Les employés d’un entrepôt d’Amazon à Montréal tentent de se syndiquer

MONTRÉAL — Une campagne de syndicalisation est en cours dans un entrepôt d’Amazon à Montréal, une situation à laquelle le géant américain du commerce de détail en ligne a été confronté dans d’autres de ses installations, mais qui a débouché sur une victoire syndicale à une seule d’entre elles jusqu’à maintenant.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) affirme que les travailleurs ont contacté le syndicat plus tôt cette année et ont lancé une campagne de syndicalisation sur place le mois dernier, faisant campagne sur des questions de santé et de sécurité ainsi que sur le salaire, qui oscille autour de 17 $ ou 18 $ l’heure. Les travailleurs syndiqués dans des rôles comparables gagnent généralement entre 25 $ et 30 $ par heure, fait valoir la CSN.

Si plus de 50 % des 250 à 300 employés de l’entrepôt signent une carte de membre, la Commission des relations du travail du Québec pourra accréditer le syndicat.

Le vice-président de la CSN, David Bergeron-Cyr, affirme que la santé et la sécurité au travail sont l’une des principales raisons de cette initiative.

«C’est comme une jungle là-dedans, beaucoup de gens se blessent», a-t-il affirmé lors d’un entretien téléphonique.

«La plupart d’entre eux sont des immigrants de première génération et ils ne connaissent pas leurs droits et ne parlent pas français. Ils ne vont pas à la (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, CNESST) pour être payés.»

L’entreprise s’attend à ce que certains employés soulèvent jusqu’à 400 boîtes à l’heure, ce qui entraîne des blessures non signalées et une absence de compensation pour le temps de récupération, a fait valoir M. Bergeron-Cyr.

La porte-parole d’Amazon Canada, Ryma Boussoufa, a indiqué que l’entreprise établie à Seattle ne «(pensait) pas que les syndicats sont la meilleure réponse» pour les employés, mais que ce choix leur appartenait.

«Notre objectif reste de travailler directement avec notre équipe pour continuer à faire d’Amazon un excellent lieu de travail», a-t-elle affirmé dans un courriel.

L’effort de syndicalisation intervient alors que d’autres employés cherchent à organiser un vote sur la certification dans une usine d’emballage d’Amazon de 7000 employés à Nisku, en Alberta.

La section locale 362 des Teamsters a indiqué la semaine dernière qu’elle avait déposé une deuxième demande de vote sur la syndicalisation pour l’établissement, situé au sud d’Edmonton.

La demande doit être certifiée par la Commission des relations de travail de l’Alberta avant qu’un vote puisse avoir lieu.

Teamsters Canada a déjà tenté de former un syndicat à l’installation de Nisku l’automne dernier, mais n’a pas pu faire certifier le vote proposé après que la commission des relations de travail a conclu qu’il n’avait pas atteint le seuil requis de cartes syndicales signées.

Des campagnes ont aussi lieu au sud de la frontière, où les syndicats tentent de tirer parti de l’unique campagne de syndicalisation qui y a été couronnée de succès: celle, le mois dernier, d’un entrepôt de New York.

Les travailleurs d’Amazon d’un deuxième site de Staten Island ont rejeté, lundi, une offre syndicale dans une écrasante majorité, portant un coup dur aux organisateurs qui ont réussi en avril le premier effort de syndicalisation américain réussi dans l’histoire de l’entreprise technologique.

Pour le jeune syndicat, l’Amazon Labour Union, la défaite de lundi fait sûrement mal. On s’attendait à ce qu’une deuxième victoire syndicale alimente davantage la syndicalisation du deuxième employeur du secteur privé aux États-Unis, après Walmart.