Des éducatrices en services de garde pour assister les enseignants

LAVAL, Qc — Préoccupé par les résultats accablants des élèves en français, le gouvernement Legault ne sait pas encore ce qu’il fera précisément pour y remédier, mais il a présenté une liste de sept priorités jeudi pour améliorer l’école.

Le «plan de match» du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, fait notamment suite à la publication des taux de réussite en forte baisse de l’épreuve ministérielle de français en 5e secondaire en 2022, par rapport à 2019. 

«Le statu quo sur l’enseignement du français n’est pas acceptable», a-t-il admis en conférence de presse jeudi matin à Laval dans le cadre du caucus des élus caquistes.

«Je travaille sur des solutions» pour freiner le déclin du français écrit, a-t-il poursuivi, en ajoutant: «Je ne suis pas prêt à rendre publics les scénarios auxquels on réfléchit.»

De l’aide pour les profs

Toutefois, parmi ses sept priorités, il a fait savoir qu’il veut entre autres ajouter un deuxième adulte en classe, soit les éducatrices en services de garde, afin d’assister les enseignants, qui doivent gérer des classes avec de plus en plus d’élèves aux besoins particuliers. 

«On espère avoir l’appui des syndicats, ça va faire partie des négociations dans le secteur public», a évoqué M. Drainville.

Formation

Le ministre a indiqué qu’il veut raccourcir la formation des enseignants afin de combler la rareté de la main-d’œuvre.

Les enseignants qui ont déjà un baccalauréat dans une matière enseignée, français, mathématiques, doivent actuellement décrocher une maîtrise qualifiante en enseignement de 60 crédits. Le nouveau parcours proposé pourrait ressembler à un certificat, a suggéré le ministre. 

«Il manque plusieurs milliers d’enseignants dans le réseau» actuellement, a précisé M. Drainville, en indiquant qu’il y a près de 4000 enseignants non qualifiés qui travaillent dans les écoles.  

Projets particuliers

En outre, le ministre souhaite que chaque école puisse offrir au moins un projet particulier et que tous les élèves puissent être inscrits à un projet. 

C’est un enjeu controversé, puisque la majorité des élèves des écoles publiques ne sont pas admis actuellement dans des projets particuliers, arts-études, sports-études, etc, qui trient les aspirants.    

«Beaucoup d’élèves sont déçus de ne pas avoir accès aux projets particuliers, a dit M. Drainville. Des élèves qui sont ‘dans rien’, ça me fait mal au coeur.» 

Actuellement, 44 % des élèves sont inscrits à des projets particuliers.

Formation professionnelle

Par ailleurs, le gouvernement veut «donner un grand coup» pour revaloriser la formation professionnelle, afin entre autres de combler les besoins en personnel, mais aussi lutter contre le décrochage scolaire chez les garçons.    

Les élèves en formation professionnelle disent que, «par moments, ils ont l’impression d’être regardés de haut, honnêtement, ça me dérange», a commenté le ministre qui veut redonner de la noblesse aux métiers manuels.

Rénovations des écoles

M. Drainville a également laissé entendre qu’il veut poursuivre la rénovation et la construction d’écoles, puisqu’un grand nombre d’entre elles sont vétustes. 

Cependant, il n’a pas été en mesure de préciser le coût de ces chantiers supplémentaires qui seraient ajoutés au Programme québécois d’infrastructures.

Enfin, le ministre veut, à l’instar de son collègue Christian Dubé, obtenir un meilleur accès aux données du réseau. 

Épreuves de français

Rappelons que les résultats de l’épreuve ministérielle de français en 5e secondaire ont chuté entre 2019 et 2022 dans tous les centres scolaires du Québec, à l’exception de six.

Les examens ont été rétablis en juin dernier, après deux années d’annulation, en 2020 et 2021, en raison de la pandémie. 

Selon des données obtenues par La Presse, par exemple, le taux de réussite à l’examen est passé de 82,9 % à 50,5 % dans le Centre de services scolaires du Fleuve-et-des-Lacs; de 68,5 % à 58,6 % à Montréal; de 70,9 % à 58,1 % au Centre de services scolaires des Rives-du-Saguenay; et de 79,6 % à 63,7 % au Centre de services scolaires des Sommets.

L’épreuve de 2022 comptait pour 20 % de la note finale de l’année, alors que normalement, elle compte pour 50 % de la note finale.