Une vague rouge pourrait emporter des progressistes aux élections de mi-mandat

WASHINGTON — Leur arrivée en 2018, deux ans après l’élection de Donald Trump avait marqué le début d’une nouvelle ère: de jeunes démocrates issus de la diversité et progressistes avaient pris le pouvoir au Capitole.

Quatre ans plus tard, il se peut que ce soit une vague républicaine qui déferlera lors des élections de mi-mandat, et ce faisant, les progressistes pourraient confirmer leur mainmise sur le parti du président Donald Trump.

Bienvenue dans la polarisation politique aux États-Unis, où les forces du changement ont tendance à balayer le vote modéré.

«En effet, si un parti est anéanti, le caucus devient plus extrême – il se rapproche de la fin idéologique», souligne Michael Berkman, directeur du McCourtney Institute for Democracy à l’Université d’État de la Pennsylvanie.

«Donc, je ne suis pas sûr que [les progressistes] perdent du pouvoir. En fait, ils peuvent gagner du pouvoir – à la fois parce qu’ils représentent un pourcentage plus élevé de l’ensemble du caucus démocrate, mais aussi parce qu’ils peuvent dire: « Nous avons perdu – vous auriez dû nous écouter. »»

Ils sont loin d’être infaillibles, évidemment: la perception que les modérés sont plus éligibles est l’une des principales raisons pour lesquelles Joe Biden a remporté l’investiture démocrate à la présidence en 2020 – et non la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren ou le sénateur du Vermont Bernie Sanders.

Des candidats en difficulté

Un certain nombre de démocrates progressistes n’ont pas survécu à la saison des primaires, notamment à New York, où la montée au pouvoir de la représentante Alexandria Ocasio-Cortez il y a quatre ans a été un moment décisif pour ce mouvement.

Et bien que la gouverneure sortante modérée de l’État, Kathy Hochul, l’eut emporté sur sa rivale de gauche Jumaane Williams lors des primaires, elle se retrouve maintenant dans une bataille plus serrée que prévu avec le candidat républicain Lee Zeldin.

La représentante du Minnesota Ilhan Omar, l’une des politiciennes les plus éminentes et controversées de la franche progressiste du Parti démocrate connue sous le nom de «the Squad», a été élue de justesse aux primaires – une lutte probablement plus serrée que l’élection qui l’attend la semaine prochaine lorsqu’elle défendra son siège traditionnellement démocrate.

Même les progressistes les plus établis ne sont sûrs de rien. Le Cook Political Report, l’un des baromètres politiques les plus surveillés à Washington, a déplacé cette semaine le district d’Orange County de la représentante californienne Katie Porter dans la catégorie des courses où l’un ou l’autre des candidats peut gagner.

Dans une entrevue récente avec «Politico», Bernie Sanders, un socialiste autoproclamé qui a longtemps été le porte-drapeau de la politique progressiste à Washington, a rejeté l’idée que les démocrates libéraux aient perdu un peu de leur élan.

Bien au contraire, selon M. Sanders, qui voit sa mission comme la mobilisation des jeunes électeurs.

«Si nous ne créons pas un sentiment d’excitation chez les jeunes et la classe ouvrière et que notre participation électorale n’est pas élevée lors d’une élection de mi-mandat, je pense que les démocrates pourraient avoir beaucoup de problèmes», a-t-il soutenu.

«C’est ce que nous essayons de faire.»

Une influence à l’extérieur

Michael Berkman s’empresse de souligner qu’il ne prédit pas un raz-de-marée républicain lors des élections de mi-mandat de la semaine prochaine. Mais les récents sondages suggèrent que l’avantage est aux républicains.

Si cela se produisait, les membres progressistes survivants du caucus démocrate retrouveraient probablement une certaine liberté en étant hors du pouvoir au Congrès.

«Ces membres plus idéologiques ont un réel avantage maintenant, car ils n’ont pas à faire de politique, ils n’ont pas à adopter de projets de loi et ils jouent totalement un rôle d’opposition», a souligné M. Berkman.

Mais alors que les progressistes peuvent assumer un rôle plus d’opposition au Congrès, un endroit où ils se retrouveront probablement avec moins d’influence est la Maison-Blanche, a prédit Chris Sands, directeur de l’Institut canadien du Wilson Center à Washington.

Les précédents présidents démocrates se sont retrouvés contraints d’adopter une posture plus centriste face à un Congrès républicain – et ce sera probablement le cas pour Joe Biden, dont le parti devra également faire face à une nouvelle réalité politique.

«Ce qui est arrivé à Clinton et à Obama, c’est qu’une fois qu’ils avaient un repoussoir – que ce soit une Chambre ou un Sénat dirigés par les républicains – ils avaient la capacité de naviguer plus près du centre de la politique américaine», a déclaré M. Sands.

«Ils pourraient dire aux progressistes qui repoussent les limites d’un côté : « Écoutez, je ne les aime pas plus que vous, mais si nous voulons faire avancer les choses, nous devons trouver un moyen de retirer certains de ces votes et nous devons travailler avec leurs dirigeants. »»

Des années incertaines à venir

Quoi qu’il arrive, les deux prochaines années au Congrès seront probablement mouvementées, a avancé M. Berkman.

Les républicains ont mis de l’avant plusieurs promesses, allant de la destitution de Joe Biden à des enquêtes sur son fils Hunter – dont les finances sont depuis longtemps une marotte des républicains.

Et des perturbateurs réputés comme la représentante de la Géorgie, Marjorie Taylor Greene, pourraient bien se retrouver à jouer des rôles plus importants au sein de la Chambre et de l’organisation du parti, a-t-il ajouté.

«Je ne suis même pas sûr de pouvoir imaginer à quoi ressembleront les deux prochaines années», a indiqué M. Berkman.

«Si Marjorie Taylor Greene accède à la direction du Parti républicain de la Chambre – qu’est-ce que cela signifierait pour le parti si tel était le cas? Tous les signaux sont pour moi qu’elle gagnera probablement en importance dans le parti.»