La santé publique ne craint pas une propagation étendue de la variole simienne

MONTRÉAL — La santé publique au Québec a identifié 25 cas confirmés de variole simienne depuis le 12 mai, tous dans la grande région de Montréal.

Faisant le point sur l’éclosion de variole simienne, jeudi matin, le directeur national de santé publique, le docteur Luc Boileau, a ajouté qu’une trentaine d’autres cas sont aussi sous enquête.

«La grande majorité des cas, ce sont des hommes adultes qui ont des relations sexuelles rapprochées et prolongées avec d’autres hommes», a précisé le docteur Boileau.

À ses côtés, la responsable des maladies infectieuses de la santé publique de Montréal, la docteure Geneviève Bergeron, a cependant tenu à ajouter qu’il faut éviter à tout prix de stigmatiser la communauté gaie: «La stigmatisation, c’est contre-productif dans nos objectifs de santé publique. On veut que les gens puissent se prévaloir de soins (…). C’est important de comprendre que notre ennemi c’est le virus, pas les personnes qui sont malades.»

Selon une mise à jour de l’Agence de la santé publique du Canada, jeudi en fin de journée, il y a maintenant 26 cas confirmés au pays, soit 25 au Québec et un en Ontario. «Il est probable que d’autres cas seront signalés dans les prochains jours, car le Laboratoire national de microbiologie (LNM) continue de recevoir des échantillons de plusieurs administrations aux fins de tests de confirmation», indique l’agence dans un communiqué.

Pas de panique

Tous les cas sont reliés entre eux et le docteur Boileau a été très clair à l’effet que la variole simienne ne présente pas du tout le même risque de propagation que la COVID-19: «Nous ne sommes pas devant une nouvelle maladie qui est apparentée au coronavirus. On n’est pas dans une situation où il y a une contagion très vive et importante qui va se passer très rapidement, mais ça demeure sérieux et il faut contenir tout cela le plus rapidement possible.»

«Ça reste un virus qui ne se transmet pas facilement, mais (…) on n’est pas dans une alerte populationnelle majeure comme on l’a connue récemment pendant les deux dernières années avec la COVID», a répété le docteur Boileau.

Ottawa a fourni plusieurs centaines de doses du vaccin Imvamune, qui cible les infections varioliques, mais ces vaccins ne sont pas utiles pour les personnes qui ont déjà été infectées et qui présentent des symptômes. Ils sont destinés aux personnes qui ont été en contact avec des cas confirmés, idéalement à l’intérieur de quatre jours après l’exposition et seulement sur recommandation de la santé publique: «On n’ouvre pas des centres de vaccination pour les gens. On n’est pas dans ce contexte-là. C’est un agrégat de quelques cas jusqu’à maintenant qu’on essaie de contenir», a expliqué Luc Boileau.

Complications très rares

La variole simienne se caractérise par des lésions cutanées au niveau de la bouche et des organes génitaux. Ces signes peuvent être précédés par de la fièvre ou accompagnés de fièvre, des sueurs nocturnes, des maux de tête, des ganglions enflés, des douleurs articulaires ou même musculaires.

La période d’incubation est assez courte, de cinq à sept jours, mais elle peut atteindre jusqu’à 21 jours. Dans la majorité des cas, la maladie se résout d’elle-même dans une période de 2 à 4 semaines. «Dans de très rares cas, il peut y avoir des complications graves», a précisé le docteur Boileau.

Les personnes qui auraient été en contact avec un cas confirmé doivent surveiller l’apparition de symptômes, éviter les relations sexuelles ou des contacts rapprochés ou intimes. Dans le cas d’une infection confirmée, il est fortement recommandé de s’isoler à la maison et de s’isoler des autres membres du domicile. On suggère également de porter le masque lorsque l’on est en contact avec d’autres personnes, de couvrir les lésions avec des vêtements ou des pansements, de se laver les mains et d’éviter tout partage d’objets. 

Un cas d’enfant

Un des cas confirmés est un mineur et des précautions sont prises dans le milieu scolaire qu’il fréquente.

«Nous sommes en investigation sur un enfant qui serait positif et qui a eu des contacts avec d’autres amis dans son école de sorte qu’il y a des mesures qui doivent être prises de ce côté, mais il s’agit d’une seule situation, donc on n’est pas dans une expansion énorme de ce côté. Il faut simplement agir avec rigueur et rapidité», a expliqué Luc Boileau.

Présente également à la conférence de presse, la microbiologiste-infectiologue du CHU Sainte-Justine Caroline Quach a expliqué que le vaccin «à ce jour, n’a pas d’indication pédiatrique puisque les études n’ont pas encore eu lieu». Cependant, il a déjà été utilisé dans d’autres études avec des doses similaires et «le profil d’innocuité semble bon», a-t-elle précisé. 

«Si jamais on avait besoin d’utiliser le vaccin dans un milieu pédiatrique, il y aurait une consultation avec la santé publique, on discuterait des risques et des bénéfices. Il n’y aurait pas de contre-indication, mais ce serait une utilisation hors homologation», a précisé la docteure Quach.