L’agence de notation S&P décote la dette du Québec

MONTRÉAL — La dette du gouvernement du Québec a subi une décote, mercredi, de la part de l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P).

L’agence a abaissé sa note de AA− à A+ avec une perspective stable. Une note de A+ signifie que S&P considère que le gouvernement du Québec a une forte capacité de respecter ses engagements financiers auprès de ses créanciers, mais avec légèrement plus de risque qu’avec une note de AA-.

Une moins bonne note peut entraîner une augmentation des taux d’intérêt sur la dette du gouvernement du Québec.

S&P attribue sa décision à une série de facteurs, notamment le ralentissement de la croissance démographique, l’augmentation des salaires des employés de l’État et une diminution des revenus. «Le Québec était déjà dans une posture moins solide avant l’annonce de droits de douane», peut-on lire dans le communiqué.

L’échéance électorale en 2026 complique également le retour à l’équilibre budgétaire, selon l’agence de notation. Les élections sont généralement une période où les partis politiques promettent de nouvelles dépenses.

«L’incertitude entourant le commerce international met plus de pression sur les finances de la province, a expliqué l’agence. Nous estimons que les déficits persisteront plus longtemps qu’initialement prévu.»

Le Québec prévoit enregistrer un déficit de 13,6 milliards $ en 2025-2026, selon le budget déposé à la fin mars par le ministre des Finances du Québec, Eric Girard.

Le ministre a réagi à la décision de S&P, par communiqué, défendant la gestion des finances publiques du gouvernement Legault.

Il a souligné que la hausse des dépenses de rémunération liée aux conventions collectives avait été accordée dans le but «d’améliorer l’accessibilité et la qualité des services». Le rehaussement des investissements en infrastructures serait «nécessaire pour stimuler la croissance et la transition de l’économie».

«Le 25 mars dernier, en dépit de l’incertitude associée aux politiques économiques américaines, nous avons déposé un plan de retour à l’équilibre budgétaire dans le respect de la Loi sur l’équilibre budgétaire, a déclaré le ministre. Nous allons mener à bien ce plan et réduire le poids de la dette à long terme.»

Des coûts d’emprunt plus élevés?

M. Girard a dit qu’il ne craignait pas que la décision de S&P entraîne une augmentation des coûts d’emprunt du gouvernement du Québec, lors d’une entrevue diffusée sur RDI.

«C’est que le Québec est très bien perçu sur les marchés financiers, a-t-il avancé. Le Canada aussi, et présentement, il y a beaucoup de turbulences dans les marchés financiers et il y beaucoup de détenteurs de titres américains, en grande proportion, qui regardent pour diversifier leurs actifs.»

L’opposition voit les choses d’un autre oeil. Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, a qualifié la nouvelle de «désastreuse». «Voilà un des résultats tangibles des années de gaspillage de François Legault, a écrit le libéral sur le réseau X. M. Legault, votre incompétence va coûter combien de millions $ aux Québécois?»

Son collègue, le porte-parole libéral en matière de Finances, Frédéric Beauchemin, a qualifié la décote de «terrible nouvelle». «On va payer plus cher pour financer les déficits records caquistes, a-t-il réagi sur le réseau social X. La CAQ nous fait foncer dans un mur. Si la CAQ ne corrige pas le tir, une autre décote est probable d’ici les 24 prochains mois.»

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a accusé le gouvernement caquiste d’être «l’unique responsable de cette décote qui va nous coûter des centaines de millions par année», réagit-il dans une déclaration sur les médias sociaux.

«(La CAQ) est arrivée au pouvoir avec un important surplus hérité de l’austérité libérale, qu’elle a trouvé le moyen de dilapider dans des projets comme Northvolt, Flying Whales, Taïga, Recyclage Carbone Varennes et tant d’autres», a dénoncé le chef péquiste.

Le chef conservateur, Éric Duhaime, a qualifié la décision «d’échec monumental» du gouvernement dans la gestion des finances publiques. «L’aboutissement, malheureusement, de la mauvaise gestion, des déficits astronomiques et de l’incapacité de couper dans le gras de l’état», a-t-il réagi sur X.

L’analyste de l’Institut économique de Montréal, Gabriel Giguère, pense qu’une autre décote est inévitable. «Avec les déficits records qu’on nous annonce, la question n’était pas de savoir si une décote aurait lieu, mais bien quand elle se produirait», déclare-t-il dans un communiqué.