COP15: un collectif québécois pour faire pression en faveur de la biodiversité

MONTRÉAL — Une soixantaine d’organisations québécoises de plusieurs horizons se regroupent afin de sensibiliser la population et revendiquer des «gains concrets» en matière de biodiversité, en marge de la tenue de la COP15 en décembre à Montréal. 

La conférence des Nations unies sur la biodiversité pourrait représenter un «moment charnière où on va parler davantage» de protection de la nature au pays, souhaite Alain Branchaud, directeur général de la Société pour la nature et les parcs du Canada. 

«La COP15 à Montréal a le potentiel d’être le rendez-vous mondial le plus important pour la protection de la biodiversité depuis près de 10 ans. C’est un événement dont les Québécois et les Québécoises doivent se saisir», soutient Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat chez Nature Québec. 

Son organisme et celui de M. Branchaud comptent parmi les membres du Collectif de la société civile québécoise pour la COP15, dont le lancement a eu lieu jeudi à la Biosphère de Montréal. À leurs côtés, se trouvent aussi d’autres intervenants des milieux environnemental et de conservation, du développement international, des finances, des peuples autochtones, des syndicats et des centres de recherche. 

En vue de rendre la COP15 accessible au public en dehors des négociations, la coalition proposera plus d’une soixantaine d’activités. Parmi les événements phares, une grande marche à Montréal le samedi 10 décembre, ainsi que des panels présentés comme des «dialogues pour la biodiversité». 

Cette dernière initiative visera à aider les citoyens à s’approprier les enjeux de biodiversité à leur échelle et vulgariser les négociations. Ce sera d’ailleurs un espace où les personnes impliquées à l’intérieur de la COP15 viendront faire le point quotidiennement aux acteurs civils sur les négociations. Celles-ci doivent aboutir à un nouveau cadre mondial jusqu’en 2030 avec une série d’objectifs pour protéger et restaurer la nature.

Le Collectif tiendra également une conférence internationale sur les causes sous-jacentes responsables de la perte de biodiversité, du 6 au 8 décembre. 

«Juste s’occuper des cinq grandes causes directes du déclin (ex.: enrayer la perte d’habitat, lutter contre la pollution), on n’y arrivera pas. Il faut amorcer le dialogue pour faire des changements systémiques au modèle économique, au système de valeurs qu’on a mis en place pour qu’on puisse arrêter ce qui nourrit finalement la destruction de la biodiversité», explique M. Branchaud. 

La programmation complète du Collectif sera dévoilée au cours des prochains jours. 

Des actions concrètes

Le Collectif se veut aussi revendicateur. Il appelle Québec et Ottawa à prendre des engagements concrets en faveur de la biodiversité avant la fin de 2022. 

Le regroupement réclame, entre autres, la protection permanente de la rivière Magpie, sur la Côte-Nord, l’agrandissement du parc marin Saguenay-Saint-Laurent dans l’habitat du béluga et la réalisation d’un grand parc urbain dans l’Est du Grand Montréal pour corriger un déficit d’accès à la nature. 

Une révision de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables fait aussi partie de leurs demandes. 

Questionné à savoir s’il existe encore une méconnaissance au sein des gouvernements sur le rôle de la biodiversité, M. Branchaud estime qu’il y a «certainement un effort supplémentaire» à réaliser pour bonifier l’expertise dans les hautes sphères de la fonction publique. 

Il faut faire «beaucoup d’éducation» auprès de la population, ne cache pas pour sa part Hans Marotte, conseiller politique à la FTQ. 

«Les gens se posent encore la question: ‘‘qu’ossa donne’’? Quand tu prends le temps de t’asseoir avec les gens et d’expliquer l’importance de la biodiversité, nos membres sur le terrain nous disent; ‘‘ok, je comprends, c’est dans mon intérêt de me battre là-dessus’’», a-t-il relaté. 

Sans savoir si le Collectif survivra après la tenue de la COP15, qui doit se dérouler du 7 au 19 décembre, M. Branchaud espère qu’il laissera du moins des legs. 

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.