement de l’ensemble de la municipalité. Je suis désolée, mais ce ne sont pas des familles de classe moyenne qui vont pouvoir se procurer ces terrains. Ce sont des gens aisés et bien nantis qui y auront accès. Il y a un manque de transparence. C’est une manière de procéder qui est récurrente depuis le début dans le processus. Nous demandons les rapports et nous les recevons le lendemain ou la veille. Nous n’avons pas la chance de nous préparer et de regarder ce qu’il en est. »  

Pour sa part, le président de l’Association du lac Caribou, Francis Bédard, estime que la Municipalité de Saint-Joseph-de-Coleraine doit mettre des restrictions, car les lois en vigueur datent des années 1980-1990 et ne sont plus aux normes d’aujourd’hui, dit-il. « Ce qui est de valeur, c’est que nous avons assisté à une séance d’information le 16 décembre, quand la majeure partie des résidents du lac Caribou sont des saisonniers. Pourquoi? Elle aurait bien pu avoir lieu le 16 août. C’est questionnable! »  

LE MAIRE SE DÉFEND

Le maire de Saint-Joseph-de-Coleraine, Gaston Nadeau, a insisté sur le fait qu’il s’agissait uniquement d’une séance d’information et ne croit pas que les citoyens ont été mis devant le fait accompli. « La décision finale n’est pas prise. Je l’ai répété. Nous avons pris en note tout ce qu’il s’est dit. Nous regarderons cela et après nous verrons quelle étape sera franchie. »  

Quant à l’impact environnemental du projet de développement domiciliaire, il s’est montré rassuré. « Dans toute ma carrière, je n’ai jamais vu un plan de protection aussi sévère et dont le promoteur s’engage à suivre », a-t-il confié.  

Il a toutefois ouvert la porte à convoquer une nouvelle réunion après la période des Fêtes, tout en soulignant l’importance de la transparence dans le processus. « Nous allons leur laisser le temps de consulter les rapports et digérer tout cela. Nous ne serions pas obligés, mais nous ne voulons pas qu’ils nous disent qu’ils n’ont pas eu le temps de le faire. »  

M. Nadeau a toutefois écarté la possibilité de tenir un référendum, affirmant que cela n’était pas dans l’intention du conseil municipal. Il a également fait allusion à un projet de lotissement déjà en place, suggérant implicitement qu’il était désormais trop tard pour revenir en arrière.  

LE PROMOTEUR MAINTIENT LE CAP 

L’homme d’affaires André Bernard s’est dit sensible aux préoccupations des citoyens, tout en indiquant que rien n’empêchera le projet de se réaliser. « Il faut savoir que tous les critères établis ont été bonifiés. Par exemple, la bande riveraine sera de 20 mètres au lieu de 10 mètres. Quant au chemin d’accès, celui-ci sera au minimum à 85 mètres plutôt qu’à 75 mètres et dépassera même les 100 mètres à certains endroits. De plus, les terrains sont beaucoup plus grands que la norme. Nous en avons de 4500 pieds carrés à 125 000 pieds carrés. »  

Il a rappelé que les terrains visés sont actuellement enregistrés auprès du gouvernement du Québec. « Nous aurions pu faire le projet sans passer par toutes ces étapes. Par contre, nous voulions arriver par la porte d’entrée et avoir autant que possible d’acceptabilité sociale. »  

TOURNÉ VERS L’AVENIR

Le président de la Société Asbestos à qui appartiennent les terrains, Guy Bérard, a déclaré avoir été embauché pour tourner la page sur le passé. « Je comprends qu’il y a eu des mines et que cela a rendu des gens riches. C’est maintenant chose du passé. Nous avons de gros projets tournés vers l’avenir, dont le réaménagement du site de la mine Bell. Nous faisons beaucoup d’initiatives de cet ordre-là. »

Lors de la séance d’information, la citoyenne Florence Loubier a profité de l’occasion pour lancer un profond cri du coeur. Elle fait partie des quelque 600 signataires qui demandent à la compagnie minière de protéger l’écosystème du lac, soit par le don ou la vente des terrains à un organisme de conservation.

M. Bérard estime qu’il est normal d’éprouver de la frustration, mais il ne partage pas les propos qui ont été dits. « Quand on prétend que la Société Asbestos ne donne rien, c’est faux. Nous avons notamment remis des terrains aux Sentiers pédestres des 3 Monts, ceux au lac Boston et même celui où se trouve la maison de fin de vie Les couleurs du vent. Je pourrais vous en nommer une vingtaine. »  

Tout comme le promoteur, il soutient que la construction aurait pu commencer il y a déjà un moment sans demander l’avis des citoyens. « Par souci d’équité, nous avons fait plusieurs études dans le but de nous assurer de minimiser au maximum les impacts sur l’environnement. Nous vendrons des terrains autour de 500 000 $ et y construirons des maisons qui peuvent valoir un million de dollars. Ça prend un lac, pas un trou de boue. Si nous réalisons un projet pour lui nuire, nous nous tirerons dans le pied. L’eutrophisation des lacs, c’est partout. C’est naturel. Je comprends que les citoyens soient effrayés, mais nous pensons que ce sera un bon projet pour tout le monde autour du lac Caribou. »  

Il estime que le futur développement fera exploser la valeur des propriétés à proximité et que tout est fait pour respecter l’environnement. « Aujourd’hui, tout projet fait l’objet d’opposition, peu importe où il est. Nous nous donnons beaucoup de mal pour en arriver là. Nous ferons plus que ce que la loi demande », a-t-il conclu.