François Legault et les chefs des trois partis d’opposition se rendront à Amqui jeudi

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault et les chefs des trois partis d’opposition se rendront jeudi à Amqui poser un «geste de réconfort».

La petite communauté du Bas-Saint-Laurent est sous le choc depuis que plusieurs piétons ont été percutés par un chauffeur qui aurait prémédité son geste.

Le drame a fait deux morts, un sexagénaire et un septuagénaire. Neuf autres personnes ont été blessées, dont trois qui sont toujours dans un état critique à l’hôpital.

En point de presse à l’Assemblée nationale mardi, M. Legault a d’abord déclaré que l’événement — le deuxième de ce genre à survenir au Québec en moins de deux mois — était «décourageant» et «choquant». 

Il a affirmé vouloir aller à la rencontre des Amquiens pour «leur dire que tout le Québec (…) est avec eux autres».

«Il faut quand même être courageux et puis être plus tissés serré que jamais», a-t-il déclaré, en prenant soin de remercier les premiers répondants, le personnel de la santé et les policiers.

Il a conseillé de ne pas hésiter à aller chercher de l’aide psychologique au besoin.

Selon le premier ministre, ces attaques au camion-bélier «arrivent de plus en plus souvent dans le monde»; la situation n’est donc pas unique au Québec, a-t-il dit.

Rappelons que le mois dernier, un chauffeur d’autobus de 51 ans a embouti l’immeuble abritant une garderie du quartier Sainte-Rose, à Laval. Deux enfants sont morts.

François Legault demande aux Québécois d’être plus prompts à signaler les personnes «qui montrent des signes inquiétants». «Il faut trouver une manière d’intervenir», affirme-t-il.

Suspension du permis de conduire?

Plus tôt, son ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, avait évoqué l’idée de suspendre le permis de conduire de certaines personnes chez qui on a diagnostiqué un problème de santé mentale.

M. Bonnardel était invité à commenter la tragédie d’Amqui mardi matin sur les ondes de Radio-Canada. Il s’est demandé pendant l’entrevue si le suspect, un homme de 38 ans, souffrait de troubles mentaux.

«Si ces personnes sont atteintes de troubles de santé mentale, le suivi a été bien fait par les médecins? Et par la suite, est-ce que ces personnes peuvent obtenir un permis de conduire?» a-t-il demandé.

Plus tard, lors d’un point de presse à Amqui, M. Bonnardel a semblé se raviser.

«Vous savez, quand on est ministre, on essaie de trouver des pistes de solution, et souvent, mon équipe n’aime pas quand je pense à voix haute. J’ai pensé à voix haute ce matin», a-t-il déclaré.

«Qu’on me comprenne bien: on n’entreprend pas un exercice au gouvernement suite à ça.»

Bien qu’ouvert à discuter de cette idée, le Parti libéral du Québec (PLQ) s’est montré inquiet quant au risque d’«ostraciser» des gens.

«Quand j’ai vu ça, ce matin, je me suis dit: « Comment on détermine, comment on dit que, ce matin, O.K., toi, tu n’as pas ton permis parce qu’on assume que tu es un danger? »» a déclaré le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay.

«Là est toute la question. (…) Il faut réellement les aider, il ne faut pas les ostraciser, mais si le ministre Bonnardel met de l’avant cette idée-là, on est prêt à en discuter», a-t-il ajouté.

La classe politique ébranlée

Par ailleurs, tout au long de la journée, les politiciens se sont dits profondément attristés par le drame qui s’est produit à Amqui.

En point de presse à Montréal, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a qualifié l’événement de «cauchemar total».

«J’ai envie de dire surtout quelques semaines après la tragédie de Laval. (…) Deux événements comme ça en une si courte période de temps, c’est troublant, ça fait mal au moral des Québécois», a-t-il affirmé. 

De son côté, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a dénoncé la multiplication des «gestes haineux gratuits». C’est le rôle des députés «d’étudier les pistes de solutions», selon lui.